Tunisie

Kaïs Saïed : « La souveraineté ne sera pas une marchandise »

Le Président Kaïs Saïed a déclaré que la Tunisie est souveraine et qu’aucune pression extérieure ne saurait infléchir ses orientations politiques ou institutionnelles. Le 25 novembre, il a convoqué l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Giuseppe Perrone, pour exprimer « une vive protestation » contre certaines activités perçues comme une violation du cadre diplomatique.







Le Président réaffirme la primauté de la souveraineté nationale et le refus de toute ingérence. La Tunisie décide seule de ses choix politiques et diplomatiques.

La Presse — Depuis son élection, Kaïs Saïed maintient fermement ses convictions face aux partenaires internationaux. La souveraineté nationale est au cœur de son action et représente l’un des axes principaux de sa politique.

Lors d’une rencontre avec le ministre tunisien des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, au Palais de Carthage, il a souligné ce qui est pour lui la pierre angulaire de l’État tunisien : « Nous sommes souverains et nous n’hésiterons jamais à exprimer à cor et à cri nos positions ».

Selon le Chef de l’État, la Tunisie est un pays indépendant, maître de ses décisions, et aucune pression extérieure ne peut infléchir ses orientations politiques ou institutionnelles. Ce positionnement n’est pas nouveau, mais il apparaît aujourd’hui plus ferme, direct et explicite.

Pour le Président, les tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures ne témoignent pas seulement d’un manque de respect des usages diplomatiques, mais peuvent également être perçues comme un retour à une logique colonialiste que la Tunisie rejette catégoriquement. Le message est clair : la souveraineté nationale n’est pas à discuter, ni à négocier.

Un rappel à l’ordre

Le 25 novembre, Kaïs Saïed a convoqué l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Giuseppe Perrone, pour exprimer « une vive protestation » concernant ce qui est vu comme une violation du cadre diplomatique, en référence à certaines activités effectuées « en dehors des canaux officiels ».

Dans cette même logique, sur instructions du Président, le ministre des Affaires étrangères a aussi convoqué l’ambassadrice des Pays-Bas, Joséphine Frantzen, pour lui faire part d’une protestation officielle concernant des actes jugés contraires aux usages diplomatiques.

Ces protestations visent à rappeler que le dialogue entre États doit s’effectuer par le biais des cadres institutionnels, et non par des démarches unilatérales susceptibles de contourner les autorités légitimes.

Dans son discours, Kaïs Saïed a également critiqué le leitmotiv européen de la défense des droits humains, souvent utilisé par les institutions de l’UE pour évaluer, critiquer ou « accompagner » l’évolution politique des pays partenaires.

Pour le Chef de l’État, cette rhétorique est marquée par une contradiction majeure, révélant un double langage mêlant exhortations morales et pratiques sélectives selon les intérêts stratégiques de l’UE.

Les Européens adoptent une position de « donneurs de leçons », se plaçant en arbitres de la démocratie et des droits humains, alors que de nombreux exemples montrent que les principes affichés laissent place aux réalités géopolitiques ou économiques.

Tunis ne se perçoit plus comme un simple récepteur de recommandations européennes, mais comme un acteur souverain capable de défendre sa propre vision des droits et de la démocratie. « Les Européens ont beaucoup à apprendre de la Tunisie en matière de droits et de libertés », a d’ailleurs souligné le Président Kaïs Saïed.

Entre continuité historique et nouvelle doctrine diplomatique

La souveraineté, autrefois un concept symbolique ou cérémonial, est désormais au cœur de la doctrine diplomatique tunisienne. Le Chef de l’État fait un lien direct entre la défense de la souveraineté, les résistances historiques au colonialisme et la nécessité de préserver l’unité politique face aux « agendas étrangers ».

En déclarant que la Tunisie « n’est ni une ferme ni un verger » et que « ceux qui complotent se trompent d’adresse », Kaïs Saïed se présente comme le garant de la continuité historique d’un pays engagé dans la lutte pour son autonomie et son indépendance.

Son discours marque une rupture avec une longue tradition de coopération asymétrique, où l’Union européenne jouait le rôle de « partenaire prescripteur ». Tunis privilégie désormais une relation fondée sur le strict respect des prérogatives souveraines, l’égalité entre partenaires et la prise en compte des réalités nationales.

À travers ses déclarations, Kaïs Saïed pose les bases d’une doctrine de souveraineté renforcée, où la Tunisie revendique son droit de décider seule de ses orientations politiques et institutionnelles. Il cherche à réaffirmer la place de la Tunisie en tant qu’acteur autonome, rejetant toute forme de tutelle ou de pression extérieure.

Cette ligne politique ouvre un nouveau chapitre dans les relations entre Tunis et Bruxelles, un chapitre où la diplomatie tunisienne souhaite imposer ses propres termes, exigeant des partenaires européens un respect total des règles diplomatiques, de la souveraineté nationale et de l’équilibre entre États.