Guerre en Ukraine : Les îles Cook aident la Russie à vendre son pétrole malgré les sanctions
Les Îles Cook permettent aux navires étrangers de s’immatriculer sous pavillon local sans jamais y avoir mis les pieds, ce qui est une aubaine pour les pays sous sanctions internationales. Maritime Cook Islands affirme que son registre n’a jamais accueilli de navires sanctionnés et qu’il dispose de plateformes pour surveiller les activités illicites.
À côté d’une pizzeria, dans les îles Cook, un petit bureau abrite le registre maritime de Maritime Cook Islands. Bien qu’il ne paraisse pas imposant, il permet à des navires étrangers de s’immatriculer sous pavillon local sans jamais y avoir mis les pieds. Cela représente une opportunité pour des pays sous sanctions internationales, comme la Russie ou l’Iran. Selon des données américaines, 20 pétroliers enregistrés aux Îles Cook auraient transporté du carburant russe et iranien entre 2024 et 2025. De plus, 14 autres vaisseaux figurent sur une liste britannique de sanctions pour la même période.
La Nouvelle-Zélande, principal partenaire diplomatique des Îles Cook, qualifie de « alarmant et exaspérant » le contournement des sanctions. Un porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Winston Peters, souligne que son pays est préoccupé depuis des années par la gestion du registre maritime local.
### Une véritable manne financière
Les Îles Cook, autonomes mais en libre association avec la Nouvelle-Zélande, confient la gestion de leur registre à Maritime Cook Islands, une société privée « sous délégation de pouvoir » supervisée par l’autorité nationale de régulation des transports. Les recettes publiques provenant des droits de navigation ont augmenté de plus de 400 % en cinq ans, atteignant l’équivalent de plus de 151 000 euros lors du dernier exercice.
Lloyd’s List a même désigné Maritime Cook Islands comme le « registre à la croissance la plus rapide » au monde. Cependant, cette prospérité entraîne également des risques d’exploitation, selon le Royal United Services Institute, qui évoque l’utilisation de registres du Pacifique Sud par l’Iran et la Corée du Nord.
### La flotte fantôme russe
Un briefing du Parlement européen de 2024 a identifié les Îles Cook parmi les « principaux pavillons utilisés par les pétroliers fantômes transportant du pétrole russe ». Le capitaine et deux officiers du pétrolier Eagle S, immatriculé aux Îles Cook et soupçonné de faire partie de cette flotte fantôme, ont délibérément sectionné des câbles en mer Baltique fin 2024. Jugés en Finlande, les tribunaux se sont déclarés incompétents, considérant que seuls les tribunaux de l’État du pavillon ou de l’État d’origine pouvaient agir.
Maritime Cook Islands, de son côté, soutient que son registre n’a jamais accueilli de navires sanctionnés et qu’il dispose de plateformes pour surveiller les activités illicites. La société dément également tout cas d’abus ou de non-respect des sanctions.
