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Plan de paix pour l’Ukraine : début de la rencontre Poutine – Witkoff

Vladimir Poutine et l’émissaire américain Steve Witkoff ont débuté mardi soir à Moscou des pourparlers sur le plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. Une délégation de Kiev pourrait rencontrer mercredi Steve Witkoff et le gendre du président américain, Jared Kushner, en Europe après leurs pourparlers à Moscou, selon une source ukrainienne à l’AFP.


Vladimir Poutine et l’émissaire américain Steve Witkoff ont commencé mardi soir à Moscou des négociations concernant le plan américain destiné à mettre fin à la guerre en Ukraine, peu après des déclarations menaçantes du président russe à l’encontre des Européens.

Une délégation de Kiev pourrait rencontrer mercredi Steve Witkoff et le gendre du président américain, Jared Kushner, en Europe, suite à leurs pourparlers à Moscou, selon une source ukrainienne à l’AFP. L’Ukraine suit avec attention les résultats de ces discussions, le président Volodymyr Zelensky ayant exprimé mardi le souhait d’une fin de guerre et non pas simplement « d’une pause » dans les combats.

D’après des images diffusées par la télévision russe, Vladimir Poutine était accompagné de son conseiller diplomatique Iouri Ouchakov et de son émissaire pour les questions économiques internationales, Kirill Dmitriev. De son côté, Steve Witkoff était accompagné de Jared Kushner.

Le président russe, qui a lancé une offensive à grande échelle contre l’Ukraine en février 2022, a tenu des propos martial juste avant cette rencontre.

### « Prêts à la guerre » avec l’Europe

« Nous n’avons pas l’intention de faire la guerre à l’Europe, mais si l’Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant, » a déclaré Vladimir Poutine aux journalistes, en marge d’un forum économique.

Il a accusé les Européens de vouloir « empêcher » les efforts américains visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, ajoutant qu’ils n’avaient « pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre ».

Ces propos contrastent avec ceux du chef de l’OTAN, Mark Rutte, qui a récemment déclaré être convaincu que les efforts américains en Ukraine « finiront par rétablir la paix en Europe ».

### Washington « très optimiste »

La veille, Washington s’est montré « très optimiste » malgré l’intransigeance du dirigeant russe, plus de trois ans après le début de l’offensive russe contre l’Ukraine.

La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a assuré que le président américain et son équipe « ont travaillé très dur sur ce dossier et souhaitent tous sincèrement voir cette guerre prendre fin ».

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a reçu lundi un soutien marqué de son homologue français Emmanuel Macron, qui a réaffirmé la mobilisation des Européens pour obtenir « une paix juste et durable ».

Tout en saluant « l’effort de médiation » des États-Unis, Emmanuel Macron a estimé qu’il n’y avait « pas aujourd’hui à proprement parler un plan qui soit finalisé ». Il a précisé que « nous sommes encore à une phase préalable », soulignant que le plan proposé par Washington « ne peut être finalisé qu’avec les Européens autour de la table ».

À l’issue de ces échanges, Emmanuel Macron a eu un entretien téléphonique avec Donald Trump sur « la dimension centrale des garanties de sécurité nécessaires pour l’Ukraine », selon la présidence française.

Volodymyr Zelensky s’est ensuite rendu en Irlande, où il a été accueilli par le Premier ministre Micheal Martin, qui lui a assuré du « soutien indéfectible » irlandais.

### Avancées russes

Les Européens espèrent que l’administration Trump, soupçonnée de complaisance envers Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l’Ukraine, perçue comme un rempart face aux ambitions russes.

Le président ukrainien a déclaré lundi s’attendre désormais « à une discussion avec le président des États-Unis sur des questions clés », après que le négociateur ukrainien Roustem Oumerov a signalé des « progrès significatifs » sur le projet de plan américain, bien que des « ajustements » soient encore nécessaires.

Ces discussions ont eu lieu alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus importante avancée sur le front en Ukraine depuis un an, selon une analyse de l’AFP basée sur des données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), associé au Critical Threats Project (CTP).

En un mois, la Russie a pris 701 km² aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus significative après celle de novembre 2024 (725 km²), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022.

La Russie a également affirmé lundi avoir capturé la ville de Pokrovsk dans l’est de l’Ukraine, un point logistique crucial pour les forces ukrainiennes, ainsi que Vovtchansk, dans le nord-est.

Volodymyr Zelensky a nuancé ces informations, soulignant le caractère instable des gains en situation de guerre.

Sur le plan interne, le président ukrainien fait face à un important scandale de corruption touchant son gouvernement, ayant contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à démissionner vendredi.

Emmanuel Macron s’est refusé à « donner des leçons » sur ce sujet.

### Semaine « cruciale » pour Kiev

La semaine à venir est jugée « cruciale » pour l’Ukraine, a déclaré la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, qui a exprimé sa « crainte que toute la pression soit exercée sur le côté le plus faible, car la reddition de l’Ukraine représente la manière la plus facile de mettre fin à cette guerre ».

Il y a dix jours, les États-Unis ont présenté un premier projet en 28 points très favorable à Moscou, élaboré sans les alliés européens de Kiev et censé mettre un terme au conflit déclenché par l’offensive russe contre l’Ukraine en février 2022.

Washington a ensuite modifié ce projet avec les Ukrainiens et les Européens, avant de le retravailler de manière bilatérale avec les Ukrainiens dimanche en Floride.

Les discussions entre Américains et Ukrainiens ont été jugées « productives » par les deux parties, mais le secrétaire d’État Marco Rubio a averti qu’il « restait encore du travail ».

Le président Trump a souligné que Kiev n’était pas en position de force en raison du scandale de corruption.

Pour Emmanuel Macron, les frappes continues de la Russie contre l’Ukraine démontrent que Moscou n’est pas prêt à faire la paix.