Trump qualifie l’espace aérien vénézuélien de « fermé », Caracas réagit par des manœuvres militaires.
Donald Trump a averti qu’il considérait l’espace aérien du Venezuela comme « entièrement fermé » et a appelé « toutes les compagnies aériennes, pilotes, trafiquants de drogue et trafiquants d’êtres humains » à en prendre note. Caracas a dénoncé cette déclaration comme un « acte hostile » et a conduit des manœuvres militaires le long de ses côtes, tout en indiquant que six compagnies aériennes avaient suspendu leurs liaisons avec le Venezuela pour des raisons de sécurité.
Donald Trump a déclaré samedi soir qu’il considère l’espace aérien du Venezuela comme « entièrement fermé », provoquant la colère de Caracas qui a dénoncé un « acte hostile » et a lancé des exercices militaires. « À toutes les compagnies aériennes, pilotes, trafiquants de drogue et trafiquants d’êtres humains, » a écrit en lettres majuscules le président des États-Unis sur son réseau Truth Social, « veuillez considérer L’ESPACE AÉRIEN AU-DESSUS ET AUTOUR DU VENEZUELA COMME ENTIÈREMENT FERME ». Il n’a fourni aucun détail supplémentaire.
Cette déclaration agressive intervient alors que le gouvernement Trump, affirmant lutter contre les cartels de la drogue du Mexique et d’Amérique centrale, intensifie la pression sur le Venezuela du président Nicolas Maduro, notamment par le déploiement de grandes forces militaires dans les Caraïbes, y compris du plus grand porte-avions du monde.
Donald Trump accuse Caracas d’être à l’origine du trafic de stupéfiants qui inondent le marché américain. Caracas dément ces accusations et affirme que l’objectif réel de Washington est de provoquer un changement de régime et de s’emparer des réserves pétrolières du pays.
Le gouvernement de Maduro a condamné samedi « la menace colonialiste qui prétend affecter la souveraineté de son espace aérien, constituant ainsi une nouvelle agression extravagante, illégale et injustifiée contre le peuple vénézuélien ». Il s’agit d’un « acte hostile, unilatéral et arbitraire, incompatible avec les principes les plus élémentaires du droit international », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Les forces armées vénézuéliennes ont mené samedi des manœuvres militaires le long des côtes, d’après la télévision d’État, qui a diffusé des images d’armements anti-aériens et de pièces d’artillerie.
À Maracay, à environ cent kilomètres de Caracas, des avions de combat russes Sukhoi et F-16 (achetés aux États-Unis dans les années 1980, NDLR) ont participé à un meeting aérien, comme l’ont constaté des journalistes de l’AFP.
De plus, Caracas a dénoncé le fait que Washington « a suspendu de manière unilatérale » le rapatriement de migrants vénézuéliens clandestins expulsés des États-Unis, Donald Trump ayant fait de la lutte contre l’immigration sa priorité. « À ce jour, 75 vols ont été effectués pour le rapatriement de 13.956 personnes », a rappelé Caracas.
L’aéroport de Maiquetia, qui dessert Caracas, fonctionnait normalement samedi, mais six compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec le Venezuela cette semaine pour des raisons de sécurité, ce qui leur a valu de voir leurs licences retirées par Caracas. Ces annulations de vols impactent les voyageurs.
« C’était horrible, ce voyage est une odyssée et j’ai dépensé beaucoup d’argent », a déclaré Yusmaicar Salabarria, une Vénézuélienne vivant au Chili, revenue pour les vacances. Partie de Santiago, elle a dû passer par Bogota et Cucuta, traversant la frontière à pied pour prendre un vol intérieur vénézuélien. Elle affirme avoir voyagé « sans peur » : « Ils (les Américains) disent toujours qu’ils vont attaquer, il faut vivre au jour le jour, seul Dieu sait ce qui va se passer ».
Donald Trump avait averti jeudi que ses forces armées allaient « très bientôt » commencer à cibler des « trafiquants de drogue vénézuéliens » lors d’opérations terrestres, ce qui a suscité l’opposition de parlementaires américains, républicains comme démocrates. « Pour rappel, seul le Congrès a le pouvoir de déclarer la guerre », a affirmé la républicaine Marjorie Taylor Greene, qui a rompu avec Donald Trump et a démissionné de la Chambre des représentants.
« Les actions imprudentes du président Trump envers le Venezuela poussent les États-Unis de plus en plus près d’une nouvelle guerre coûteuse à l’étranger », a martelé samedi soir Chuck Schumer, le chef de file des démocrates au Sénat.
Au pouvoir depuis 2013, le président socialiste Nicolas Maduro, héritier politique de Hugo Chavez, figure de la gauche radicale en Amérique latine, a été réélu en 2024 lors d’un scrutin contesté, marqué par des troubles et des arrestations.
Depuis début septembre, les États-Unis ont mené des frappes contre plus de 20 navires vénézuéliens soupçonnés de trafic de drogue dans la mer des Caraïbes et le Pacifique, causant la mort d’au moins 83 personnes, sans fournir de preuves que les navires étaient utilisés pour le trafic de drogue.
Ces derniers jours, une activité constante d’avions de combat américains a été signalée à quelques dizaines de kilomètres des côtes vénézuéliennes, selon des sites de suivi des aéronefs. Le New York Times a révélé que Trump et Maduro avaient récemment discuté au téléphone d’une éventuelle rencontre aux États-Unis.
Washington a désigné le Cartel des Soleils comme « organisation terroriste étrangère », bien que son existence soit contestée par de nombreux experts, et selon Washington, elle serait dirigée par le président Maduro.

