Crèche salafiste : Noël, tout ce qui est faux sur Jésus.
1°) La polémique autour de la crèche de Noël de la Grand’Place de Bruxelles concerne son coût de 65.000 euros pour une utilisation d’au moins 5 ans. L’absence de visages n’était pas une condition initiale de l’œuvre de l’artiste Victoria-Maria Geyer, qui a finalement modifié son projet à cause des avis négatifs du Collège communal.
2°) La date de naissance de Jésus a été fixée au 25 décembre par le pape Libère autour de l’an 354. De nombreux experts affirment que cette date ne correspond pas à l’anniversaire de Jésus, mais à la fête romaine du « Sol invictus ».
Il existe de nombreuses croyances entourant cette fête, ainsi que de nombreux canulars. Nous avons donc entrepris de faire le tour des rumeurs et des inexactitudes pour tenter de démêler le vrai du faux dans un grand « débunking » de Noël.
NOTE : Cet article a été publié initialement le 17 décembre 2019 suite à la polémique sur le sapin « moderniste » de la Grand’Place de Bruxelles. Il a été mis à jour et republié en raison de la controverse concernant la crèche de Noël de cette même Grand’Place.
1°) La crèche de Noël de la Grand’Place est « salafiste »: on a enlevé les visages pour qu’elle soit « charia-compatible »: FAUX
La crèche de Noël de la Grand’Place de Bruxelles est au cœur des débats pour la saison 2025. Son esthétique est contestée, comme c’est souvent le cas pour les œuvres d’art, tout comme son coût, qui s’élève à 65.000 euros pour une utilisation d’au moins cinq ans. C’est toutefois la rumeur selon laquelle il s’agit d’une crèche « salafiste », ayant « effacé » les visages de Joseph, Marie et Jésus pour être « charia-compatible », qui a relancé la polémique. Un tweet de la chercheuse Florence Bergaud-Blackler, vu 150.000 fois, affirmait : « Noël charia-compatible sur la Grand Place à Bruxelles. »
Cependant, l’islam n’est intervenu à aucun moment dans la décision ou la création de cette œuvre. En avril 2025, la Ville a lancé un appel d’offres impliquant non pas des autorités musulmanes, mais Benoît Lobet, doyen de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, et l’archevêque Luc Terlinden, tous deux continuant à défendre le projet. Notons également que la crèche n’a pas sa place dans la tradition musulmane. Concernant l’absence de visages, une enquête de Het Laatste Nieuws révèle que cela n’était pas une condition initiale : l’œuvre de l’artiste Victoria-Maria Geyer était censée rendre hommage au passé textile de la Belgique, et une première version avait effectivement des nœuds et des boutons pour les yeux. Suite aux retours négatifs du Collège communal, l’artiste a modifié son projet pour aboutir à la version en papier chiffonné, sans yeux.
Elle insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une crèche « woke » et n’a pas pour but de « nier notre culture ». La crèche reste un symbole chrétien, situé au cœur de la Grand’Place de la capitale.
Caroline Sägesser, historienne et chercheuse au Centre de recherche et d’information sociopolitiques (CRISP), observe d’ailleurs une position étonnante des deux partis « censés être les plus laïcs ». Un bourgmestre socialiste défend son projet de crèche inclusive, soutenu par l’Église, tandis que de l’autre côté, le MR, historiquement premier parti anticlérical, appelle à un retour des traditions chrétiennes. Cela souligne les bouleversements que nous vivons actuellement.
2°) Jésus est né le 25 décembre : FAUX
Que célébrons-nous à Noël ? La naissance de Jésus, selon ce que nous avons tous appris. Pourtant, quasiment tous les experts s’accordent à dire que le 25 décembre n’est pas l’anniversaire de Jésus, mais plutôt la fête… du soleil.
En effet, célébrer la naissance de Jésus est une tradition qui apparaît tardivement, au quatrième siècle après Jésus-Christ. Comme le rappelle l’Express, de nombreux historiens reconnaissent aujourd’hui l’existence historique de Jésus, mais peu d’informations sont disponibles sur les débuts de sa vie, et encore moins sur la date et le lieu de sa naissance. C’est le pape Libère qui, vers l’an 354, aurait décidé de fixer la date de la naissance du Christ au 25 décembre.
Pourquoi cette date ? Tout simplement parce qu’elle coïncide avec la fête romaine du « Sol invictus », le « soleil invaincu », qui célébrait le solstice d’hiver, lorsque les jours commencent à augmenter.
Les historiens estiment même que Jésus serait en réalité né… entre -5 et -7 avant notre ère, soit 5 à 7 ans avant la date de référence utilisée.
3°) Le père Noël est rouge à cause de Coca-Cola : en partie FAUX
Il est vrai que ce personnage n’a pas été très populaire dans nos régions. Ce sont les États-Unis, principalement par l’intermédiaire de Coca-Cola et de ses nombreuses apparitions dans la culture populaire, qui l’ont rendu incontournable.
CE QUI EST FAUX
La tradition du manteau rouge du père Noël remonte en fait bien avant que Coca-Cola n’utilise ce personnage pour ses campagnes. Le père Noël a adopté ses couleurs avant tout en raison de son affiliation avec ces couleurs, c’est Coca-Cola qui l’a choisi !
