Surpopulation carcérale : le directeur de la prison de Mons en détresse
À Mons, le directeur de la prison, Michaël Dewitte, déclare que « la prison est conçue pour 307 détenus. Aujourd’hui, j’en ai 465. » Il précise également qu’il n’a « pas assez de monde pour faire fonctionner la prison » et que le personnel est « à bout. »
Les chiffres concernant la surpopulation carcérale en Belgique ont des répercussions tangibles sur la vie des détenus. À Mons, plusieurs d’entre eux témoignent de conditions de vie précaires : présence de puces de lit, matelas au sol, et cohabitation à cinq dans une cellule de 9 m². Une situation que le directeur de la prison, Michaël Dewitte, reconnaît : « La prison est conçue pour 307 détenus. Aujourd’hui, j’en ai 465. Donc ça entraîne énormément de difficultés, tant pour les visites que pour les douches ou les repas. »
À ce manque de places s’ajoute une pénurie de personnel, tant au niveau administratif que pour la sécurité et les soins médicaux. « On manque de tout. Je n’ai pas assez de monde pour faire fonctionner la prison, le personnel est à bout. Il est très compliqué de recruter du personnel pénitentiaire. Vraiment c’est dur… Je ne tire plus la sonnette d’alarme, je crie au secours », admet le directeur.
« Il est temps que le gouvernement prenne des décisions fortes. »
Pour le directeur, les annonces concernant la création de nouvelles places de prison ne font que compenser le durcissement des politiques pénales : « Chaque fois qu’il y a des places supplémentaires dans les prisons, on les remplit. Quand on ouvre une nouvelle prison, on crée un appel d’air, on a plus de flux entrant. On a pu l’observer par le passé, ça n’endigue pas le phénomène de la surpopulation. » L’Observatoire international des prisons soutient depuis plusieurs années que la création de nouvelles places est plutôt contre-productive.
Le problème, selon Michaël Dewitte, réside surtout dans la législation : « Les petites peines de moins de trois ans sont progressivement exécutées en détention. Ces condamnés ne passaient pas par la case prison il y a encore quelques années. La politique générale est également plus répressive, cela entraîne plus de mandats d’arrêt et donc plus de détenus entrants. Donc on a la conjonction de deux choses. Il y a plus de détenus qui rentrent et on sort plus difficilement de prison. »
« Il est temps que le gouvernement prenne des décisions fortes », implore-t-il, en évoquant comme pistes possibles l’élargissement de la libération anticipée « de sept mois à un an du fond de peine », ou le retour de congés pénitentiaires prolongés, mesure temporaire supprimée en juillet. « Cela nous libérerait pas mal de place pour pouvoir gérer les détenus dans des conditions décentes », espère celui qui a passé l’entièreté de sa carrière dans l’administration pénitentiaire.
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