Vers un accord de paix en Ukraine ? Une « très mauvaise chorégraphie diplomatique ».
Michel Liégeois, professeur en relations internationales à l’UCLouvain, a déclaré que les négociations sont « désordonnées » et qu’il en doute d’un aboutissement à court terme. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé que l’Europe soutiendra l’Ukraine sans relâche jusqu’à ce qu’elle obtienne une paix « juste et durable ».
Interrogé sur La Première à propos des récentes avancées, le professeur en relations internationales à l’UCLouvain, Michel Liégeois, remarque « des négociations désordonnées » qui, selon lui, remettent en question la possibilité d’un aboutissement rapide. Pour ce spécialiste, il s’agit plutôt « d’une très mauvaise chorégraphie diplomatique. »
Afin de rétablir un certain ordre, il serait nécessaire que de « vrais textes » soient présentés. Il souligne : « Jusqu’à présent, nous avons observé des documents qui ont fuité et qui manquent de clarté sur les éléments les plus cruciaux des négociations, tel que le statut des territoires susceptibles d’être cédés à la Russie. »
Ce constat est partagé par Laetitia Spetchinsky, docteure en relations internationales à l’UCLouvain et spécialiste de la Russie. Elle affirme : « Actuellement, il ne s’agit que d’un bout de papier qui pourrait bien disparaître, comme cela a déjà été le cas avec plusieurs propositions de paix qui se sont révélées être plutôt des propositions de capitulation pour l’Ukraine. »
Philippe Hensmans, ancien directeur de la section belge francophone d’Amnesty International, estime quant à lui que nous sommes « probablement proches d’un cessez-le-feu », mais il souligne également que « nous sommes encore loin d’un véritable processus de paix et d’une situation pacifique. […] De nombreux points demeurent à résoudre, et s’ils ne le sont pas, ils pourraient mener à de nouvelles relances du conflit. »
Concernant la relation russo-américaine, celle-ci reste ambiguë. Lors d’une discussion empreinte de cordialité, le « Steve » américain et le « Youri » russe évoquent un futur plan de règlement du conflit, inspiré d’un précédent accord concernant la guerre à Gaza, tout en planifiant un appel entre les présidents américain et russe.
Le chercheur Michel Liégeois analyse ce phénomène en ces termes : « Nous avons un échantillon de la diplomatie selon Donald Trump. Il teste plusieurs options et observe les résultats. Je pense qu’il n’a pas beaucoup d’illusions sur le fait que le plan en 28 points devienne la solution, mais cela lui permet de voir ce qui pourrait fonctionner. Ce qui l’intéresse personnellement, c’est d’être reconnu comme l’architecte du futur accord de paix. »
Cependant, ces réunions téléphoniques secrètes ont créé des tensions au sein du gouvernement américain. Le ministre des Affaires étrangères a été contraint de clarifier, avant son départ pour les négociations de Genève, que le plan en 28 points provenait bien des États-Unis et non de la Russie.
En Ukraine, le président Volodymyr Zelensky, face à une pression croissante, adopte la stratégie du « bon élève » afin de ne pas compromettre le soutien de son allié américain. Il multiplie les signaux positifs pour que, si le plan échoue, la responsabilité incombe à Moscou et non à Kiev.
Sur le plan politique, Zelensky fait face à un vaste scandale de corruption impliquant l’un de ses proches, ce qui fragilise l’Ukraine dans ses négociations avec l’Union européenne, la lutte contre la corruption étant cruciale pour son adhésion.
Militairement, les forces ukrainiennes rencontrent d’importants problèmes de mobilisation et de pénurie de munitions. Presque 20 % du territoire ukrainien est actuellement sous le contrôle de l’armée russe, avec une accélération de cette situation, tandis que les bombardements sur les infrastructures ukrainiennes se poursuivent.
Michel Liégeois rappelle : « La faiblesse de l’Ukraine dépend fortement du soutien extérieur. Les problèmes internes peuvent être compensés par des aides militaires. » Dans ce contexte délicat, Zelensky est contraint de ne pas brusquer son allié américain, car, selon Laetitia Spetchinsky, « il n’y a pour l’instant aucune raison que le Kremlin concède quoi que ce soit à l’Ukraine ou à ses partenaires européens. » Pourtant, la situation économique de la Russie serait, selon elle, bien plus fragile qu’elle ne veut le faire croire.
Les Européens, quant à eux, peinent à se faire entendre dans ce règlement de conflit. Le Kremlin a qualifié leurs efforts d’« inutiles » et le président américain souhaite garder le contrôle des négociations. Ce mercredi, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a déclaré que l’Europe continuera de soutenir l’Ukraine jusqu’à obtenir une paix « juste et durable ». Emmanuel Macron a également souligné l’importance de garanties solides de sécurité pour une paix durable.
En conclusion, la connectivité entre l’Ukraine et les alliés européens reste marquée par la nécessité de garantir qu’aucune modification territoriale ne se fasse sous la contrainte d’une agression militaire, des points qui seront sujets à de prochaines négociations, d’autant que le président russe a déclaré que la Russie « cessera les hostilités » si l’armée ukrainienne se retire des territoires revendiqués par Moscou. La paix semble encore lointaine.

