Après avoir lâché Orano, le Niger met son uranium en vente internationale
En décembre 2024, Orano a acté la perte du contrôle opérationnel de ses trois filiales minières au Niger : la mine de la Somaïr, celle de Cominak et le gisement d’Imouraren. Selon des chiffres de 2021 de l’agence d’approvisionnement d’Euratom, le Niger fournit 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel.
En décembre 2024, le géant français Orano a confirmé la perte de contrôle opérationnel de ses trois filiales minières au Niger : la mine de la Somaïr, celle de Cominak (fermée depuis 2021) et le gisement d’Imouraren.
Ce dimanche soir, le régime militaire du Niger a annoncé sa décision de mettre sur le marché international l’uranium produit par la Somaïr, une filiale du groupe français nationalisée par Niamey en juin.
Le Niger souhaite désormais se rapprocher de nouveaux partenaires, tels que l’Iran ou la Russie, alors que Moscou a exprimé en juillet son intention d’exploiter l’uranium nigérien. La Somaïr, Société des mines de l’Aïr, était détenue à 63,4 % par Orano et à 36,6 % par l’État du Niger.
L’exploitation de l’uranium au Niger est au cœur d’un conflit entre la junte, au pouvoir depuis le coup d’État de juillet 2023, et le groupe Orano, illustrant ainsi les tensions entre la France, ancienne puissance coloniale, et les militaires nigériens. Ces derniers affirment leur volonté de se tourner vers de nouveaux partenaires.
« Le Niger, digne, met sur le marché international sa propre production », a déclaré un journaliste de la télévision d’État Télé Sahel, rapportant les propos récents du chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani. Ce dernier a, selon le média, déclaré « le droit légitime du Niger de disposer de ses richesses naturelles, de les vendre à qui souhaite acheter, dans les règles du marché, en toute indépendance ».
Le site de la Somaïr est l’un des plus importants gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes. Niamey a retiré à Orano son permis d’exploitation et la junte militaire a annoncé la nationalisation de la Somaïr en juin dernier.
Orano, dont le capital est détenu à plus de 90 % par l’État français, a engagé plusieurs procédures d’arbitrage international contre l’État du Niger. Fin septembre, l’entreprise a annoncé qu’un tribunal avait rendu une décision en sa faveur concernant la mine de la Somaïr. Selon Orano, ce tribunal a ordonné au Niger de ne pas vendre l’uranium produit par la Somaïr, dont le site contient environ 1 300 tonnes de concentré, représentant une valeur marchande de 250 millions d’euros.
D’après des informations récentes du média LSI Africa et de Wamaps, un groupe de journalistes ouest-africains spécialisés dans l’actualité sécuritaire au Sahel, un convoi transportant 1 000 tonnes d’uranium aurait récemment quitté Arlit, ville du nord abritant la Somaïr, pour atteindre le port de Lomé, la capitale togolaise, en passant par le Burkina Faso.
Le Niger fournit 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel, selon des chiffres de 2021 de l’agence d’approvisionnement d’Euratom (ESA).

