Maroc

« Mira » de Nour-Eddine Lakhmari : exploration poétique de la liberté.

Le film « Mira », réalisé par Nour-Eddine Lakhmari, est présenté dans la section « Panorama du cinéma marocain » lors de la 22e édition du Festival international du film de Marrakech, qui se déroule du 28 novembre au 6 décembre. La section « Panorama du cinéma marocain » propose une sélection de sept films de fiction et de documentaires récents reflétant la créativité et la diversité de la production cinématographique nationale.


Dans son nouveau long-métrage « Mira », le réalisateur marocain Nour-Eddine Lakhmari réévalue en profondeur ses choix artistiques et esthétiques, privilégiant une nouvelle géographie filmique située dans les paysages du Moyen-Atlas. Ce cadre lui permet de trouver le silence et la sérénité nécessaires pour aborder la liberté comme une quête existentielle. Après avoir réalisé « Casanegra », « Zero » et « Burnout », Lakhmari semble renouer avec l’atmosphère de ses premières œuvres, dont ses courts-métrages en Norvège et son premier long-métrage « Le Regard ». Il y cherche un style poétique, éloigné du tumulte, du rythme effréné et des émotions brutes propres à la grande métropole.

Présenté dans la section « Panorama du cinéma marocain » lors de la 22e édition du Festival international du film de Marrakech (du 28 novembre au 6 décembre), Lakhmari confie le rôle principal à une fillette de treize ans pour souligner l’idée d’une liberté innée, encore préservée des conditionnements sociaux et des comportements uniformisés. Mira (Safae Khatami) développe ainsi un lien secret avec la forêt et la montagne, où elle entre en « communion » avec l’ombre de son père disparu (Saad Mouaffak) ainsi qu’avec les éléments naturels, les arbres et les oiseaux.

Intelligente, taciturne et profondément sensible, Mira découvre une mission : libérer les oiseaux enfermés dans des cages par deux jeunes délinquants qui les capturent et les vendent aux voyageurs de passage.

Dans « Mira », la cage prend une forte dimension symbolique, représentant des traditions rigides qui freinent l’émancipation individuelle. En parallèle de son combat contre les chasseurs d’oiseaux, la fillette soutient un enfant migrant originaire d’Afrique subsaharienne ainsi que ses amis vivant dans un campement provisoire en périphérie de la ville, en attente d’embarquer vers l’Europe.

À travers les aventures de Mira, Lakhmari explore un cheminement intérieur qui questionne l’identité et la notion de liberté, symbolisée à la fois par les pigeons captifs et par les migrants clandestins dont la détresse alimente les réseaux de traite des êtres humains. La caméra compose dans cet espace forestier des tableaux d’une grande intensité visuelle, mettant en valeur un subtil jeu d’ombre et de lumière où se dessinent les silhouettes des arbres et l’enchevêtrement des branches, symbole d’un dédale existentiel. L’ensemble est accompagné de prises de vue variées suivant le regard de l’enfant, établissant un climat de méditation et d’enchantement, sur une trame musicale amazighe qui semble provenir des profondeurs du Moyen Atlas.

Mis à part la présence bienveillante du père défunt, presque tous les personnages qui tentent de guider Mira vers le bonheur sont féminins, illustrant le féminisme affirmé du cinéaste. Pour lui, la femme est, grâce à sa force, un symbole de liberté. Sa grand-mère Zainab (Fatima Atif) désire voir Mira poursuivre ses études en ville tout en redoutant les conséquences de ses choix, tandis que son enseignante Lamia (Zaynab Lalj) encourage l’enfant à suivre la voix de son cœur et ses convictions.

Dans une scène révélatrice, Mira se trouve sur la terrasse de la maison où elle s’installe pour ses études, confrontée à un nouveau moment clé. En sursaut, elle se lève, bondit vers la terrasse voisine et ouvre la porte de la grande volière, partageant avec les pigeons retenus la magie de la liberté. Mira connaît désormais le chemin de son émancipation et n’envisage pas de s’en écarter.

La section « Panorama du cinéma marocain » offre au public de Marrakech une sélection de sept films de fiction et de documentaires récents qui illustrent la créativité et la diversité de la production cinématographique nationale.