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La part de marché de Linux augmente : les utilisateurs ne restent pas sur Windows

La part de marché de Linux sur ordinateur de bureau a quasi triplé depuis 2020, atteignant plusieurs points de pourcentage aux États-Unis. Selon les développeurs de Zorin OS, leur dernière version a enregistré un million de téléchargements en un mois, dont 78 % depuis un PC sous Windows.


C’est le plus vieux « running gag » de la technologie : « Cette année, c’est l’année de Linux ». Cependant, cette fois, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec une croissance qui a triplé en quatre ans et des utilisateurs de Windows qui quittent le système, l’OS libre représente désormais une tendance significative.

Le mythe de « l’année de Linux sur le bureau » a longtemps fait sourire, promettant un grand soir numérique qui n’est jamais venu. Mais en observant les courbes de 2024 et 2025, on constate que quelque chose a évolué. Ce n’est plus une simple fluctuation statistique, c’est une réelle tendance. D’après les dernières données, la part de marché de Linux sur les ordinateurs de bureau est bien plus élevée que ce que l’on pouvait imaginer.

La distribution Zorin OS illustre parfaitement ce phénomène. Ses développeurs ont récemment annoncé un million de téléchargements de leur dernière version en l’espace d’un mois. Parmi ces téléchargements, 78 % proviennent d’un PC sous Windows. Il ne s’agit pas seulement de curieux, mais de personnes qui installent un système d’exploitation complet pour remplacer ou compléter leur OS actuel.

Les chiffres confirment cette dynamique. Selon StatCounter, la part de marché mondiale de Linux a presque triplé depuis 2020. Aux États-Unis, elle a atteint quelques points de pourcentage. De plus, une part considérable du trafic web est cataloguée comme « inconnue », ce qui correspond souvent à des distributions Linux configurées pour la confidentialité.

Il est aussi important de clarifier la définition de Linux. Si l’on inclut ChromeOS (fonctionnant sur un noyau Linux), la part de marché dépasse les 10 %. Le programme d’analyse du gouvernement américain, l’US Digital Analytics Program, révèle que 5,8 % des accès à ses sites proviennent de machines Linux pures, un chiffre impressionnant comparé à moins de 1 % il y a dix ans.

Avec l’ajout d’Android et de ChromeOS, près d’un quart des accès aux services gouvernementaux américains proviennent d’un noyau Linux. En revanche, qu’est-ce qui explique ce retournement soudain dans l’utilisation de Linux sur les postes de travail classiques ?

La réponse est simple : Microsoft irrite ses utilisateurs. La fin du support de Windows 10, effective depuis octobre 2025, incite à la migration vers d’autres solutions. Des millions de PC encore opérationnels ne pourront pas passer à Windows 11 en raison de l’exigence de la puce TPM 2.0.

Pour beaucoup, le choix est vite fait. Se débarrasser d’un PC fonctionnel ? Inacceptable. Passer à Windows 11 avec ses publicités, son interface clivante et son insistance sur l’IA Copilot ? Non. La solution la plus logique devient l’installation d’une distribution Linux légère, sécurisée et respectueuse de la vie privée.

De plus, un aspect politique prend de l’ampleur, particulièrement en Europe. La question de la souveraineté des données pousse de plus en plus d’administrations et d’utilisateurs à se méfier des solutions propriétaires américaines.

Ce qui est souvent omis dans les analyses, c’est l’impact du secteur du jeu vidéo. Valve a réalisé un travail monumental avec le Steam Deck et sa couche de compatibilité Proton. Aujourd’hui, jouer sur Linux n’est plus un obstacle. Cela a considérablement simplifié l’expérience de jeu pour la plupart des titres disponibles sur Steam.

L’utilisateur peut ainsi passer à une distribution comme Linux Mint ou Pop!_OS, continuer à utiliser son ancien PC, naviguer en toute sécurité et jouer à ses jeux favoris, le tout gratuitement.

En somme, Linux n’est pas prêt d’éliminer Windows demain matin. Cependant, pour la première fois, il ne représente plus une alternative réservée aux experts. Il s’établit comme une option crédible pour tous ceux que Microsoft a laissés derrière.