La France détient-elle le triste record de la surpopulation carcérale ?
Au 1er octobre 2025, il y avait 84.862 détenus dans les prisons françaises, pour 62.501 places disponibles, soit une densité carcérale de 135,8 %. Entre le 31 janvier 2023 et le 31 janvier 2024, le nombre de places dans les prisons françaises a augmenté de 1.075, passant de 60.662 à 61.737, tandis que le nombre de détenus a augmenté de 3.981, passant de 72.294 à 76.275.
Depuis plusieurs années, les prisons françaises souffrent d’une surpopulation manifeste, avec un nombre de détenus bien supérieur aux places disponibles. Ce phénomène place la France en tête des pays européens en matière de surpopulation carcérale, d’après le député Aly Diouara (LFI).
Le 24 novembre dernier, il a affirmé dans un message posté sur X : « La France détient le triste record de la surpopulation carcérale en Europe. Les surenchères sécuritaires d’une droite et d’une extrême-droite à bout de souffle n’y changeront rien. Parler de réinsertion, c’est défendre l’État de droit et pas seulement quand il s’agit de Nicolas. » Il dénonce régulièrement les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires.
Il a également évoqué que « Parler de réinsertion » représente l’une des solutions potentielles pour améliorer le système carcéral français, en insinuant que c’est une défense de l’État de droit. Toutefois, il convient de noter qu’aucun chiffre ou source ne vient soutenir cette affirmation. Une recherche des données s’impose pour vérifier si la France détient effectivement ce triste record.
Le 31 octobre dernier, le ministère de la Justice a publié ses statistiques mensuelles sur « la population détenue et écrouée ». Au 1er octobre 2025, la France comptait 84.862 détenus pour 62.501 places disponibles, soit une densité carcérale de 135,8 %. Ce chiffre est crucial pour notre analyse.
En ce qui concerne les autres pays européens, les statistiques les plus récentes sont présentées dans le rapport 2024 du Conseil de l’Europe, diffusé en juillet. Selon ce rapport, arrêté au 31 janvier 2024, la Slovénie et Chypre sont en tête des pays européens en termes de surpopulation carcérale, affichant respectivement des densités de 134 % et 132 %. Avec une densité de 124 %, la France se trouve donc sur le podium.
Ainsi, la densité carcérale en France au 1er octobre 2025 (135 %) dépasse celle des données relevées au 31 janvier 2024. Cependant, cela ne constitue pas un « record », étant donné que le rapport SPACE 2023 révèle qu’au 31 janvier 2023, la densité carcérale à Chypre était de 165 %.
Concernant Chypre, d’autres chiffres doivent être pris en compte. Au 1er janvier 2023, Chypre comptait 1.026 détenus pour 620 places opérationnelles. À cette date, seuls l’Islande (181 places), le Liechtenstein (20), Andorre (148), Monaco (98), et Saint-Marin (12) avaient moins de places opérationnelles dans leurs prisons.
Un an plus tard, en date du 31 janvier 2024, le nombre de places à Chypre a légèrement augmenté et le nombre de détenus a diminué, atteignant 754 places pour 997 détenus à cette époque. Cette tendance contraste fortement avec celle observée en France.
Sur la période allant du 31 janvier 2023 au 31 janvier 2024, le tableau est inversé : tant le nombre de places que de détenus en France ont augmenté, mais à des niveaux très différents. Les places sont passées de 60.662 à 61.737 (+ 1.075), tandis que le nombre de détenus a grimpé de 72.294 à 76.275 (+ 3.981).

