De réfugiée somalienne à élue du Congrès : Ilhan Omar, cible de Donald Trump
Ilhan Omar, députée de 43 ans, a été victime de multiples attaques verbales de la part de Donald Trump au cours des derniers jours, notamment en qualifiant les immigrés somaliens d’ « ordures ». Née en Somalie en 1982 et arrivée à Minneapolis en 1997, Ilhan Omar est devenue, en 2018, la première réfugiée africaine à siéger au Congrès des États-Unis.
Régulièrement ciblée par Donald Trump, la députée de 43 ans, Ilhan Omar, fait à nouveau l’objet des attaques du président, qui a intensifié ces derniers jours ses propos hostiles à son égard et envers la communauté somalienne du Minnesota.
Cette semaine, il a qualifié les immigrés somaliens de « ordures » et a évoqué l’idée de la « renvoyer », malgré sa citoyenneté américaine. Cette escalade ravive un conflit politique et personnel déjà ancien. Qui est véritablement Ilhan Omar ? Portrait d’une élue démocrate devenue l’un des symboles de la résistance progressiste face à Donald Trump.
### Arrivée au Minnesota en 1997
Née en Somalie en 1982, Ilhan Omar a connu la guerre civile avant de fuir, enfant, avec sa famille vers un camp de réfugiés au Kenya. Ce n’est qu’en 1997 qu’elle arrive à Minneapolis, une ville du nord des États-Unis où réside l’une des plus importantes communautés somaliennes.
Très jeune, son grand-père l’encourage à s’intéresser à la politique. Avant de s’engager dans l’arène électorale, elle travaille comme éducatrice communautaire à l’université du Minnesota, puis comme analyste et conseillère politique au Conseil municipal de Minneapolis.
### Première réfugiée africaine au Congrès
Son élection à la Chambre des représentants en 2018 constitue un tournant historique. Ilhan Omar devient la première réfugiée africaine à siéger au Congrès, et l’une des deux premières femmes musulmanes élues.
Dans le 5ᵉ district du Minnesota, elle s’impose rapidement comme la porte-parole des classes populaires et des familles immigrées, plaidant pour l’annulation de la dette étudiante, une réforme ambitieuse de l’immigration, l’augmentation du salaire minimum et des politiques climatiques plus radicales.
### « Renvoyez-la », une hostilité de longue date
Cette ascension fulgurante suscite immédiatement l’hostilité de Donald Trump. Dès 2019, lors d’un meeting, il laisse une foule de partisans scander « renvoyez-la », après une série d’attaques contre la députée.
Depuis son retour au pouvoir, la Maison-Blanche républicaine a intensifié les attaques. Trump accuse maintenant les Somaliens d’avoir « détruit le pays » et insinue qu’Ilhan Omar pourrait être impliquée dans des fraudes, sans fournir la moindre preuve. La députée y voit une stratégie politique bien rodée : détourner l’attention des difficultés économiques et sociales en désignant un bouc émissaire, mêlant racisme, islamophobie et théories du complot.
### « Il sait qu’il échoue », alors « il attise la haine »
Dans une tribune publiée ce jeudi dans le New York Times, la députée réplique : « Il sait qu’il échoue, alors il revient à ce qu’il maîtrise le mieux : attiser la haine pour détourner l’attention. » Elle souligne que ces attaques ont des conséquences bien réelles : chaque déclaration du président entraîne une augmentation des menaces de mort contre sa famille, son équipe et des membres de la communauté somalienne. « Ce qui m’inquiète le plus, ce n’est pas ma sécurité », écrit-elle. « Ce sont les gens qui partagent mes identités – Noirs, Somaliens, musulmans, immigrés – qui risquent d’en payer le prix. »
Cependant, loin d’être affaiblie dans son État, Ilhan Omar bénéficie toujours du soutien de ses électeurs. Une majorité des Somaliens du Minnesota sont citoyens américains, souvent fiers d’une élue qui incarne leur intégration et leur succès. À une époque où Donald Trump fait de la lutte contre l’immigration le pilier de son deuxième mandat, Ilhan Omar se positionne comme son antithèse : femme, noire, musulmane, progressiste et issue de l’exil. Elle constitue une adversaire idéale pour un président qui aime façonner ses ennemis. Mais elle affirme qu’elle ne cédera pas : « Les habitants du Minnesota non seulement accueillent les réfugiés, ils en ont envoyé une au Congrès. »

