Guerre en Ukraine : Chute de l’homme fort de Zelensky, bravade d’Orban envers l’Europe
Le président Volodymyr Zelensky a limogé vendredi son chef de cabinet, Andriï Iermak, après la perquisition de son logement par les enquêteurs de l’agence anticorruption. Cinq personnes (deux Ukrainiens et trois Bélarusses) ont été inculpées en Pologne pour avoir agi pour le compte des services de renseignements étrangers, a déclaré vendredi le porte-parole du Parquet national.
Vous avez raté les derniers événements sur la guerre en Ukraine ? 20 Minutes fait le point pour vous tous les soirs. Voici l’essentiel de ce vendredi 28 novembre, au 1.377e jour du conflit.
Le fait du jour
Une démission qui survient à un moment délicat pour l’Ukraine et qui pourrait, de surcroît, déstabiliser la présidence. Le président Volodymyr Zelensky a révoqué vendredi son chef de cabinet, Andriï Iermak, considéré comme son bras droit et l’un des hommes les plus influents d’Ukraine, après la perquisition de son domicile par les enquêteurs de l’agence anticorruption.
Âgé de 54 ans, Andriï Iermak était récemment à la tête de la délégation ukrainienne pour les pourparlers avec les États-Unis. Sa démission intervient deux semaines après l’émergence d’un important scandale de corruption dans le secteur énergétique, déjà affaibli par les bombardements russes.
Le président a exhorté les Ukrainiens à « ne pas perdre [leur] unité », alors que plusieurs voix remettent en question depuis quatre ans l’influence croissante d’Andriï Iermak sur le président, qualifiée par certains d’ « hypnotique », ainsi que son contrôle des accès à Volodymyr Zelensky.
Dans la matinée, l’agence anticorruption ukrainienne (NABU) et le parquet spécialisé (SAP) ont réalisé des perquisitions au domicile d’Andriï Iermak, sans indiquer les raisons précises. Ces actions seraient, selon des députés d’opposition, liées à l’un des pires scandales de corruption durant la présidence de Zelensky, ayant déjà conduit début novembre à la destitution de deux ministres et à plusieurs arrestations.
La déclaration du jour
« Nous n’avons renoncé à la coopération dans aucun domaine, en dépit de toutes les pressions extérieures. »
Les propos sont attribués à Viktor Orban. Le Premier ministre hongrois a assuré ce vendredi, lors d’une rencontre avec le président Vladimir Poutine au Kremlin, qu’il continuerait les importations d’hydrocarbures russes dont la Hongrie reste dépendante, défiant ainsi une nouvelle fois l’Union européenne à ce sujet. « Je tiens à réaffirmer que les approvisionnements énergétiques en provenance de Russie constituent actuellement la base de l’approvisionnement énergétique de la Hongrie et qu’ils le resteront à l’avenir », a affirmé Viktor Orban selon des propos diffusés à la télévision.
En tant que rare dirigeant européen se rapprochant à la fois du président américain et du président russe, Viktor Orban n’a pas réellement cherché à diversifier les importations de son pays depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022, contrairement à nombre de ses voisins européens.
Le président russe a, de son côté, exprimé son « grand bonheur » concernant la continuité des relations entre les deux pays, se basant sur le « pragmatisme ».
Le chiffre du jour
5. C’est le nombre de personnes (deux Ukrainiens et trois Bélarusses) inculpées en Pologne pour avoir agi pour le compte de services de renseignements étrangers, a déclaré vendredi le porte-parole du Parquet national. Trois d’entre elles ont été placées en détention provisoire, a-t-il précisé.
Les activités des suspects, interpellés cette semaine à Varsovie et à Bialystok (est), consistaient notamment en « la transmission de documentation photographique des infrastructures critiques et des sites clés pour la sécurité de l’État. Les suspects étaient rémunérés en cryptomonnaies pour les tâches accomplies », a ajouté le porte-parole.
Depuis le début de la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine en février 2022, Varsovie accuse régulièrement Moscou de tentatives de sabotage et de mener « une guerre hybride ».
La tendance
Non, c’est non. Le Premier ministre belge Bart De Wever a réaffirmé son opposition à l’utilisation par l’UE des avoirs russes gelés pour financer l’Ukraine, menaçant ainsi la viabilité du dispositif. « Pourquoi nous aventurer ainsi dans des terrains juridiques et financiers inconnus ? », s’interroge le conservateur flamand dans une lettre adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, datée de jeudi. Ce dispositif, prévoyant un recours aux avoirs gelés de la banque centrale russe, dont l’essentiel se trouve en Belgique, est « à mon avis, fondamentalement erroné », souligne-t-il dans cette lettre de quatre pages.
La Commission européenne a proposé d’utiliser ces avoirs pour financer un « prêt de réparation » de quelque 140 milliards d’euros à l’Ukraine, que Kiev ne rembourserait que si la Russie s’acquitte de réparations de guerre.
Les Européens se sont engagés fin octobre à trouver des solutions pour financer l’Ukraine pendant les deux prochaines années, afin de garantir que Kiev ne se retrouve pas à court de ressources malgré le retrait progressif des Américains. La grande question demeure : comment organiser ce financement ?

