Conflit Thaïlande-Cambodge : état des lieux actuel.
Des affrontements meurtriers à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge ont provoqué depuis le début de la semaine l’évacuation d’un demi-million de personnes. Au moins 14 personnes, dont neuf civils cambodgiens et cinq soldats thaïlandais, ont été tuées, selon les autorités.
C’est un nouveau chapitre dans un différend de longue date entre la Thaïlande et le Cambodge. Des affrontements meurtriers à la frontière ont entraîné, depuis le début de la semaine, l’évacuation d’un demi-million de personnes. Ce conflit entre ces deux voisins d’Asie du Sud-Est, qui se disputent des zones autour de plusieurs temples anciens, s’est transformé en un enjeu géopolitique, avec le président américain Donald Trump jouant le rôle de médiateur. Voici un résumé de la situation :
Le différend territorial, qui dure depuis des décennies, a connu une nouvelle escalade en mai avec un échange de tirs ayant coûté la vie à un soldat cambodgien. Les deux parties ont affirmé avoir agi en légitime défense, avant d’entreprendre des représailles. La Thaïlande a restreint les passages frontaliers tandis que le Cambodge a suspendu certaines importations.
Une conversation téléphonique privée entre la Première ministre thaïlandaise de l’époque, Paetongtarn Shinawatra, et l’ancien dirigeant cambodgien, Hun Sen, a déclenché une crise politique en Thaïlande, entraînant un changement de gouvernement.
En juillet, les tensions ont dégénéré en conflit ouvert. Le Cambodge a tiré des roquettes sur la Thaïlande, tandis que des avions F16 thaïlandais ont frappé des cibles militaires cambodgiennes près de deux temples historiques à la frontière. Cinq jours de combats, durant lesquels les deux nations se sont mutuellement rejeté la responsabilité, ont causé 43 morts et forcé environ 300.000 personnes à évacuer.
Fin juillet, un cessez-le-feu a été convenu, grâce à la médiation des États-Unis, de la Chine et de la Malaisie, présidente tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean). Le 26 octobre, les dirigeants thaïlandais et cambodgien ont signé un accord de cessez-le-feu en présence de Donald Trump, qui a mis en avant de nouveaux accords commerciaux suite à cette décision.
Cependant, le cessez-le-feu fragile n’a duré que quelques semaines, jusqu’en novembre. La Thaïlande l’a suspendu après que plusieurs de ses soldats ont été blessés par des mines terrestres, selon des observateurs internationaux. Des affrontements intenses ont repris le 7 décembre à la frontière, avec chaque camp accusant l’autre d’en être responsable.
D’après les autorités, au moins 14 personnes, dont neuf civils cambodgiens et cinq soldats thaïlandais, ont été tuées. Plus d’un demi-million de personnes ont dû fuir les zones frontalières, qui voient désormais la présence d’avions, de drones et de chars.
Sur le plan diplomatique, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et la Chine, qui a des liens étroits avec les deux pays, ont appelé à la « désescalade » et à « faire preuve de retenue ». Donald Trump a annoncé à ses partisans en Pennsylvanie qu’il comptait « passer un coup de fil » aux dirigeants thaïlandais et cambodgien pour leur demander de cesser les hostilités, plaidant que ce conflit est parmi ceux qu’il a contribué à résoudre.
Les tensions entre les deux royaumes, qui partagent une frontière de 800 kilomètres, trouvent leurs origines dans le tracé effectué durant l’occupation française de l’Indochine entre 1863 et le milieu des années 1950. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Thaïlande a acquis certaines zones cambodgiennes, mais a dû les restituer à la France en 1946.
Le renversement du régime communiste des Khmers rouges en 1979 a encore compliqué la situation, ces derniers trouvant refuge le long de la frontière thaïlandaise, souvent sujette à divers trafics. De nombreux kilomètres demeurent contestés et des affrontements militaires avaient déjà eu lieu en 2008 autour du temple de Preah Vihear, vieux de 900 ans et classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Entre 2008 et 2011, des violences sporadiques ont fait au moins 28 morts et forcé des dizaines de milliers d’autres à fuir.

