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Brésil : Les députés adoptent une loi pour réduire la peine de Bolsonaro

Le texte a été adopté par 291 voix contre 148 et vise à réduire de manière significative les peines de prison pour divers délits, dont celui de tentative de coup d’État. Jair Bolsonaro, 70 ans, est détenu depuis fin novembre dans les locaux de la police fédérale à Brasilia et souffre de séquelles permanentes après avoir été poignardé à l’abdomen en 2018.


Alors que ses recours judiciaires étaient épuisés, Jair Bolsonaro a incité les députés à adopter une loi destinée à réduire fortement sa peine de 27 ans de prison. Les élus ont voté mercredi, lors d’une séance agitée, une proposition de loi qui pourrait considérablement alléger la peine de l’ex-président Jair Bolsonaro, condamné à 27 ans d’emprisonnement pour tentative de coup d’État.

Si ce texte est également approuvé par le Sénat, « Bolsonaro verra sa peine réduite de 27 ans et trois mois à environ deux ans et quatre mois de prison », a déclaré son rapporteur, le député Paulinho da Força, dans une vidéo transmise à l’AFP. Toutefois, la décision finale concernant la durée des peines sera prise par la Cour suprême.

Le texte, qui prétend rechercher « la pacification » du Brésil, a été adopté par 291 voix contre 148. Il envisage également d’accorder une liberté conditionnelle à plus d’une centaine de partisans de l’ex-président d’extrême droite (2019-2022) condamnés pour l’assaut contre les sièges des pouvoirs à Brasilia le 8 janvier 2023, quelques jours après l’investiture de l’actuel président de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva.

« C’est un geste de réconciliation. Un pays ne peut rester éternellement prisonnier de son passé récent », a déclaré Paulinho da Força pendant la séance. Les débats ont été interrompus pendant un long moment à la suite d’incidents dans l’hémicycle. Un député progouvernemental, Glauber Braga, a été expulsé manu militari par la police après avoir dénoncé une « offensive putschiste » et s’être installé dans le fauteuil du président de la chambre.

La retransmission en direct de la séance à la télévision a été interrompue et les journalistes ont été chassés de la salle, ce qui a engendré des bousculades et des échauffourées. Dans un communiqué, la Fédération des journalistes du Brésil a « condamné avec véhémence » cet « épisode de violence ».

Le texte a pour but de réduire de manière significative les peines de prison pour divers délits, y compris celui de tentative de coup d’État. Après avoir été bloquée plusieurs mois, la proposition a finalement été inscrite à l’ordre du jour de la Chambre mardi, suscitant l’enthousiasme de l’opposition de droite qui milite pour une amnistie de l’ex-président, bien qu’elle n’ait pas encore atteint ses objectifs à cause de manifestations populaires.

« Comme nous n’avons pas réussi à créer l’environnement politique et à obtenir les votes nécessaires pour l’amnistie, la première étape pour atteindre notre objectif sera la réduction des peines », a déclaré le député leader de l’opposition, Sostenes Cavalcante, lors d’une conférence de presse.

Le parti de la gauche au pouvoir a de son côté qualifié l’initiative parlementaire d’« inacceptable ». « Toute loi doit être générale. Nous faisons clairement une loi spécifique pour bénéficier à Bolsonaro », a commenté le député leader de la majorité, Lindbergh Farias. « Ce qui se passe aujourd’hui est une honte, un attentat contre la démocratie et un effort supplémentaire pour l’immunité des putschistes », a-t-il ajouté.

Jair Bolsonaro, 70 ans, est détenu depuis fin novembre dans les locaux de la police fédérale à Brasilia, dans une petite cellule dotée d’un minibar, de la climatisation et d’une télévision. Mardi, ses avocats ont demandé son hospitalisation d’urgence en raison d’une « aggravation significative de son état de santé », nécessitant selon eux une double opération chirurgicale. L’ancien président souffre de séquelles permanentes après avoir été poignardé à l’abdomen en 2018 lors d’un meeting de campagne présidentielle.

Président du Brésil de 2019 à 2022, Jair Bolsonaro a été reconnu coupable par la Cour suprême d’avoir conspiré pour se maintenir au pouvoir « de façon autoritaire » indépendamment du résultat de l’élection de 2022, qu’il a finalement perdue au second tour face à son rival de gauche, Lula. Il clame son innocence, se décrivant comme victime de « persécution politique ».

Sa défense a déposé fin novembre un nouveau recours pour demander l’annulation du procès, après le rejet par la Cour suprême d’un premier appel. Vendredi, le fils de l’ex-président, Flavio Bolsonaro, un sénateur de 44 ans, avait annoncé que son père l’avait désigné pour le représenter lors de la prochaine élection présidentielle, en 2026.