Chauffage : Les thermostats connectés sont-ils vraiment gratuits ? État des lieux avant obligation.
Les thermostats seront obligatoires en 2027 pour tous les logements et bâtiments tertiaires de France. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), s’équiper d’un thermostat programmable connecté permet « de réduire jusqu’à 15 % sa facture de chauffage ».
Les thermostats deviendront obligatoires en 2027 pour tous les logements et bâtiments tertiaires en France, même si peu de gens en ont connaissance. Il est donc crucial de s’y préparer. Dans un peu plus d’un an, il faudra être en mesure de gérer son chauffage via un thermostat programmable. L’objectif est de réaliser des économies d’énergie en évitant de faire fonctionner les radiateurs en votre absence. « Vos consommations en énergie sont ainsi plus proches de vos besoins réels », affirme le ministère de la Transition énergétique. En réalité, de nombreux foyers disposent déjà de ces appareils, qui permettent de programmer différents modes, que ce soit depuis un boîtier ou via une application sur votre téléphone.
Pour aider les Français dans cette transition, l’État avait mis en place des aides financières à l’achat. Ce dispositif, lancé le 1er décembre 2023, a été supprimé moins d’un an plus tard en raison d’un nombre trop élevé d’escroqueries. Depuis cette suppression, le marché a chuté, ouvrant la porte à d’autres solutions, souvent sans frais. Plusieurs entreprises proposent des options gratuites, comprenant installation et matériel, sans que l’utilisateur ait à débourser quoi que ce soit. Des thermostats connectés gratuits, vraiment ? Oui, mais cela nécessite des précisions.
Cette solution est-elle fiable ?
OUI. Actuellement, les deux principales options de thermostats connectés gratuits sont fournies par Voltalis, une société française fondée en 2006, et Tiko, qui est devenue une filiale d’Engie. Voltalis, leader du marché, est recommandé par certains fournisseurs d’énergie comme Ekwateur et a été missionné par des communes pour contacter les habitants. Tiko, de son côté, bénéficie du soutien de Leroy Merlin, avec qui elle a établi un partenariat. Grâce à leurs appareils, ces entreprises peuvent couper votre chauffage à distance. « Nous avons déjà équipé plus d’un million et demi de radiateurs, comprenant à la fois des logements et des bâtiments tertiaires, des bureaux ou des résidences de tourisme », précise Mathieu Bineau, PDG de Voltalis.
Les offres gratuites le sont-elles vraiment ?
OUI. L’installation est effectivement gratuite pour l’utilisateur. « Tout ce qui est gratuit est suspect, donc nous sommes habitués à cette question », confie Mathieu Bineau. Mais comment l’entreprise génère-t-elle des revenus ? « Le principe est simple. Le système électrique a besoin d’équilibrer consommation et production. Il nous rémunère pour notre capacité à réaliser des économies d’énergie plutôt que de rémunérer le producteur d’électricité », explique le PDG de Voltalis. Il a raison, c’est ce qu’on appelle « l’effacement diffus ».
Ces entreprises reçoivent en réalité des aides publiques de RTE pour réaliser ces économies pendant les périodes de tension. Plus la demande est forte, plus le prix de l’énergie augmente. En réduisant la pression sur le réseau, ces acteurs contribuent à faire diminuer le prix de l’électricité et recevant une compensation pour cela. Ils peuvent également revendre l’énergie économisée sur le marché privé. « Nous ne savons pas vraiment combien ils génèrent de profits avec cela », admet Estelle Bossard, directrice adjointe des marchés chez RTE. Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français est lui-même indemnisé par l’État, qui « préfère favoriser l’effacement plutôt qu’une augmentation de production ». Selon la directrice adjointe de RTE, « ce sont surtout les fournisseurs d’électricité qui compensent » ces variations de prix lorsqu’ils doivent acquérir de l’énergie à un tarif plus élevé.
Faut-il équiper chaque radiateur pour faire de l’effacement diffus ?
OUI. Une fois votre solution choisie, l’entreprise envoie un technicien chez vous pour installer un petit boîtier sur chacun des radiateurs, et même sur le ballon d’eau chaude. L’intervention prend environ quinze minutes par appareil et rend chaque radiateur contrôlable individuellement. Grâce à une application (gratuite), vous pouvez choisir la température, définir les horaires, les jours d’activation et programmer votre semaine type. Les applications de Tiko et Voltalis sont intuitives et faciles à utiliser, même pour ceux qui ne sont pas très férus de technologie. Elles permettent également de suivre la consommation exacte de chaque appareil, facilitant ainsi l’identification d’un chauffage trop énergivore. D’après les données de RTE, l’effacement diffus des particuliers représenterait environ 10 % de l’effacement total, les 90 % restants étant attribués aux industriels.
Les opérateurs peuvent-ils couper votre chauffage à distance ?
OUI. Le principe de l’effacement diffus permet aux opérateurs de couper votre chauffage à distance pour « soulager le réseau », mais cela se fait pour une courte période, de quelques secondes à dix minutes maximum. « Grâce à l’inertie, la température ne varie que de 0,1 degré au maximum. L’utilisateur ne s’en rend pas compte », assure le PDG de Voltalis. En revanche, on ignore combien de fois cette opération peut être répétée chaque jour. Les données étant anonymisées, votre vie privée reste protégée.
Les thermostats connectés permettent-ils de faire des économies ?
OUI, MAIS. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), s’équiper d’un thermostat programmable connecté permet « de réduire jusqu’à 15 % sa facture de chauffage ». Cependant, cela s’applique uniquement si vous n’utilisiez pas de programmateur auparavant. En 2025, de nombreux foyers en sont d’ores et déjà équipés, ce qui rend difficile l’évaluation de l’impact qu’aura l’installation d’un thermostat connecté sur votre facture, tant cela dépend de vos habitudes. « L’efficacité énergétique est très compliquée à quantifier. Le chiffre de 15 % provient d’une étude de l’Ademe qui a porté sur un très petit nombre de logements. Il doit donc être pris avec précaution », avertit Boris Cassel, journaliste à l’UFC Que Choisir.

Une chose est certaine, l’appareil vous aidera à gérer votre consommation avec précision, même à distance, vous permettant, par exemple, de réduire votre consommation pendant vos absences, même imprévues. « L’enjeu sera de faire parvenir cette valeur au consommateur final », affirme Estelle Bossard, de RTE, en espérant que les efforts fournis seront enfin récompensés.
Les utilisateurs paient-ils une taxe pour financer cela ?
OUI, EN PARTIE. Une part des fonds versés aux opérateurs provient de la contribution au service public de l’électricité (CSPE), selon RTE. Cette taxe, appliquée à toutes les consommations d’électricité, représente un quart du coût total de l’électricité. Réduite au minimum pendant la crise énergétique, elle a été augmentée en janvier 2024, entraînant une hausse des factures d’environ 10 % pour les particuliers, les professionnels et les acteurs publics.

