« Un jour, une carte »: Vols de Palestiniens vers l’Afrique du Sud, arnaque ou éloignement ?
Un appareil de la compagnie Global Airways a transporté 153 Palestiniens, qui fuyaient les frappes israéliennes à Gaza, et a nécessité 12 heures d’attente avant que les passagers ne puissent débarquer après l’intervention du président sud-africain, Cyril Ramaphosa. Une autre vol, avec plus de 170 Gazaouis à son bord, avait atterri quelques jours auparavant à Johannesburg, racontant une histoire similaire.
Les circonstances entourant le trajet de cet avion, qui volait avec les couleurs de la compagnie sud-africaine Global Airways, restent mystérieuses. À bord se trouvaient 153 Palestiniens, tous fuyant les frappes israéliennes et les conditions de vie éprouvantes à Gaza. Cependant, leurs documents de voyage n’étaient pas en règle. Face à cette situation complexe, les autorités sud-africaines n’ont pas immédiatement permis le débarquement des passagers. Ce n’est qu’après l’intervention du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et après qu’une association sud-africaine a proposé de les héberger que ces passagers ont pu descendre de l’avion, douze heures plus tard.
Que racontent ces Palestiniens à propos de leur voyage ? Ils affirment avoir payé environ 2000 dollars par personne pour quitter Gaza, sans savoir que leur destination finale était l’Afrique du Sud. Ils ont découvert des annonces sur un site en ligne d’une organisation humanitaire, l’association Al Majd, qui est basée à Jérusalem. À travers des publicités et des témoignages, cette association promettait d’aider les musulmans du monde entier à quitter des zones de conflit.
Les Palestiniens ont déclaré avoir quitté Gaza par le point de passage de Rafah. Ils ont dû abandonner toutes leurs affaires, à l’exception de leurs téléphones portables, avant de décoller depuis le territoire israélien. Certains pensaient se diriger vers l’Indonésie, la Malaisie ou l’Inde.
Les ONG sud-africaines qui les ont accueillis rapportent qu’un autre vol avait atterri quelques jours plus tôt à Johannesburg, transportant cette fois plus de 170 Gazaouis et relatant une histoire similaire.
Cette situation pose question aux autorités sud-africaines, d’autant plus que ces passagers semblaient ne pas avoir le tampon des autorités israéliennes, généralement requis. Pretoria s’interroge sur les modalités par lesquelles ces Palestiniens ont pu quitter Gaza puis Israël.
Des doutes se sont par ailleurs vite installés quant à l’association Al Majd, organisatrice de ces voyages. Bien qu’elle se présente sur son site comme une ONG humanitaire fondée en 2010 en Allemagne, aucune trace de cette association n’a été trouvée en Allemagne. De nombreux médias ont donc décidé d’enquêter. L’enquête a révélé que les numéros de contact affichés sur le site web étaient tous inactifs, et que le site a été créé seulement en 2025, ne fournissant que des prénoms de contacts.
Des journalistes du quotidien français Libération ont approfondi leurs investigations. Grâce aux métadonnées du site de l’association, ils ont identifié une entreprise israélienne dirigée par une personne mentionnée dans plusieurs articles de presse en Israël. Ce dernier avait affirmé qu’il travaillait à faciliter l’émigration volontaire des Gazaouis. Cependant, il est actuellement injoignable.
Cette situation suscite des inquiétudes au sein des autorités sud-africaines. Pretoria redoute que cette arrivée inattendue de Gazaouis ne dissimule un programme plus vaste visant à expulser les Palestiniens de leur terre vers différentes régions du monde. Les autorités ont déclaré vouloir éclaircir ce mystère, tandis que le ministre sud-africain des Affaires étrangères a indiqué qu’aucun vol de citoyens palestiniens ne serait accepté tant que le doute persisterait.

