Bill Gates alerte sur un rebond tragique de la mortalité infantile
La mortalité infantile mondiale repart à la hausse pour la première fois depuis le début des années 2000, avec une projection de 4,8 millions de décès d’enfants de moins de cinq ans en 2025. Bill Gates souligne que les efforts contre la mortalité infantile sont plombés par la réduction des aides financières des pays occidentaux, notamment par les États-Unis et la France, qui n’ont pas encore confirmé sa contribution au Fonds mondial contre les maladies infectieuses.
Bill Gates met en garde contre une inversion historique des avancées en matière de santé : pour la première fois depuis le début des années 2000, la mortalité infantile mondiale est en hausse. Dans un entretien avec l’AFP, il qualifie de « tragédie » la projection publiée par sa fondation, prévoyant 4,8 millions de décès d’enfants de moins de cinq ans en 2025, soit 200 000 de plus qu’en 2024. Il attribue ce retournement à la baisse généralisée des aides internationales. « Les efforts contre la mortalité infantile sont plombés par la tendance générale des pays occidentaux à réduire leur aide financière », explique-t-il.
Les États-Unis symbolisent ce retrait. Depuis le retour de Donald Trump, les budgets alloués à la santé mondiale ont été largement diminués, une tendance accentuée par l’arrivée d’Elon Musk à la tête d’un « département de l’efficacité gouvernementale » qui a conduit à des coupes drastiques, notamment à l’Usaid. « Cette politique a sans conteste causé de nombreux morts », dénonce Bill Gates, qui dit « discuter » avec le président américain afin de limiter l’ampleur des réductions. Il confie l’avoir encouragé « à rétablir les aides, ou du moins à ne les réduire qu’un peu », tout en admettant ne pas être « sûr de réussir ».
La fondation s’inquiète aussi du désengagement américain envers Gavi, l’alliance mondiale pour la vaccination, un retrait amplifié par les positions antivaccins du ministre américain de la Santé, Robert F. Kennedy Jr. Bill Gates critique des prises de position « largement discréditées et fallacieuses ». Toutefois, cette crise ne se limite pas à Washington : plusieurs pays européens diminuent également leur aide extérieure. La France n’a pas encore confirmé sa contribution au Fonds mondial contre les maladies infectieuses, un sujet que Bill Gates dit avoir évoqué avec « le président et le gouvernement », tout en reconnaissant une « situation budgétaire très difficile ».
Ces avertissements trouvent un écho auprès d’autres institutions. L’Institut pour la santé mondiale estime que les coupes américaines et européennes pourraient engendrer plus de 22 millions de morts d’ici 2030. Malgré un contexte préoccupant, Bill Gates souligne quelques avancées, comme l’émergence de nouveaux traitements immunisants contre le virus respiratoire syncytial (VRS). Un progrès qui est réel, mais insuffisant pour compenser l’érosion rapide des financements internationaux, mettant ainsi en péril deux décennies de progrès contre la mortalité infantile.

