Belgique

Mike Mayné : « Vivre avec le VIH est possible, mieux sans »

Il y a eu 662 nouveaux cas de personnes infectées par le VIH en Belgique en 2024, ce qui représente une augmentation de 2% par rapport à 2023. Environ 19.300 personnes sont actuellement suivies pour le VIH dans le pays.


Il est rare de croiser des personnes séropositives, comme Mike, prêtes à discuter du VIH et des implications de cette maladie dans leur vie. Bien que le virus soit identifié scientifiquement depuis plus de 40 ans, il demeure souvent tabou. « Si les gens ne sont pas prêts à le dire, c’est parce que les autres ne sont pas prêts à l’entendre, » explique Mike, qui a mis plusieurs semaines avant d’en parler à ses parents.

C’est lui qui a dû rassurer les siens en leur expliquant qu’une personne séropositive, si elle est dépistée tôt, peut avoir une espérance de vie similaire à celle de la population générale. Le VIH, ou virus de l’immunodéficience humaine, désigne la maladie. Le SIDA, en revanche, représente un stade avancé de l’infection que les personnes séropositives n’atteignent pas si elles sont sous traitement.

Sans traitement, une personne séropositive peut transmettre le virus lors de rapports sexuels non protégés. Mike précise qu’avec un traitement adéquat, la charge virale, c’est-à-dire la quantité de virus dans le corps, devient si faible qu’il n’est plus possible de transmettre le VIH. « Cela m’a aidé à aller vers une acceptation de mon état, qui ne va pas changer car c’est une maladie incurable, » souligne-t-il, rappelant que le VIH reste incurable.

Lorsqu’il a commencé son traitement il y a une dizaine d’années, Mike devait prendre une pilule par jour. Aujourd’hui, il utilise une médication simplifiée ne nécessitant que deux injections tous les deux mois, permettant ainsi de vivre pratiquement normalement. Cela soulève la question de la propagation du virus en 2025 et des raisons éventuelles de la baisse de vigilance.

Depuis 2020, alors que le nombre de contaminations diminuait, la tendance est à nouveau à la hausse. Depuis cinq ans, le nombre de cas de personnes infectées par le VIH augmente chaque année. En Belgique, selon les derniers chiffres de l’institut de santé publique Sciensano, 662 nouveaux cas ont été enregistrés en 2024, soit une augmentation de 2 % par rapport à 2023. De plus, entre 2023 et 2024, la courbe a grimpé de 13 %. Actuellement, environ 19 300 personnes suivent un traitement pour le VIH dans le pays.

La circulation du virus semble persister, tandis que la communication autour du sujet paraît difficile. Mike Mayné et son asbl Ex Æquo ont récemment mené un micro-trottoir à ce sujet avec BX1. Il a été surpris par les réponses des jeunes. « On a rencontré des jeunes qui pensaient qu’on pouvait l’attraper en utilisant des toilettes après une personne séropositive ou en buvant dans son verre d’eau. Beaucoup croyaient en plus qu’il était possible de guérir, » raconte-t-il.

Il a aussi constaté que certains jeunes ignoraient comment le virus se propageait ou pensaient qu’ils n’étaient pas concernés. « Certains ont affirmé que cela n’arrivait qu’en Afrique ou chez les personnes homosexuelles. On a observé une désinformation parfois inquiétante, avec des jugements qui peuvent même être racistes, » déplore Mike, qui constate un changement générationnel dans la perception du virus.

« Il y a une chose que tout le monde devrait connaître, mais que tout le monde ne connaît pas, c’est le préservatif, » insiste-t-il. Mike Mayné de l’asbl Ex Æquo souligne que sa génération et celle précédente ont vécu les années 80 et 90, marquées par des millions de décès liés au VIH, créant un traumatisme collectif. Il craint que les générations nées après n’en ressentent pas l’urgence. La prévention demeure donc cruciale pour freiner la propagation du virus.

« Le préservatif protège non seulement du VIH, mais aussi des autres infections sexuellement transmissibles (IST), » ajoute-t-il.

Il existe également des méthodes de protection moins connues, comme le TPE (traitement post-exposition), qui doit être pris dans les 72 heures suivant un rapport à risque. « Il vaut mieux consulter rapidement, même en pleine nuit, » conseille Mike.

La PrEP (traitement pré-exposition) est un autre moyen, à prendre avant un rapport sexuel, mais elle ne protège pas des autres IST. Environ 1 200 personnes vivent avec le VIH sans le savoir en Belgique, représentant 6 % des personnes infectées. « L’épidémie continue à cause de ceux qui ne se font pas dépister et ignorent leur statut, » déclare Mike.

« L’OMS recommande un dépistage tous les six mois, mais les études montrent que les jeunes se font dépister environ tous les trois ans, » constate Mike Mayné.

Il comprend que la peur du dépistage puisse freiner certaines personnes, mais il insiste sur le fait que l’ignorance peut être encore plus préjudiciable. Connaître son statut permet de prendre des mesures pour vivre avec le virus sans le transmettre. Il rappelle que si toutes les personnes porteuses de ce virus étaient diagnostiquées, elles pourraient entrer dans un traitement, et l’épidémie pourrait alors cesser. La prévention, via le dépistage, est donc l’outil le plus efficace pour lutter contre le VIH.

L’asbl Ex Æquo, où travaille Mike Mayné, organise la Nuit Positive, un concert le 29 novembre à la Madeleine, à Bruxelles, pour soutenir la lutte contre le VIH. Onze artistes de la scène pop belge, tels que Colt, Red Sebastian, et Rokia Bamba, participeront à cet événement parrainé par Mustii, dans le but de sensibiliser les jeunes à la maladie. Alors qu’ONUSIDA espérait éradiquer l’épidémie d’ici 2030, les objectifs semblent encore loin d’être atteints.