Maroc

CAN-2025 : Sélectionneurs africains en colère pour la libération tardive des joueurs

La Fifa a annoncé que les clubs auront désormais jusqu’au 15 décembre pour libérer les joueurs participant à la Coupe d’Afrique, au lieu du 8 décembre précédemment prévu. Tom Saintfiet, sélectionneur du Mali, a exprimé sa colère en déclarant : « C’est catastrophique » et a souligné que les sélections africaines sont « particulièrement pénalisées ».


La décision de la FIFA de repousser d’une semaine la date de libération des joueurs pour la Coupe d’Afrique (21 décembre-18 janvier) a suscité la colère des sélectionneurs africains, qui y voient un manque de respect.

La Fédération internationale a annoncé mercredi que les clubs auront désormais jusqu’au 15 décembre, au lieu du 8, pour libérer les joueurs engagés dans la CAN au Maroc. Cette décision a été présentée comme le résultat de « consultations fructueuses » visant à « réduire les répercussions » pour les différentes parties.

La FIFA « encourage » également les participants à la CAN-2025 et les clubs libérant des joueurs « à engager des discussions bilatérales de bonne foi afin de trouver des solutions individuelles appropriées ». L’instance est même prête à réaliser « une médiation » en cas de litige.

« C’est catastrophique », a déclaré le sélectionneur du Mali, Tom Saintfiet, à l’AFP après cette annonce. « En Europe, tout le monde pense que le football africain n’est pas important, c’est un manque de respect, je suis très en colère », a-t-il ajouté.

Dans ces conditions, « on ne peut pas préparer l’équipe, on ne peut pas jouer de matches amicaux, nous devons annuler ceux que nous avions prévus contre le Botswana et la Tanzanie : je n’ai plus de joueurs », a déploré Saintfiet.

« C’est regrettable pour le football africain », a pour sa part affirmé Stefano Cusin, l’entraîneur italien des Comores, soulignant que toutes les fédérations avaient déjà établi des programmes, réservé des hôtels, des terrains d’entraînement, acheté des billets d’avion et organisé des matchs amicaux. Il estime que son équipe et le Maroc, qui ouvrira le tournoi, sont « particulièrement pénalisés » car ils jouent dès le 21. « Nous aurions eu bien besoin de trois, quatre jours supplémentaires de préparation », a-t-il précisé.

Cusin a regretté que les sélections africaines doivent prioriser les demandes des clubs. « Je comprends les clubs européens, mais ils ont quand même eu un an pour se rendre compte des dates » de la CAN, a-t-il ajouté.

Quant à « ce revirement à une semaine de la date de libération des joueurs, je ne trouve pas cela très professionnel pour une instance comme la FIFA », a noté Cusin. Dans un communiqué, cette dernière a réaffirmé qu’elle appliquait « l’approche adoptée pour la Coupe du monde 2022 », qui s’était déroulée en novembre et décembre, en pleine saison, avec une « période de mise à disposition réduite de sept jours ».

Cependant, Tom Saintfiet n’est pas convaincu. « Le problème, c’est que le directeur technique de la FIFA, Arsène Wenger, ne connaît rien au football de sélection », a-t-il pesté. « Hormis deux saisons au Japon (Nagoya), il a seulement travaillé avec des grands clubs en Europe, Arsenal et Monaco. Et c’est ce qu’il fait maintenant, le travail pour les grands clubs, pas pour les équipes nationales. Un directeur technique pour la FIFA doit être un ancien sélectionneur qui connaît le monde et le métier de sélectionneur », a-t-il insisté.

« Il n’y a aucun respect pour le football en Afrique, en Asie, en Océanie, dans la Concacaf (Amérique du Nord, du Centre et Caraïbes). Le centre du football pour la FIFA, c’est l’Europe et c’est le seul qui compte », a ajouté Saintfiet. « L’argent des clubs en Europe, c’est le seul qui compte. »

Pour Claude Le Roy, qui a participé à neuf CAN avec différentes équipes, cette décision constitue une « honte ». « Encore une fois, (le président de la FIFA, Gianni) Infantino fait semblant d’être ami de l’Afrique tout en n’ayant pas la moindre considération pour ce continent », a-t-il déclaré à l’AFP.

« Ce problème est quasiment géopolitique », a poursuivi Le Roy, qui a remporté la CAN-1988 avec le Cameroun. « On n’arrête pas d’entendre des grands discours sur le besoin d’aider le Sud, mais dans les moments où on pourrait l’aider, on l’agresse, on le torpille, on le ridiculise. »