Belgique

L’association Passe Muraille informe sur le travail des femmes handicapées

Isabelle, responsable du service de cohésion sociale de la ville de Mons, est atteinte du syndrome de l’air dans l’os et souffre de problèmes de mobilité. Selon Philippe Harmegnies, fondateur et directeur de Passe Muraille, seulement 23% des femmes en situation de handicap travaillent.


Pour les femmes en situation de handicap, le parcours professionnel est souvent rempli d’obstacles. Isabelle, responsable du service de cohésion sociale de la ville de Mons, en fait l’expérience au quotidien.

Elle souffre du syndrome de l’air dans l’os, ce qui lui cause des problèmes de mobilité nécessitant divers aménagements. « M’assurer qu’il y ait des places de parking PMR à proximité et que les réunions se tiennent dans des bâtiments équipés d’un ascenseur ou au premier étage. Cela a parfois engendré des difficultés, notamment lorsque les réunions étaient organisées à des étages sans ascenseur, ce qui m’a contrainte à participer par visioconférence », explique-t-elle.

« Je suis Isabelle, je suis une femme et je n’ai pas envie qu’on me voit comme la femme qui boite et qui a besoin d’une chaise. »

Ces aménagements sont indispensables, mais leur mise en œuvre dépend de la personne en situation de handicap. « C’est très fatigant, car cela nécessite constamment de se mettre en position inférieure par rapport à son interlocuteur. Généralement, on les surprend, car ils répondent souvent : ‘Bah, on n’y a pas pensé, ce n’est pas prévu, c’est la première fois qu’on me demande ça’. Cela égratigne à chaque fois un peu de sa dignité et on n’a pas envie, parce que je suis Isabelle, je suis une femme et je ne veux pas qu’on me voit comme celle qui boite. »

Avant même de discuter des aménagements nécessaires, Isabelle a dû obtenir la reconnaissance de son handicap, qui lui a d’abord été refusée administrativement… car elle travaillait à temps plein. « J’en étais juste arrivée à la conclusion que même être une personne handicapée, je n’étais pas capable de l’être. Ça a été la pire période de ma vie. Cette reconnaissance de handicap m’a permis de revenir dans le monde, de maintenir mon emploi, de retrouver une vie familiale, sociale, et d’améliorer ma qualité de vie et mon autonomie. »

Un témoignage représentatif, car seulement 23 % des femmes en situation de handicap ont un emploi. « L’aspect cumulatif : être femme, en situation de handicap et d’origine différente engendre des difficultés additionnelles. Cela interpelle. Toute femme a le droit d’être reconnue dans son intégralité et non seulement en partie », souligne Philippe Harmegnies, fondateur et directeur de Passe Muraille.

Isabelle abonde dans ce sens. « L’idéal serait qu’un employé soit simplement un employé et non un employé en situation de handicap. On devrait discuter de compétence et ne plus être focalisé sur les aménagements. »

En Belgique, comme en France, le recrutement est basé sur des quotas, mais ils ne sont pas respectés, déplore Philippe Harmegnies. « Le système de quotas, appliqué uniquement au secteur public, oscille entre 2,5 et 3 %. Au niveau fédéral, seules deux structures respectent ces quotas. Ces règles datent du début, voire d’avant les années 2000, et nous n’en sommes toujours pas au respect de ces normes. Il n’y a pas de sanctions. »

Pour Isabelle, travailler est fondamental et elle conseille aux femmes en situation de handicap de « capitaliser sur leur situation, de trouver quelque chose qui les passionne et de mettre en avant toutes les forces que leur handicap peut leur apporter au quotidien. »

En 2024, le taux moyen d’emploi des personnes en situation de handicap, hommes et femmes confondus, s’élevait à 45 %.