France

Astérix est-il vraiment connu hors de France, notamment en Allemagne ?

Le Parc Astérix, deuxième parc d’attractions le plus fréquenté en France après Disneyland Paris, part à la conquête de l’Allemagne avec une transformation du parc Belantis, qui sera entièrement transformé en village gaulois « à l’horizon 2030-2031 ». Selon les Éditions Albert-René, « 130 millions d’albums ont été vendus en Allemagne sur un total de 400 millions dans le monde » depuis le début des années 1960.


Il s’agit d’une première à l’international. Deuxième parc d’attractions le plus visité en France après Disneyland Paris, le Parc Astérix s’apprête à s’implanter en Allemagne. « À l’horizon 2030-2031 », le parc Belantis, situé près de Leipzig dans l’Est du pays, sera entièrement transformé en village gaulois. Cette évolution se fera « graduellement », avec une première zone dédiée à Idéfix qui sera inaugurée dès mars 2026. « En Allemagne, le chien Idéfix est la star d’Astérix. On commence par Idéfix avec une zone pour les petits, les familles », a déclaré ce mardi Dominique Thillaud, directeur général de la Compagnie des Alpes, qui exploite le Parc Astérix.

Le choix de l’Allemagne pour cette première ouverture à l’international n’est pas surprenant. En effet, au-delà du Rhin, Astérix et sa bande rencontrent un grand succès, presque équivalent à celui de la France. Depuis le lancement de la célèbre saga de Goscinny et Uderzo au début des années 1960, « 130 millions d’albums ont été vendus en Allemagne sur un total de 400 millions dans le monde », précisent Les Éditions Albert-René, la société détenant l’intégralité des droits sur Astérix.

« Des valeurs universalistes et démocratiques »
Sorti fin 2023, le 40e tome L’Iris blanc s’est vendu à deux millions d’exemplaires en France et à 1,4 million chez nos voisins. Selon les prévisions des Éditions Albert-René, le dernier album Astérix en Lusitanie « devrait encore atteindre en Allemagne un niveau hors norme avec plus de 1,6 million d’albums. » Qu’est-ce qui explique ce succès d’Astérix en Allemagne ? Selon Nicolas Rouvière, auteur de trois ouvrages consacrés à Astérix, l’humour de Goscinny et le style rond à la Disney d’Uderzo ont immédiatement séduit les lecteurs allemands.

Le contexte politique d’après-guerre a également joué un rôle dans cette popularité. « Dans Astérix, on trouve des valeurs universalistes et profondément démocratiques comme l’anti-impérialisme ou l’anti-élitisme, qui ont résonné à la fin des années 1960 en Allemagne, un pays qui se reconstruisait culturellement et entrait dans une nouvelle ère », analyse le maître de conférences en littérature à l’université Grenoble Alpes.

Une saga traduite en 120 langues et dialectes
La question de la traduction contribue également à ce succès « kolossal », avec certains noms de personnages modifiés dans la version allemande ; par exemple, le druide Panoramix devient Miraculix, le chef du village Abraracourcix se nomme Majestix et son épouse Bonemine est remplacée par Gutemine. « De nombreux albums d’Astérix ont aussi été traduits dans des dialectes locaux, marquant presque un signe identitaire, car chaque Länder doit disposer de sa propre traduction », souligne le spécialiste du petit gaulois moustachu.

Mais le succès d’Astérix dépasse largement les frontières de la France et de l’Allemagne. Avec plus de 400 millions d’albums vendus dans le monde, Astérix devance nettement Tintin, enregistrant d’énormes ventes dans tous les pays européens. Il est également traduit en 120 langues et dialectes, allant du créole au breton, en passant par le swahili. « Astérix est à la base un héros gaulois, mais il est rapidement devenu un héros européen, puis international, avec des valeurs qui suscitent immédiatement de la sympathie », souligne Nicolas Rouvière.

Certains pays résistent encore et toujours
Malgré son succès mondial, Astérix n’a pas réussi à conquérir certains pays. C’est le cas de la Russie, du Japon, où le manga reste dominant, ainsi que des États-Unis. Outre-Atlantique, « Astérix est perçu comme une BD élitiste », note l’universitaire.

« Le format cartonné des bandes dessinées franco-belges est très différent des fascicules des comics, poursuit-il. De plus, il est possible qu’Astérix apparaisse trop européo-centré pour un lecteur américain, avec toutes ces références historiques et interculturelles. »