Belgique

Le magazine MédoR dénonce la procédure-bâillon de Socfin.

En 2019, l’entreprise Socfin, détenue par Hubert Fabri et le groupe Bolloré, a attaqué le média indépendant Médor devant la justice pénale luxembourgeoise après la publication d’une enquête sur ses activités cambodgiennes. Le 30 avril dernier, l’affaire s’est conclue sur un non-lieu pour prescription, mais a coûté au magazine d’investigation 18.424,7 euros en frais, montant qui aurait pu mettre le média en péril si une partie n’avait pas été couverte par ses assurances.


En 2019, suite à la publication d’une enquête sur les activités cambodgiennes de l’entreprise Socfin – appartenant à Hubert Fabri et au groupe Bolloré –, cette dernière avait intenté un procès contre le média indépendant Médor devant la justice pénale luxembourgeoise. Cette affaire s’est conclue le 30 avril dernier par un non-lieu pour prescription, mais elle a coûté non seulement du temps et de l’énergie, mais également beaucoup d’argent au magazine d’investigation. Médor a dénoncé jeudi ce qu’il considère comme une procédure-bâillon, et il n’est pas le premier à accuser le géant de l’huile de palme et du caoutchouc d’une telle pratique.

Après la publication de l’enquête « Socfin/Cambodge : les terres rouges des Bunongs perdues à jamais », le journaliste auteur de l’article et la directrice du magazine avaient été convoqués devant un juge d’instruction, qui les avait inculpés pour diffamation et/ou calomnie ainsi que pour injure-délit, rappelle Médor.

Un an plus tard, le parquet a annoncé qu’il n’avait pas l’intention de poursuivre le magazine, et l’affaire s’est soldée par un non-lieu, sans pour autant permettre à la publication d’être totalement innocentée dans la procédure. Cette procédure a occasionné des coûts en termes de stress, de temps et d’argent, s’élevant à 18.424,7 euros précisément ; une somme qui aurait pu mettre en péril le média si elle n’avait pas été partiellement couverte par ses assurances.

Pour Médor, la procédure entreprise par Socfin est une tentative d’intimidation, qui visait à « épuiser physiquement, psychologiquement et financièrement » le média afin de « le réduire au silence ».

« Pour Socfin, entreprise d’envergure mondiale, qui dispose de gigantesques ressources financières, cette procédure ne coûte rien. Pour un journaliste indépendant et un média comme Médor, le coût financier et humain est énorme. Il existe donc un rapport de force totalement déséquilibré. »

Ce n’est pas la première fois que Socfin est critiquée pour ses méthodes. En 2019, les mêmes reproches avaient été formulés par des ONG lorsque l’entreprise avait engagé des poursuites pour diffamation contre FIAN Belgium et le CNCD-11.11.11, entre autres. En avril dernier, Bloomberg a publié une enquête intitulée « Les barons du caoutchouc » affirmant que Socfin et Bolloré avaient intenté des poursuites contre au moins 50 journalistes et ONG, dont la plupart avaient été « perdues, retirées ou rejetées ».