Billets, nourriture, camping : la TVA menace les festivals.
Le gouvernement De Wever a annoncé une hausse de la TVA sur les billets d’entrée aux festivals de musique, passant de 6% à 12%. La Fédération nationale des festivals souligne que « la mauvaise santé financière est une réalité et pour le public, les places deviennent trop chères ».
C’est une véritable surprise dans le secteur des festivals, mais avec un goût amer. Lors de la présentation de son budget, le gouvernement De Wever a annoncé des augmentations ciblées de la TVA, notamment sur les billets d’entrée aux festivals de musique.
La TVA passe ainsi de 6 % à 12 % sur les tickets. « Tout le secteur est en émoi », réagit Fabrice Lamproye, organisateur des Ardentes. « C’est une grosse surprise. Cela va avoir un impact certain sur le public, surtout pour un public jeune », déplore-t-il.
Et comme une surprise n’arrive jamais seule, les festivals devront également faire face à d’autres hausses de TVA qui les affecteront directement. Une augmentation de 6 % à 12 % est aussi prévue pour les nuitées en campings et la nourriture à emporter. « C’est la double, voire la triple peine », lance Fabrice Lamproye.
Pour Gino Innocente, organisateur du Ronquières Festival, « c’est un coup de massue ». « On parle de centaines de milliers d’euros d’impact pour un festival comme Ronquières. Très peu d’événements pourraient absorber ce coût sans broncher », explique-t-il. « On n’avait pas besoin de ça. Tout le monde sort d’une année particulièrement difficile. Pour la première fois, on a perdu de l’argent en 2025. On n’aura donc d’autre choix que de répercuter cette augmentation sur le prix des billets ».
Le pass 3 jours est actuellement vendu à 149 €. Avec une TVA à 12 %, il faudra débourser 157,5 €. À cela s’ajoute la hausse de la TVA sur les nuitées de camping, faisant passer le prix du pass camping de 25 € à 26,5 €. La nourriture à emporter verra également sa TVA doubler. Prenons l’exemple d’un festivalier consommant pour 35 € de nourriture par jour. Il devra débourser 6 € de plus sur le week-end. En tout, ces augmentations lui feront dépenser 16 € de plus par rapport à l’an dernier, sans compter les hausses éventuelles mises en place par le festival lui-même.
Ces augmentations peuvent sembler anodines à première vue pour les festivaliers d’un jour, mais leur impact sera bien plus conséquent pour ceux qui réservent un pass « week-end ». Côté boissons, la TVA reste à 21 % sur l’alcool, et va baisser de 21 % à 12 % sur les boissons non alcoolisées consommées sur place. Mais qu’en sera-t-il pour les festivals ? Va-t-elle également baisser ou rester à 21 % ? Cela n’a pas encore été déterminé, précise-t-on du côté du cabinet du ministre des Finances Jan Jambon (N-VA).
La santé financière de nombreux festivals était déjà en péril cette année. « L’été 2025 n’a pas été exceptionnel pour une grande majorité des festivals. On a un modèle très compliqué parce qu’on doit atteindre 85 %-90 % de la capacité pour atteindre la rentabilité », détaille Gino Innocente, du Ronquières Festival. « Suite à la période covid, il y a eu une énorme augmentation de coûts. Les cachets des artistes ont beaucoup augmenté, les productions sont de plus en plus grosses. La marge de manœuvre pour les organisateurs est très réduite ». Pour lui, « la survie de certains festivals est clairement en jeu ».
La Fédération nationale des festivals juge la situation préoccupante. « Il y a plus de 300 festivals en Belgique », explique Serge Platel, son président. « La mauvaise santé financière est une réalité et pour le public, les places deviennent trop chères ». « Pourtant, ce n’est pas un produit de luxe », martèle-t-il. « C’est essentiel en termes de cohésion et de créativité ».
Une position partagée par Samuel Chappel, directeur du festival LaSemo. « C’est indispensable de garder un accès pour toutes et tous à la culture. On veut rester accessibles. La musique, le théâtre, le spectacle sont un droit, et on va se battre pour ». Gino Innocente, du Ronquières Festival, abonde dans ce sens : « On a toujours fait en sorte de garder des prix accessibles, mais ici, je ne vois pas comment on peut survivre autrement qu’en augmentant les tarifs. Cela risque de faire mal à pas mal de personnes qui auront de plus en plus de mal à se permettre d’aller à ce genre d’événements. C’est regrettable ».
« C’est un impôt sur la jeunesse, le vivre-ensemble, la culture et le dynamisme économique d’une région qui dépend de ça ! C’est un non-sens évident », ajoute Samuel Chappel. Serge Platel, de la fédération des festivals, souligne que cette mesure risque aussi d’affecter la compétitivité de la Belgique par rapport à nos pays voisins. Au Luxembourg, la TVA sur les billets des festivals est fixée à 3 %. En France, 5,5 %. En Allemagne, 7 %. Et aux Pays-Bas, 9 %, après une tentative ratée de la faire passer à 21 %.
La Fédération des festivals a fait part de nombreuses interrogations et interpellations au gouvernement. Le cabinet du ministre des Finances Jan Jambon (N-VA) confirme être bien au courant de ces inquiétudes et demande un peu de patience afin que des réponses précises puissent être apportées. Toutes les zones d’ombre devraient être éclaircies en début de semaine prochaine, assure le cabinet.

