Belgique

La revue de presse : la pointeuse ne revient-elle pas, symbole d’une Europe égarée ?

Les entreprises devront bientôt encoder précisément les horaires de leurs salariés, comme autrefois. Selon l’Echo, l’Europe perd du terrain dans la chimie, l’acier, l’automobile, le verre et même l’industrie pharmaceutique.


**Une directive qui rappelle la pointeuse d’antan**

Cette nouvelle règle, surnommée “la directive de la pointeuse” par plusieurs journaux, vise à renforcer le contrôle des temps de travail des salariés afin de prévenir certains abus de la part des employeurs. Concrètement, les entreprises devront bientôt établir des enregistrements précis des horaires de leurs employés, à l’instar des pratiques d’autrefois.

Cependant, cette directive suscite des critiques dans la presse. Dans son éditorial, Het Laatste Nieuws dépeint l’Union européenne comme une “maniaque du contrôle”. Selon ce quotidien, alors que le monde du travail valorise désormais la flexibilité et l’autonomie, Bruxelles remet sur le tapis une sorte de “pointeuse 2.0”, s’entêtant dans une frénésie réglementaire.

Le journal souligne que, dans un futur proche, il sera courant d’organiser sa journée autour d’engagements personnels, comme aller chercher ses enfants à l’école ou effectuer des démarches administratives avant de reprendre le travail. La productivité, selon eux, ne s’évalue pas seulement à la présence au bureau ou à la connexion à un écran.

Het Laatste Nieuws se sert de l’exemple de Vincent Van Quickenborne, un député Open VLD, qui a passé près de 24 heures d’affilée à la Chambre tout en étant connecté au conseil communal de Courtrai. Cette situation humoristique illustre que la présence ne garantit pas nécessairement l’efficacité.

Le quotidien se demande s’il n’existe pas d’autres priorités plus pressantes que cette directive. Il conclut que cette obsession pour la réglementation affaiblit l’Europe dans un contexte de compétition économique déjà difficile face à des pays comme la Chine et les États-Unis.

**Déclin industriel européen**

Selon L’Echo, l’Europe perd du terrain dans plusieurs secteurs clés, tels que la chimie, l’acier, l’automobile, le verre et même l’industrie pharmaceutique. Le journal ajoute que des domaines comme le textile et l’énergie solaire sont déjà abandonnés depuis longtemps.

Face à la surcapacité de production chinoise et américaine, L’Echo estime qu’il est urgent de mieux protéger le marché intérieur. Cela ne signifie pas se replier sur soi-même, mais plutôt éviter de se faire exploiter.

Le journal affirme que l’idée d’un libre-échange harmonieux et réussi appartient désormais au passé, notamment en raison des relations avec Washington et Pékin. Ne pas en tenir compte condamnerait l’Europe à mener une bataille solitaire dans un jeu qui ne se joue plus.

L’Echo conclut que l’Europe doit accepter le changement des règles du jeu et réagir, sans quoi ses industries pourraient disparaître.

**Une Europe absente des discussions sur l’Ukraine**

Le Standaard aborde également la “riposte européenne”, mais sur le plan diplomatique cette fois. Le journal note que Russes et Américains semblent discuter de l’avenir de l’Ukraine sans tenir compte de l’Europe, comme si elle n’existait pas, reléguant les Européens à un rôle mineur.

Selon le quotidien, l’Union européenne a eu quatre ans pour abandonner sa vision naïve envers la Russie et devrait en faire de même avec les États-Unis.

Les Européens ont tout intérêt, selon Le Standaard, à soutenir généreusement les Ukrainiens, et les moyens financiers sont disponibles pour cela. Les Ukrainiens choisiront peut-être de poursuivre le combat ou de signer un accord de paix, mais l’Europe doit leur fournir les conditions d’un choix équitable.

Le journal conclut en rappelant que l’Union ferait mieux de se concentrer sur ces questions essentielles, plutôt que de se perdre dans des réglementations comme celle des bouchons de bouteilles ou la “pointeuse 2.0”.