France

Assurances : réformes pour alléger la pression sur les assurés ?

Une hausse de 30 % a été constatée depuis 2019, soit 80 euros en moyenne de plus par an et par ménage sur les quelque 46 millions de logements assurés en France pour un montant moyen de 330 euros hors taxe par an. Après avoir relevé de 12 à 20 % au 1er janvier 2025 le montant de la surprime d’assurance destinée au fonds de garantie des catastrophes naturelles, les assureurs devraient pour 2026 augmenter leur cotisation MRH (Multirisque habitation) de 8 à 11 %, selon une prévision de « l’UFC Que Choisir ».

Depuis 2019, les cotisations d’assurance habitation ont augmenté de 30 %, soit une hausse moyenne de 80 euros par an et par ménage pour les 46 millions de logements assurés en France, portant le montant moyen à 330 euros hors taxe par an. Et cela ne semble pas près de s’arrêter.

En effet, à partir du 1er janvier 2025, la surprime d’assurance destinée au fonds de garantie des catastrophes naturelles devrait être relevée de 12 à 20 %. Parallèlement, les assureurs pourraient augmenter leur cotisation MRH (Multirisque habitation) de 8 à 11 % en 2026, selon les prévisions de l’UFC Que Choisir.

Ces hausses vont-elles se poursuivre indéfiniment ? Quels risques entraînent des coûts plus élevés ? Quelles solutions peuvent être envisagées pour réduire la pression sur les assurés ? 20 Minutes a interrogé Juliette Wood, Chargée de mission Banque Assurance à l’UFC Que Choisir, qui vient de publier un rapport sur l’évolution des tarifs d’assurances habitation.

Quelles sont les raisons de ces hausses successives ? Va-t-on continuer à voir cela ?

Certaines raisons sont multiples, mais l’un des principaux soucis des dernières années concerne le montant des indemnisations dues aux catastrophes naturelles et aux événements climatiques, de plus en plus fréquents et dévastateurs.

Au cours des quatre dernières années, les sinistres reconnus en tant que catastrophe naturelle, après un décret ministériel, ont engendré des coûts approximatifs de 6 milliards d’euros par an, soit 20 % de plus que les prévisions initiales. La surprime catastrophe naturelle a donc été ajustée, augmentant de 12 à 20 % au 1er janvier, après neuf années consécutives de déficits. Cette hausse de la surprime CatNat (pour catastrophe naturelle) était donc vraiment nécessaire.

Pour les vingt-cinq années à venir, le coût des sécheresses géotechniques, qui entraînent des fissures dans les bâtiments, devrait tripler et représenter 43 milliards d’euros sur cette période.

Existe-t-il des réflexions pour alléger cette pression sur les assurés ?

Le problème réside dans le taux de redistribution, c’est-à-dire la part des cotisations utilisée pour indemniser les sinistres, qui était très élevé en 2023, autour de 66 %. Le reste sert à couvrir les frais de gestion et la marge des assureurs. Pour 2024, ce taux est estimé à 58 %, en baisse, mais les assureurs continuent d’augmenter leurs tarifs malgré une diminution des indemnisations.

Je parle d’estimations, car les assureurs ne communiquent pas ces chiffres. Rendre ces données publiques est d’ailleurs l’une des propositions que nous soutenons pour accroître la transparence.

Parallèlement, les franchises augmentent, atteignant jusqu’à 1 520 euros pour les sinistres liés à la sécheresse, et certains assureurs refusent d’indemniser pour des raisons floues, comme le « défaut d’entretien », ou ne garantissent pas certaines installations, telles que les abris de jardin ou les piscines. Les assurés paient donc des primes plus élevées pour une couverture qui reste insuffisante, affectant les ménages en premier lieu.

Les législateurs ont déjà tenté de faire évoluer la situation : en 2023, une proposition de loi visant à mieux indemniser les dommages sur les biens immobiliers causés par le retrait-gonflement de l’argile a été présentée à l’Assemblée nationale, mais rejetée par le Sénat. Le rapport que nous venons de produire devrait servir de fondement pour un travail de lobbying.

Quelles sont vos propositions ?

Tout d’abord, une plus grande transparence est essentielle. Comme mentionné, il est crucial que les assureurs publient leur taux de redistribution. Ensuite, nous proposons un principe d’obligations nationales : les cinq ou six grands assureurs au niveau national doivent offrir des contrats partout, car ils ont tendance à éviter les zones coûteuses, laissant certaines régions sans concurrence, presque en situation de monopole.

Nous défendons également un principe de solidarité nationale concernant les catastrophes naturelles et considérons que la hausse de la surprime était nécessaire. Toutefois, cela doit se traduire par une couverture complète du territoire et un marché plus stable et concurrentiel.

Enfin, il est très compliqué de comparer les offres, rendant difficile pour le consommateur de faire un choix éclairé. Nous plaçons donc l’accent sur la nécessité d’une fiche d’information standardisée, permettant de comparer réellement les offres entre assureurs, ce qui est actuellement presque impossible.

Avez-vous des conseils pour les assurés ?

Il est crucial de bien connaître son contrat ainsi que la zone où se situe son logement, notamment si l’on vit dans une zone argileuse, et de s’assurer que des installations comme un abri de jardin ou une piscine sont correctement couvertes.

De plus, en cas de sinistre, si un expert de votre assureur est envoyé automatiquement, ce qui peut être biaisé, n’oubliez pas que vous avez la possibilité de faire appel à un expert indépendant, à vos frais.