Belgique

Journée mondiale de lutte contre le sida : connaissances sur le VIH ?

Le VIH, le virus du sida, a été mis au jour en 1983. Selon un sondage réalisé auprès d’un échantillon de 1000 personnes en juillet 2024, 15% des Belges croient encore que le VIH peut se transmettre par un baiser.


Le VIH, responsable du sida, a été découvert en 1983. Depuis cette date, la recherche et les connaissances sur le virus ont considérablement progressé. Cependant, certaines idées reçues persistent ou refont surface.

Pour mieux s’informer, un quiz disponible sur le site de la plateforme permet de tester ses connaissances et de demander des préservatifs gratuits. Tout au long du week-end, des bénévoles sont présents sur la place de l’Albertine à Bruxelles pour informer les passants.

Thierry Martin, directeur de la Plateforme Prévention Sida, déclare : « Il n’est pas normal aujourd’hui qu’une personne séropositive qui témoigne publiquement sur les réseaux sociaux de son statut soit harcelée, incendiée ou menacée de mort. Ceci est quelque chose d’irréel en termes de solidarité et de lutte contre les discriminations, d’où l’importance de donner des informations concrètes. »

### Des informations concrètes, en voici

Voici quelques idées fausses encore répandues, accompagnées d’un état des lieux des connaissances actuelles.

**Le VIH peut se transmettre par un baiser : vrai ou faux ?**
**C’est faux.** Pourtant, 15% des Belges y croient encore, selon un sondage effectué en juillet 2024 sur un échantillon de 1 000 personnes (Medupha Health Care Research, cité par la Plateforme Prévention Sida). Ce chiffre grimpe à 42% parmi les 15-24 ans, selon une autre enquête OpinionWay – Sidaction (2024) en France.

Le VIH ne se transmet ni par un baiser, ni en partageant un repas, ni en serrant la main d’une autre personne, ni dans des toilettes publiques, ni en buvant dans le verre d’une autre personne, ni par les piqûres de moustiques, ni par la sueur, les larmes, la toux, les éternuements ou le vomi.

**Alors comment se transmet-il ?**
« Il n’y a que trois modes de contamination pour le VIH : les relations sexuelles sans protection, la transmission mère-enfant et les contacts avec le sang », indique Thierry Martin. « Il est important de rappeler les fondamentaux, parce que les gens se disent informés, mais en réalité ne le sont pas. »

Les liquides corporels pouvant transmettre le VIH sont le sang, le lait maternel et les fluides génitaux (sperme, liquide (pré)séminal, sécrétions vaginales…).

« Ce n’est pas l’éjaculation qui présente le risque, mais le frottement des muqueuses avec le liquide contaminant, qui transmet le VIH », précise Charlotte Martin, directrice du service des maladies infectieuses au CHU Saint-Pierre. Elle ajoute : « Il ne faut pas croire que se retirer avant l’éjaculation protège. »

Ainsi, une fellation, par exemple, expose à un risque (moins fréquent) la personne qui la donne, car elle est en contact avec le liquide séminal ou le sperme, mais pas celle qui la reçoit. Tous les détails sur la transmission se trouvent en cliquant ici.

### Il est possible de se protéger et de protéger les autres, comment ?

Le préservatif demeure un outil incontournable. Il protège également de la plupart des autres infections sexuellement transmissibles (plus de conseils ici).

Cependant, « l’utilisation du préservatif est en baisse depuis plusieurs années, notamment chez les jeunes », souligne Thierry Martin.

Aujourd’hui, d’autres avancées médicales permettent de réduire le risque de transmission. Qu’en est-il d’un vaccin ?

**Il existe un vaccin contre le VIH : vrai ou faux ?**
**C’est faux :** il n’existe pas de vaccin, alors que quatre jeunes sur dix le pensent (enquête Sidaction, France). Cette confusion provient probablement de l’existence de vaccins contre d’autres IST, comme l’HPV (virus du papillome).

Il n’y a donc pas de vaccin, mais des traitements efficaces pour prévenir la transmission (recommandés pour certains profils), sans remplacer l’importance d’un usage généralisé du préservatif.

