Retard d’au moins six mois pour Raphaël Liégeois vers la Station spatiale internationale
La réunion budgétaire de l’Agence spatiale européenne (ESA) s’est conclue à Brême avec une hausse des contributions des États membres, de l’ordre de plusieurs dizaines de pourcents. La Belgique a promis plus d’un milliard d’euros pour les prochaines années, même si elle recule d’une place dans le classement des contributeurs, passant 6ᵉ derrière l’Espagne.
La réunion budgétaire de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui s’est tenue à Brême en Allemagne, a abouti à une augmentation significative des contributions des États membres, atteignant plusieurs dizaines de pourcents, témoignant d’un engagement renforcé envers l’espace. La Belgique a également prévu d’augmenter sa participation, avec plus d’un milliard d’euros promis pour les années à venir, bien qu’elle ait perdu une place dans le classement des contributeurs, passant désormais au 6ᵉ rang, derrière l’Espagne. Cette contribution garantit à la Belgique un partenariat solide avec l’ESA, assurant le financement de nombreux projets scientifiques et industriels sur son territoire, allant des satellites d’observation aux programmes d’exploration.
Pour Raphaël Liégeois, ingénieur biomédical et neuroscientifique belge sélectionné comme membre de la promotion d’astronautes 2022 de l’ESA et qui a suivi attentivement ces discussions ministérielles, cette annonce est une source de soulagement. Il a déclaré que ces financements garantissent la poursuite des missions habitées européennes, y compris la sienne, et confirment la place de la Belgique dans cette aventure.
Dans la nouvelle promotion d’astronautes européens, la Française Sophie Adenot, première de sa promotion, est pressentie pour partir vers la Station spatiale internationale (ISS) dès la mi-février 2026 pour une mission de plusieurs mois. Raphaël Liégeois devrait la suivre environ six mois plus tard, à l’automne 2026, selon les premières indications de l’ESA.
Ce calendrier de vols vise à garantir une présence presque continue d’astronautes européens à bord de la station, avec un relais entre Adenot et Liégeois. Cependant, cet équilibre dépend de la disponibilité des véhicules américains de transport d’équipage – le Crew Dragon de SpaceX et le Starliner de Boeing – dont les plannings se sont complexifiés, notamment pour Boeing.
Raphaël Liégeois apprend donc une vérité bien connue des vétérans de l’espace : un astronaute ignore sa date de départ tant qu’il n’est pas installé dans la fusée au moment du décollage. Son vol est actuellement reporté d’au moins six mois, et un délai d’environ un an n’est pas exclu selon les scénarios. Ce report est dû à des « raisons opérationnelles », selon Frank De Winne, troisième Belge dans l’espace et directeur du Centre d’entraînement des astronautes de l’ESA à Cologne. En termes spatiaux, cela englobe les contraintes techniques des véhicules, l’organisation des rotations d’équipage et les choix de dernière minute concernant les astronautes affectés à tel ou tel vol.
Le nombre de trajets prévus avec la capsule Starliner de Boeing a été réduit en raison de divers problèmes techniques rencontrés lors des vols d’essai, entraînant la nécessité de modifier le contrat avec la NASA. En conséquence, le véhicule de Boeing sera moins exploité que prévu, ce qui modifie la configuration de certains vols habités qui seront désormais effectués avec le Crew Dragon, qui est plus fiable.
Cette nouvelle configuration implique que d’autres astronautes, sélectionnés avant Raphaël Liégeois, prennent sa place dans la file d’attente pour l’automne 2026 à bord de Crew Dragon. L’ESA doit donc s’adapter à ces priorités américaines et reprogrammer les rotations de ses astronautes, y compris Liégeois, une fois le nouveau calendrier établi.
Parallèlement à ces difficultés techniques, des facteurs politiques interviennent, notamment la réduction du budget de la NASA décidée par le président américain Donald Trump. Le projet de budget 2026 prévoit une baisse d’environ 20 à 25 % des moyens de l’agence par rapport à l’année précédente, avec des réductions significatives dans certains programmes et une pression accrue sur les coûts d’exploitation de l’ISS.
Ce contexte technique et politique impacte directement le calendrier de Raphaël Liégeois, bien que sa mission soit toujours confirmée pour une date ultérieure. Les décisions concernant Starliner, la reprogrammation des missions Crew Dragon et les discussions budgétaires à Washington rendent la planification plus fragile. Néanmoins, l’ESA et la Belgique maintiennent que l’astronaute belge volera avant la désorbitation de l’ISS, prévue pour 2030.
Frank De Winne souligne que, malgré ces reports, Raphaël Liégeois ira « bel et bien dans l’espace », et les expériences scientifiques belges prévues pour 2026 pourront être adaptées au nouveau calendrier. Pour mémoire, Raphaël réalisera des expériences scientifiques, dont trois développées par des scientifiques belges.
Pour la Belgique, il est essentiel de permettre à son astronaute de rejoindre l’ISS et de maintenir un écosystème spatial national bénéficiant des investissements réalisés au niveau européen.
Avec la promesse de plus d’un milliard d’euros sur la période couverte par la dernière réunion ministérielle, la Belgique confirme sa volonté d’être un partenaire clé de l’ESA, même si elle descend au sixième rang des contributeurs derrière l’Espagne. Cette position lui permet d’influer sur les grandes orientations, telles que les lanceurs européens, l’observation de la Terre, la sécurité spatiale, l’exploration, ainsi que sur les missions habitées et les centres d’expertise comme l’ESEC de Redu.
Dans un communiqué, la ministre fédérale Vanessa Matz a souligné le rôle fondamental de la Belgique dans ce programme européen, précisant que « la Belgique conserve sa deuxième place en termes de contribution par habitant, après le Luxembourg ». Elle a ajouté que, depuis la création de l’ESA, le pays a constamment choisi d’investir dans ses activités spatiales dans un cadre européen, contrairement à de nombreux autres pays qui disposent de leur propre agence spatiale en plus de leur contribution à l’ESA.
La ministre a également rappelé que « le secteur spatial belge représente plus de 100 entreprises, 9 universités, 13 centres de recherche et des milliers d’emplois. Chaque euro investi dans l’ESA se traduit par des contrats, de l’emploi et de la croissance pour nos entreprises. La contribution belge renforce également l’autonomie stratégique de l’Europe ».
Pour Raphaël Liégeois, ce soutien se traduit concrètement par les moyens de formation et la préparation d’expériences scientifiques belges qui l’accompagneront sur l’ISS, avec l’assurance que, malgré les retards, une place lui est réservée à bord de la station avant 2030.
Il est probablement nécessaire d’accepter que dans le domaine spatial, les dates s’écrivent toujours au crayon, mais l’horizon demeure le même : voir, dans quelques années, un troisième Belge « flotter » à bord de la Station spatiale internationale.

