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AIF 2025 : Les fonds souverains africains ne doivent pas freiner les investissements privés

L’effet multiplicateur des fonds souverains et des institutions publiques stratégiques représente la clé pour débloquer les investissements privés à grande échelle en Afrique. Selon Olivier Eweck, l’infrastructure en Afrique est financée à 85% directement par les gouvernements, contre seulement 5 à 10% par le secteur privé.


L’impact des fonds souverains et des institutions publiques stratégiques est crucial pour favoriser les investissements privés à grande échelle en Afrique, ont indiqué jeudi à Rabat les intervenants d’un panel de haut niveau dans le cadre des Market Days 2025 de l’Africa Investment Forum (AIF).

Ce panel, axé sur le thème « Les chaînons manquants : débloquer la voie vers des investissements privés évolutifs en Afrique », a montré comment l’émergence d’une nouvelle architecture financière africaine, soutenue par des fonds souverains et stratégiques gérant collectivement plusieurs centaines de milliards de dollars, crée des opportunités inédites pour le co-investissement et la mobilisation du capital privé à grande échelle.

Dans ce contexte, Cheng Liang, directeur exécutif principal du Silk Road Fund, a souligné l’importance des fonds souverains et des fonds d’investissement stratégiques dans l’établissement d’une nouvelle structure financière dédiée à la transformation économique, selon des sources de la MAP. D’après lui, ces outils permettent non seulement de lever des capitaux à long terme, mais aussi de mettre en place des mécanismes de co-investissement qui attirent davantage de partenaires privés.

Ils représentent ainsi un levier essentiel pour accélérer la réalisation de projets structurants, renforcer la résilience des économies émergentes et favoriser une croissance durable et inclusive, a-t-il précisé, évoquant les capacités de son institution qui dispose d’un capital total d’environ 60 milliards de dollars.

Cependant, M. Liang a identifié trois principales préoccupations pour les fonds d’investissement internationaux souhaitant s’engager davantage en Afrique : le manque de partenariats solides avec des entreprises locales et des sociétés de capital-investissement compétentes dans la région, l’importance d’une implication précoce des banques multilatérales de développement pour évaluer la viabilité et les risques des projets, et la superficialité des marchés qui complique les stratégies de sortie, même pour des investisseurs de moyen et long termes.

Amine Houssaim, CEO d’INNOVX du Groupe OCP, a quant à lui souligné l’importance d’une gestion rigoureuse et continue des risques tout au long du cycle de développement des projets. Il a appelé à impliquer les institutions financières et les investisseurs dès les débuts pour façonner le profil de risque des projets.

M. Houssaim a également insisté sur la nécessité d’identifier les leviers de création de valeur dès le départ, en précisant que « plusieurs projets commencent avec des rendements à un chiffre, mais avec une trajectoire claire vers l’amélioration de ces rendements grâce à l’activation des leviers de création de valeur identifiés au début ». Il a expliqué que le suivi de ces leviers permet des synergies, des opportunités d’arbitrage, ainsi qu’une adaptation des réglementations et de la durabilité.

Olivier Eweck, directeur général et responsable du secteur public africain chez JP Morgan, a mentionné que l’infrastructure en Afrique est financée à 85% par les gouvernements, contre seulement 5 à 10% par le secteur privé, alors qu’au niveau mondial, ce dernier représente entre 50 et 60% du financement des infrastructures. Il a affirmé : « Nous avons besoin de plus d’implication directe du secteur privé dans le financement des projets pour le continent ».

Il a par ailleurs salué les récentes innovations des institutions financières de développement, qui proposent désormais des mécanismes de première et de deuxième pertes, ainsi que des garanties étendues et des solutions de titrisation synthétique, notant que ces outils peuvent inciter le secteur privé à participer davantage aux projets d’infrastructure.

Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l’AIF 2025 a pour objectif de faciliter les investissements internationaux en Afrique en réunissant les promoteurs de projets, les financeurs, les gouvernements et d’autres parties prenantes clés, afin de conclure des transactions.