– La « PrEP » : un traitement « pré-exposition » permettant aux personnes séronégatives de se protéger si elles sont exposées à un risque d’infection par le VIH.
– Le TPE : un traitement d’urgence, « post-exposition », à administrer très rapidement après un risque élevé de contact avec le VIH, pour empêcher la multiplication du virus.

Des chercheurs de l’Institut de médecine tropicale (IMT) de l’université d’Anvers ont étudié les freins à la PrEP en Belgique. Ils ont constaté que certains ne se sentent pas concernés en raison de clichés, comme les hommes hétérosexuels ou les jeunes « pour qui le VIH semble moins menaçant ».

**Le virus ne touche que les homosexuels et les drogués : vrai ou faux ?**
**C’est faux.** Cette idée reçue touche un jeune sur cinq, selon le sondage 2023 Ifop – Sidaction, et est liée à l’historique du VIH dans les années 1980. Charlotte Martin explique : « Les premiers cas ont été principalement rapportés chez des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, et ensuite parmi les usagers de drogues injectables. »

Cependant, les premiers cas de transmission hétérosexuelle ont rapidement été décrits. « Il n’existe pas de virus qui se transmet uniquement par les rapports homosexuels ; cela n’existe pas scientifiquement, » souligne Charlotte Martin. « Le VIH se transmet aussi bien par des rapports homosexuels qu’hétérosexuels. En Belgique, une personne sur deux vivant avec le VIH est hétérosexuelle. Il est donc faux de penser que cela concerne uniquement les homosexuels. »

### Quid pour une personne déjà infectée ?

Si une personne ignore qu’elle est séropositive et/ou ne prend aucun traitement, et que le rapport sexuel n’est pas protégé, il y a un réel risque de transmission. Un seul rapport non protégé expose au risque d’infection, et cela n’a pas changé.

Cependant, il existe désormais des traitements spécifiques pour combattre une infection avérée (trithérapie). Ces traitements changent-ils la donne en termes de transmission ?

**Une personne infectée par le VIH qui suit un traitement efficace ne peut pas transmettre le virus durant un rapport sexuel : vrai ou faux ?**
**C’est vrai.** En Belgique, seulement 48% des répondants l’ont correctement affirmé (enquête Sciensano 2023/2024). Les jeunes sont beaucoup moins nombreux à le savoir, selon l’enquête OpinionWay-Sidaction.

Ce manque de connaissance n’est pas surprenant, car l’évolution médicale dans ce domaine est récente.

Aujourd’hui, le traitement pris par une personne séropositive permet de rendre la charge virale indétectable et de protéger son/sa/ses partenaire(s) d’une transmission lors de rapports sexuels, même sans préservatif.

En résumé : indétectable = intransmissible.

Malgré ces avancées, il n’existe toujours pas de guérison pour le sida.

### Un problème de discrimination persistant

C’est ce que révèle un sondage de 2024 (Medupha Health Care Research) illustrant la persistance des attitudes discriminatoires. En effet, « 66% des personnes interrogées déclarent ne pas vouloir entamer une relation sexuelle avec une personne vivant avec le VIH, tandis que 53% refuseraient de se marier avec une personne séropositive et 38% n’envisageraient aucun type de relation. » Les explications fournies précédemment pourraient contribuer à faire évoluer ces perceptions.

Par ailleurs, un autre chiffre frappant de ce sondage indique que « plus de 20% estiment que les personnes vivant avec le VIH représentent un danger pour la société ».

Au-delà de cette affirmation infondée, la Dr Charlotte Martin rappelle qu’en matière de transmission, le véritable danger réside pour d’autres personnes si « une personne séropositive ne sait pas qu’elle est séropositive » et n’est donc pas prise en charge.

D’où l’importance du dépistage, qui fait partie intégrante de la prévention. « En Belgique, environ 20 000 personnes vivent avec le VIH. Parmi elles, environ 1 000 ne savent pas qu’elles sont infectées. »

« Une personne séropositive qui suit un traitement aujourd’hui ne transmet plus le VIH. Donc il n’y a aucune raison de ne pas vivre, de ne pas aimer, de ne pas travailler avec une personne séropositive. La solidarité est essentielle. Donc n’hésitons pas à porter le ruban rouge, » conclut Thierry Martin.