Budget 2026 : Lecornu redoute « une perte de contrôle totale » Sécu.
Le Sénat a adopté la partie dédiée aux recettes du projet de budget de l’Etat pour 2026 par 198 voix contre 105. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a demandé au directeur de la Sécurité sociale d’évaluer « les conséquences » d’une absence ou d’un retard de budget dans un courrier daté du 2 décembre.

Le Sénat adopte la partie « recettes » du budget de l’Etat, après l’avoir remaniée
Le Sénat a adopté jeudi la section consacrée aux recettes du projet de budget de l’Etat pour 2026, après avoir effectué de nombreux remaniements par rapport à la version présentée par le gouvernement, supprimant notamment plusieurs milliards d’euros d’augmentations de prélèvements.
La chambre haute, contrôlée par la droite et ses alliés centristes, a validé ce volet par 198 voix contre 105, confirmant la solidité de sa majorité, qui vise désormais à dégager des économies supplémentaires dans la section relative aux dépenses. À l’Assemblée nationale, cette partie du budget avait été rejetée presque à l’unanimité.
Cette adoption constitue une étape dans le long processus qui doit mener à l’approbation, encore très incertaine, d’un budget au Parlement avant la fin décembre.
Lecornu craint « une perte de contrôle totale du pilotage » de la Sécu
L’absence d’un budget « nous amènerait à une perte de contrôle totale du pilotage de la Sécurité sociale, qui conduirait à 29 ou 30 milliards d’euros de déficit l’an prochain », a averti Thursday Sébastien Lecornu.
« Est-ce qu’il y a un schéma dans lequel nous pouvons nous permettre qu’il n’y ait pas de projet de loi de finances pour la Sécurité sociale ? La réponse est non », a déclaré le Premier ministre, lors de l’examen en deuxième lecture à l’Assemblée du projet de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
Lecornu demande au directeur de la Sécu d’évaluer « les conséquences » d’une absence ou d’un retard de budget
Sébastien Lecornu a sollicité le directeur de la Sécurité sociale, dans un courrier daté du 2 décembre, d’évaluer « les conséquences » d’une absence ou d’un retard de budget pour la Sécu actuellement à l’examen à l’Assemblée. Le Premier ministre demande à Pierre Pribile de lui transmettre « l’ensemble » des scénarios des « conséquences » opérationnelles, juridiques ou financières, notamment en matière de remboursements, liées « à un retard ou un défaut d’adoption » du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026.
Le gouvernement anticipait jusqu’ici un déficit de 29 à 30 milliards d’euros pour la Sécu en cas d’absence de budget.
Actuellement en deuxième lecture, l’adoption de ce texte s’annonce difficile, notamment pour son volet recettes. Le Premier ministre, qui refuse d’utiliser le 49.3 pour faciliter son adoption, a annulé plusieurs rendez-vous jeudi pour se consacrer à cette question.
Le patron du Medef critique l’attitude du PS dans le débat budgétaire
Le président du Medef, Patrick Martin, a regretté jeudi l’attitude du Parti socialiste dans le débat budgétaire, la jugeant « moins responsable » qu’auparavant, et a déploré « un rapport de forces très défavorable au pays ». Selon lui, le PS n’est plus « aussi responsable qu’à certaines époques », et le « rapport de forces est très défavorable au pays », a estimé Patrick Martin sur BFMTV/RMC, en considérant qu’il s’agit d’une « partie de poker menteur gagnée par le Parti socialiste ».
Il a dénoncé plus généralement « la tambouille » parlementaire et a souligné que les patrons ressentaient « une forme d’incompréhension et progressivement, de colère ».
Un vote décisif sur la partie « recettes » du budget de la Sécu ce jeudi
Le scrutin sur l’ensemble du projet de loi consacré au budget de la Sécu est prévu pour le 9 décembre. Toutefois, pour y parvenir, l’Assemblée doit d’abord adopter la partie « recettes » du texte, probablement ce jeudi, au plus tard vendredi en cas de ralentissement des débats. Un rejet de ce volet entraînerait un rejet global du texte à l’Assemblée et compliquerait considérablement l’adoption de ce budget de la Sécu au Parlement avant le 31 décembre.
Sébastien Lecornu annule ses rencontres avec CGT et CFDT pour se « consacrer » au budget de la Sécu
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévues jeudi afin de « consacrer sa journée aux débats parlementaires » sur le budget de la Sécurité sociale, dont l’adoption devient de plus en plus douteuse.
« En l’état des discussions, le Premier ministre souhaite consacrer entièrement sa journée aux débats parlementaires sur le projet de loi de finances pour la Sécurité sociale », a déclaré son entourage. « Pour cette raison, les consultations avec les syndicats CGT et CFDT ainsi que le déjeuner avec les parlementaires sur l’énergie seront reportés », a-t-on précisé.
Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau « changement de méthode » afin de parvenir à l’adoption d’un budget avant la fin de l’année.
Gabriel Attal demande à Edouard Philippe et son groupe de faire preuve de « sang froid » avant le vote du budget de la Sécurité sociale
Le chef de Renaissance, Gabriel Attal, a appelé jeudi Édouard Philippe à garder son « sang froid » et ses « nerfs solides » alors que son homologue à Horizons a évoqué la possibilité que son groupe vote contre ou s’abstienne sur le budget de la Sécurité sociale, ce qui entraînerait son rejet. « Dans la période où l’air de la vie politique est devenu totalement irrespirable (…), on a besoin de points de repères », a déclaré l’ancien Premier ministre sur RTL.
