Procès Mangione aux États-Unis : Protection des grands patrons en France ?
Bernard Arnault, le patron de LVMH, ne se déplace qu’avec une garde rapprochée, tandis qu’Arnaud Lagardère, à la tête de Prisma Media, est escorté de deux chauffeurs armés. Le SDLP compte 1.400 agents au total, dont environ 650 effectuent des missions de protection rapprochée, précise une source de la police nationale.

Lors de ses déplacements, que ce soit en ville ou à Vivatech, Bernard Arnault ne voyage jamais sans protection. Le dirigeant de LVMH est accompagné d’une équipe de sécurité, avec une voiture suiveuse et une moto pour les escortes, tandis qu’Arnaud Lagardère, à la tête de Prisma Media, est escorté par deux chauffeurs, anciens membres du GIGN et armés, selon Nouvel Obs. Les grandes fortunes françaises prennent très au sérieux leur sécurité.
À l’instar des célébrités, des acteurs ou des sportifs de haut niveau, les PDG français sont attentifs à leur sécurité, surtout depuis la dégradation du climat social en France. On se rappelle de la chemise arrachée du directeur des ressources humaines d’Air France en 2015 ou de la séquestration de deux dirigeants de Goodyear à Amiens en 2014.
Cependant, le sujet reste « relativement confidentiel », et lors d’événements comme le rendez-vous dédié à l’innovation technologique et aux start-up, « chaque intervenant gère sa propre sécurité selon ses propres règles », confie une source chez Vivatech. La protection est essentielle, mais elle doit rester discrète. Un agent de sécurité, cité par Nouvel Obs, explique qu’une équipe trop nombreuse pourrait « faire peur aux actionnaires ».
Un accès limité à la sécurité privée
Le secteur de la sécurité privée est fortement réglementé. Le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS) supervise et s’assure que tout est conforme à la loi. Il n’existe « pas de données chiffrées sur le nombre d’agents qui travaillent spécifiquement pour des dirigeants d’entreprise », indique-t-on au CNAPS. Toutefois, les règles strictes à suivre sont disponibles dans le dossier spécial. On y apprend qu’un « agent de protection physique » doit avoir une autorisation d’exercer délivrée par le tribunal de commerce local et posséder une carte professionnelle attestant de son « aptitude » à assurer la protection d’une personne. Il doit également être inscrit au registre du commerce et des sociétés.
Ces agents de protection peuvent avoir des missions variées : l’agent « à l’épaule » est celui qui se trouve le plus proche du client, souvent photographié à son insu derrière la personnalité protégée. L’agent « en escorte » peut « ouvrir le chemin » ou « rester en retrait ». Enfin, le « précurseur » effectue une reconnaissance des lieux avant l’arrivée de la personnalité à protéger.
Certaines personnes, dont les noms restent confidentiels, sollicitent le service de la protection (SDLP) qui « protège les personnalités menacées (par une menace terroriste) ». Dans ce cas, l’Unité de concours à la lutte antiterroriste (UCLAT), rattachée à la DGSI, évalue la menace pesant sur la personne concernée. Le SDLP compte 1.400 agents au total, dont environ 650 dédiés aux missions de protection rapprochée, précise une source de la police nationale. Pour des raisons de confidentialité, la liste des personnes protégées n’est pas rendue publique.
Des abus de pouvoir signalés
Certains seraient susceptibles de tirer parti de leurs relations avec des responsables politiques. « Des VIP, amis du pouvoir, passent un coup de fil à Matignon ou à l’Élysée, et on leur attribue une escorte », déplore ainsi un certain Marc dans les colonnes de Nouvel Obs.
Cependant, le règlement est parfois contourné. Bernard Squarcini, ancien chef de la DGSI, et Jean-François Digeon, ancien commissaire de police reconverti dans la sécurité privée, ont été condamnés pour avoir utilisé leurs réseaux afin d’obtenir des informations confidentielles au bénéfice de Bernard Arnault.

