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Chine : Macron à Pékin pour une visite d’État de deux jours.

Emmanuel Macron a entamé sa quatrième visite d’État en Chine ce mercredi, après avoir atterri à Pékin peu après 17 heures locales. Le président français, accompagné de six ministres et 35 patrons de grands groupes, abordera la question des droits humains en Chine, selon la présidence.


C’est une visite qui pourrait être délicate pour le président. Ce mercredi, Emmanuel Macron a débuté sa quatrième visite d’État en Chine, marquée par des tensions croissantes avec Pékin, de la guerre en Ukraine aux déséquilibres commerciaux majeurs en faveur de ce géant asiatique.

Le président français, arrivé à Pékin peu après 17 heures locales (10 heures en France), se sera rapidement engagé dans les discussions avec son homologue, Xi Jinping, au Grand Palais du Peuple. Les deux dirigeants se retrouveront également vendredi à Chengdu, dans la province du Sichuan (sud-ouest), pour un échange plus informel.

**Une visite à la Cité interdite pour commencer**

Accompagné de son épouse Brigitte, Emmanuel Macron a été reçu par le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. « Merci infiniment de votre présence ce soir et de tout le travail qu’on va faire ensemble », a-t-il déclaré à son hôte chinois.

Après cette réception, un programme privé l’attendait avec une visite du « jardin de l’empereur Qianlong », récemment restauré, dans la Cité interdite, suivie d’un dîner.

**Six ministres et trente-cinq patrons**

Emmanuel Macron est entouré de six ministres (Affaires étrangères, Économie, Agriculture, Environnement, Enseignement supérieur, Culture) ainsi que de 35 dirigeants de grandes entreprises (Airbus, EDF, Danone) ou d’entreprises familiales dans des secteurs allant du luxe à l’agroalimentaire.

« Nous voulons, et ce sera l’objet de la conversation stratégique avec le président Xi Jinping, que l’Europe soit respectée comme un grand partenaire de la Chine », a souligné l’Élysée avant la visite.

**L’Ukraine, et la position de la Chine en sujet prioritaire**

La guerre en Ukraine et, par conséquent, la sécurité du Vieux continent sont des sujets prioritaires, alors que le président russe Vladimir Poutine a réitéré mardi ses conditions, notamment territoriales, pour tout accord de paix.

Emmanuel Macron va renouveler son appel à Xi Jinping pour qu’il « pèse » sur la Russie, partenaire stratégique de la Chine, afin de la « convaincre » d’accepter un cessez-le-feu.

Bien que la Chine appelle régulièrement à des pourparlers de paix, elle n’a jamais condamné la Russie pour son invasion de l’Ukraine et s’oppose aux sanctions contre elle.

Elle continue de s’approvisionner en hydrocarbures, alors que l’Union européenne a convenu mercredi d’interdire toutes les importations de gaz russe à l’automne 2027 afin de priver Moscou des ressources financières nécessaires à sa guerre en Ukraine.

Les Occidentaux accusent également la Chine de soutenir l’effort de guerre russe en lui fournissant des composants pour son industrie de défense.

**Macron va chercher des investissements chinois pour la France**

Un autre objectif clé de cette visite est le déficit commercial abyssal entre la France et la Chine, qui a doublé en dix ans, atteignant 47 milliards d’euros en 2024, de même qu’entre l’UE et le géant asiatique.

La Chine compense ses « surcapacités » de production par une augmentation de ses exportations, ce qui entraîne un certain nombre de « risques géopolitiques », allant de la « fermeture de marchés » à la « récession », a averti un conseiller du président Macron.

Dans ce contexte, Paris souhaite que les entreprises chinoises augmentent leurs investissements en France et partagent les innovations qu’elles maîtrisent dans les « mobilités durables, les batteries ou le photovoltaïque ».

**Shein, Cognac et concurrence déloyale**

Outre ses salaires très inférieurs, la Chine est également accusée de « concurrence déloyale » en subventionnant massivement son industrie.

La France se trouve donc dans le viseur de Pékin, avec plusieurs enquêtes portant sur ses exportations (cognac, produits laitiers, viande porcine, etc.) et des surtaxes potentielles, suite à son soutien à l’augmentation des droits de douane européens sur les voitures électriques provenant de Chine.

« Ces questions-là feront l’objet de discussions au plus haut niveau » durant la visite, a promis la présidence française, qualifiant ces enquêtes d’« inacceptables », tout comme la question des terres rares dont la Chine encadre strictement les exportations.

À l’inverse, le géant du e-commerce chinois Shein est dans le collimateur de la France et de l’UE pour avoir vendu des produits illégaux, y compris des poupées pédopornographiques. Paris réclame un moratoire d’au moins trois mois sur le site en France.

**La question des droits humains abordée ?**

Malgré cela, plusieurs accords seront signés durant la visite, indique l’Élysée sans fournir de détails supplémentaires.

Brigitte Macron se rendra à Chengdu au Centre de conservation des pandas géants, emblématiques de la Chine, qui sont régulièrement prêtés à des zoos étrangers en signe d’amitié. Deux d’entre eux viennent tout juste de revenir de France, tandis que deux autres s’apprêtent à y partir.

Emmanuel Macron abordera également la question des droits humains en Chine, assure la présidence.

L’organisation International Campaign for Tibet (ICT) l’exhorte à « demander la libération immédiate et inconditionnelle » de Zhang Yadi, une défenseuse des droits des Tibétains arrêtée en Chine en juillet.