Complément d’enquête sur CNews : séquence coupée in extremis par les équipes
France 2 a demandé aux équipes de Complément d’enquête de retirer une séquence du reportage quelques heures avant la diffusion de son dernier numéro consacré à CNews. L’Arcom a affirmé à l’AFP qu’il n’y a pas de contournements des règles du pluralisme politique sur CNews pour le mois de mars 2025.
Quelques heures avant la diffusion de son dernier numéro sur CNews, France 2 a demandé aux équipes de Complément d’enquête de retirer une séquence du reportage. Cette décision a été prise suite à la position de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, qui a été publiée dans l’après-midi et contredisait directement les données présentées dans l’émission.
L’Arcom a démenti tout « contournement » des règles de pluralisme de CNews. Cette séquence, que 20 Minutes et les journalistes invités à une séance de visionnage avaient pu voir la veille de l’incident, se basait sur les résultats de l’ONG Reporters sans frontières (RSF). Cette dernière dénonçait ce qu’elle juge comme une stratégie pour contourner les règles de pluralisme par la chaîne du groupe Bolloré, en reléguant les interventions de responsables de gauche, tels que La France insoumise ou le Parti socialiste, au cours de la nuit. Pour établir ces résultats, RSF a affirmé avoir analysé les temps d’antenne des chaînes d’information en continu (BFMTV, CNews, France Info, LCI) du 1er au 31 mars 2025, en utilisant un outil de capture d’écran pour examiner 700.000 bandeaux.
Cependant, jeudi, l’Arcom a publiquement contredit ces conclusions, affirmant à l’AFP : « Il n’y a pas de contournements des règles du pluralisme politique sur le mois de mars 2025 sur CNews, et s’il y en avait eus, nous les aurions identifiés et nous serions intervenus ». Le régulateur a assuré n’obtenir pas les mêmes résultats que l’ONG et a déclaré n’avoir « aucun doute ». « Nos résultats ne sont pas ceux de RSF », a ajouté l’autorité de régulation.
« Étant dans l’impossibilité technique de rajouter cet élément contradictoire aussi près de l’heure de diffusion de l’émission », « nous n’avons eu d’autre choix que de couper la séquence concernée », a indiqué à l’AFP France Télévisions jeudi soir.
Selon les informations du Parisien, cette décision a provoqué une grande agitation au sein de France Télévisions. « Cet après-midi, quelques heures seulement avant la diffusion de l’émission, France 2 a demandé aux équipes de « Complément d’Enquête » de couper en catastrophe la partie de son enquête consacrée à la compensation la nuit du temps de parole politique. Une décision extrêmement rare ».
De son côté, RSF a regretté les « dénégations de l’Arcom » concernant son enquête, dans un communiqué envoyé à l’AFP, et a affirmé maintenir « tous ses chiffres et ses conclusions ». Selon elle, « le régulateur conteste manifestement, sans fournir de chiffres en appui de sa démonstration, un unique sous-élément d’une des trois dimensions mesurées du pluralisme : celle relative au temps de parole alloué aux forces politiques ».