« Il faut tout faire pour avoir un budget d’ici la fin de l’année (…) et ce dont nous avons besoin également, c’est de sang froid et de nerfs solides dans ce contexte où les Français ne comprennent plus les décisions politiques », a-t-il ajouté à l’intention de son prédécesseur à Matignon.
Édouard Philippe « est une voix qui compte et je n’ai pas de raison de remettre en question la sincérité de sa démarche ou de ses propos », a précisé Gabriel Attal. Selon lui, « il ne peut pas y avoir de budget parfait pour qui que ce soit, il faut accepter des concessions ».
Une réforme du calcul des contributions dues par les labos pharmaceutiques a aussi été validée par l’Assemblée
Un peu plus tôt, les députés avaient également approuvé une réforme du calcul des contributions dues par les laboratoires pharmaceutiques, en tenant compte notamment de leur chiffre d’affaires. En plus des modalités de calcul modifiées et de la confirmation de l’exclusion des génériques, des médicaments hybrides ou biosimilaires d’une partie de l’assiette, les députés ont adopté plusieurs mesures. Parmi elles, un amendement LFI augmentant une amende encourue par des laboratoires ne déclarant pas dans les délais leurs revenus.
Ils ont également validé une taxe sénatoriale visant les labos qui déposeraient des brevets abusivement pour retarder l’arrivée sur le marché d’un médicament générique.
Les députés approuvent la taxe « Vody » sur les boissons énergisantes alcoolisées
Les députés ont validé la version sénatoriale d’une taxe sur les boissons énergisantes alcoolisées, ciblant notamment de nouveaux produits prisés des jeunes comme la boisson « Vody », mélange de vodka, caféine, taurine et sucre.
Cependant, plusieurs députés ont constaté que la rédaction sénatoriale couvrait un trop grand nombre de boissons combinant alcool fort et ingrédients sucrés et aromatisés.
Frédéric Valletoux, président Horizons de la commission des Affaires sociales favorable à une taxe sur les « Vody », a déclaré que cette version pourrait « toucher des productions alcoolisées traditionnelles », y compris des « rhums fruités » et de « petites productions régionales ». Il a annoncé qu’il demanderait un nouveau vote sur cette mesure, qui devrait avoir lieu jeudi ou vendredi.
Les députés s’opposent à taxer les marques refusant d’afficher le Nutri-score sur leurs produits
Les députés ont poursuivi mercredi leur réécriture du projet de budget de la Sécurité sociale, anticipant un vote crucial sur le texte qui pourrait se tenir dès jeudi. Ils ont repoussé une mesure visant à généraliser l’affichage du Nutri-score sur les emballages alimentaires, le gouvernement considérant que la mesure n’était pas adaptée et contraire aux normes européennes.
Adoptée en première lecture à l’Assemblée, la mesure imposant l’affichage de cette échelle de notation des aliments allant de A à E avait été rejetée au Sénat. Les entreprises qui refuseraient d’afficher cette information seraient pénalisées d’une taxe de 5% sur leur chiffre d’affaires, dont le produit serait affecté à l’Assurance maladie.
Lecornu ferme clairement la porte au 49.3, malgré les demandes
Sébastien Lecornu a clairement écarté la possibilité d’utiliser le 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale. Pour passer ce message, il est intervenu mercredi après-midi à l’Assemblée nationale. « Il n’y aura pas d’utilisation du 49.3 de la Constitution et d’engagement de la responsabilité du gouvernement. Cela signifie donc que vous avez la responsabilité finale de cette copie », a-t-il confirmé, répondant ainsi à la pression croissante venant des rangs du centre et de la droite.
Les ténors des Républicains veulent le 49.3
Mercredi, les Républicains ont de nouveau soutenu le retour du 49.3. « Je lui dis en toute liberté que pour donner un budget à la France, Sébastien Lecornu doit envisager le 49.3 », a déclaré le président du Sénat Gérard Larcher dans une interview accordée au Figaro, précisant qu’il préférait « clairement le 49.3 aux ordonnances ou à la loi spéciale ».
« Je suis persuadé que jamais les socialistes ne voteraient une censure. Donc pourquoi n’utilise-t-il pas ce que la Constitution lui permet ? », s’est interrogé le président de LR Bruno Retailleau.
Sébastien Lecornu a renoncé début octobre à recourir à cet outil constitutionnel pour redonner la main au Parlement, un geste qui, à l’époque, visait à apaiser le dialogue avec les socialistes qui, depuis lors, ne l’exigent plus vraiment.
Bienvenue dans ce nouveau Live
Bonjour à toutes et à tous. Comme chaque jour, la rédaction de 20 Minutes est mobilisée pour vous fournir des informations sur les difficiles négociations pour voter un budget 2026.
A l’Assemblée nationale, le projet de budget est de retour dans l’hémicycle depuis mardi. La situation est complexe pour Sébastien Lecornu, plusieurs parties de la fragile coalition censée soutenir le gouvernement menacent effectivement de ne pas voter pour le texte, en particulier les députés Horizons. La bataille pour trouver un compromis se poursuit donc.