Si l’on devait désigner un responsable pour le choix de la couleur rouge, il conviendrait de mentionner… saint Nicolas ! Ce dernier est en effet l’ancêtre direct du père Noël, ou de Santa Claus, sa version américaine.
D’ailleurs, une campagne emblématique de l’illustrateur Thomas Nast pour Harpers’Weekly représente le père Noël dans diverses activités, toujours vêtu du manteau rouge bordé de blanc que nous lui connaissons aujourd’hui.
Un peu d’histoire
Né vers 270, saint Nicolas était évêque de Myre, dans l’actuelle Turquie. Réputé pour avoir sauvé des enfants victimes d’un boucher, saint Nicolas est devenu le saint Patron des enfants, notamment des écoliers. Cette figure traditionnelle a une énorme importance aux Pays-Bas, où un folklore riche lui est encore associé aujourd’hui, et a été importée en Amérique du Nord par les colons aux 16e et 17e siècles. En 1773, « Sinter Klaas » (son nom hollandais) devient Santa Claus, avant de devenir père Noël chez nous, après avoir été désacralisé au passage.
4°) Le sapin de Noël est un symbole catholique : FAUX
En 2012, le remplacement du traditionnel sapin de la Grand’Place de Bruxelles par une structure lumineuse avait suscité une polémique. Alors députée CD & V, puis ministre, Bianca Debaets avait noté que « la référence à Noël disparaît et avec elle les symboles chrétiens ». Dans cette même foulée, une pétition à connotation xénophobe avait recueilli plus de 10.000 signatures pour « le respect des valeurs chrétiennes ».
Pourtant, le sapin de Noël est, dans son essence, un symbole… païen. Selon l’Encyclopædia Britannica, l’usage d’arbres à feuilles persistantes, comme le sapin ou l’épicéa, orné de couronnes et de guirlandes pour symboliser la vie éternelle, est une coutume ancienne chez les Égyptiens, les Chinois et même les Hébreux. Le culte des arbres était courant dans l’Europe païenne et a survécu à sa conversion au christianisme.
Tout comme pour le Sol Invictus, celui-ci va se réapproprier ce symbole païen, du moins pour certains de ses courants : le protestantisme. Au XVIe siècle, les protestants, opposés aux icônes et aux représentations divines, sont réticents à l’idée de représenter la Naissance du Christ par une crèche, comme les catholiques. Ils choisissent donc de célébrer Noël avec des arbres symbolisant le renouveau, s’inspirant ainsi des anciennes traditions locales.
La tradition du sapin de Noël se répand ensuite dans les pays vers lesquels migrent les protestants : l’Allemagne et la Scandinavie. Ce sont d’ailleurs les Allemands qui exporteront cette tradition en Amérique du Nord, et il est dit que c’est la duchesse d’Orléans, d’origine allemande, qui l’a introduite à la Cour de France en 1837, lors du retour de la monarchie.
L’Église catholique, qui voyait l’arbre de Noël comme une pratique païenne et franc-maçonne, finira par céder. Mais le considérer comme un symbole catholique reste exagéré.
5°) Vacances de Noël, bière de Noël, marché de Noël : on a modifié ces termes en enlevant Noël, pour faire plaisir aux musulmans : FAUX
À l’approche des fêtes, fleurissent sur les réseaux sociaux des publications affirmant que l’on essaie de renommer « marché de Noël » en « Plaisirs d’Hiver », « vacances de Noël » en « vacances d’hiver » et que l’on fait de même pour la bière, « car ce sont nos traditions ». Ces affirmations sous-entendent souvent que l’on modifie ces termes pour ne pas offenser d’autres communautés culturelles et religieuses, les musulmans étant souvent désignés.
Sur les « vacances de Noël », comme expliqué dans un article d’Inside, ces changements remontent aux années 80. Il y a eu une double motivation : premièrement, celle de « déconfessionnaliser » le nom des congés, non pas pour d’autres religions, mais principalement pour renforcer la neutralité de l’État. Deuxièmement, cela a également permis de remodeler le calendrier des congés pour mieux respecter les rythmes scolaires, ce qui a nécessité de se distancer des fêtes religieuses.
Les établissements scolaires gardent de toute façon une certaine liberté dans la manière de nommer leurs congés.
Concernant la bière de Noël, le changement de nom de la « Leffe de Noël » en « Leffe d’hiver » a également suscité des passions. Comme l’expliquait un article en 2017, il s’agit là surtout de raisons marketing. Pour atteindre le marché international (la Leffe est distribuée dans plus de 80 pays), l’appellation « winter bier », presque équivalente à l’anglais « winter beer », est assurément plus attrayante que « Kerstbier », son nom d’origine. De plus, ce nom est moins lié à une période précise autour de la fête, mais évoque une période plus large où le temps est froid !
Enfin, pour le « marché de Noël », la question ne se pose même pas, car les Plaisirs d’Hiver comportent bien un marché de Noël… mais pas uniquement ! D’autres activités comme la patinoire et le « Winter Pop » y sont également présentes. L’appellation générale de « Plaisirs d’hiver » met ainsi l’accent sur cette diversité, tout en rappelant que ces activités se déroulent jusqu’au 1er janvier. La pétition réclamant le retour du « marché de Noël » n’a donc pas vraiment de raison d’être puisqu’il n’a jamais disparu.

