France

Victoire de Ferrero et Coca-Cola : le concepteur du Nutri-Score ne déplore pas le vote

Serge Hercberg a exprimé que les consommateurs ont perdu le droit fondamental d’être informé sur la qualité nutritionnelle des aliments après le rejet, ce mercredi, d’une mesure visant à généraliser l’affichage sur de nombreux emballages d’aliments. Antoine Flahaut a déclaré sur X que « les lobbys agro-alimentaires semblent peser plus lourd que la fragmentation politique en France. »


Les multinationales ont remporté une victoire au détriment des consommateurs. C’est ce qu’a déclaré Serge Hercberg, professeur de nutrition et co-créateur du Nutri-Score, après que les députés aient rejeté, ce mercredi, une mesure visant à généraliser l’affichage sur de nombreux emballages alimentaires.

Avec ce vote, « Ferrero, Lactalis, Coca-Cola, Mars, Mondelez, Danone, Kraft, Unilever international », qui s’opposaient à « cette mesure de santé publique », ont « finalement gagné, de justesse », alors que « les consommateurs ont perdu le droit fondamental d’être informés sur la qualité nutritionnelle des aliments », a-t-il déploré.

### Une mesure adoptée en novembre finalement rejetée

Après avoir initialement voté en faveur du principe début novembre, les députés ont finalement rejeté cette mesure, le gouvernement la jugeant inadaptée et contraire aux normes européennes. Adoptée en première lecture à l’Assemblée, la mesure visant à imposer l’affichage d’une échelle de notation des aliments allant de A à E avait ensuite été rejetée au Sénat, dans le cadre de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale. Les entreprises qui refuseraient d’afficher ces informations seraient pénalisées par une taxe de 5 % sur leur chiffre d’affaires, le produit de cette taxe étant affecté à l’Assurance maladie.

### La victoire des lobbys agroalimentaires

Antoine Flahaut, médecin épidémiologiste français et professeur de santé publique à l’université de Genève, a également exprimé son indignation sur X : « Les lobbys agro-alimentaires semblent peser plus lourd que la fragmentation politique en France. Le Nutri-score ne prive d’aucune liberté individuelle, au contraire il offre une information au consommateur fondée sur les données actuelles de la science. »

Appuyant cette déclaration, Pilar Galan, nutritionniste, épidémiologiste et directrice de recherche honoraire à l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), a rappelé le 23 novembre dernier que le directeur de la communication de l’Ania (Association Nationale des Industries Alimentaires) a intégré le cabinet du Premier ministre, Sébastien Lecornu, à la fin du mois de novembre.