France

Pourquoi le Goncourt des lycéens ne séduit-il pas moins que son aîné ?

Le nom du lauréat sera dévoilé ce jeudi aux alentours de 13 heures à la mairie de Rennes, la ville où le prix a vu le jour en 1988. En 2016, Gaël Faye avait décroché le prix Goncourt des lycéens pour son roman « Petit pays ».


Le lauréat du prix Goncourt des lycéens sera annoncé ce jeudi vers 13 heures à la mairie de Rennes, ville fondatrice du prix en 1988. Ce prix, organisé par la Fnac et le ministère de l’Éducation nationale, intervient après les remises du Goncourt, du Renaudot et du Femina, clôturant ainsi la saison des prix littéraires. Cinq romans sont en lice cette année pour succéder à Madelaine avant l’aube (JC Lattès) de Sandrine Collette. Parmi les finalistes, deux ont déjà été récompensés cet automne, à savoir Laurent Mauvignier, lauréat du Goncourt pour sa saga familiale de 750 pages, La maison vide (Les éditions de minuit), et Nathacha Appanah, lauréate du Femina avec La nuit au cœur (Gallimard).

Un roman ne recevant généralement pas deux prix littéraires, les trois autres candidats pourraient ainsi tirer parti de la situation, à savoir Paul Gasnier avec La collision (Gallimard), David Deneufgermain pour L’adieu au visage (Éditions Marchialy) et David Thomas avec Un frère (L’Olivier). Maïté Defives, connue sous le nom de MademoiselleLit sur Instagram, pronostique : « Je mets une pièce sur Paul Gasnier. Il est déjà connu puisqu’il est journaliste pour l’émission Quotidien et son récit sur la mort brutale de sa mère est bouleversant. C’est clairement mon chouchou cette année. »

Déjà parmi les meilleures ventes de la rentrée, le premier roman de Paul Gasnier, s’il est primé, sera d’autant plus recherché dans les librairies à l’approche des fêtes. En effet, remporter le Goncourt des lycéens garantit un succès commercial. Souvent, ses ventes surpassent celles du Goncourt, plus prestigieux. Olivier Bessard-Banquy, enseignant des métiers du livre à l’université Bordeaux-Montaigne, souligne : « Ce prix a acquis une solide notoriété depuis plusieurs années et c’est vrai qu’il est parfois bien meilleur que le Goncourt qui plébiscite des ratés certaines années. »

Influente dans le monde littéraire, Maïté Defives confie également avoir « plus d’affinités » avec le Goncourt des lycéens qu’avec le Goncourt, qui l’a parfois déçue. « C’est généralement plus populaire, plus accessible, parfois un peu plus court et un peu moins littéraire en termes de plume », déclare la « bookstagrameuse », forte de plus de 100.000 abonnés sur les réseaux sociaux. Olivier Bessard-Banquy partage cette opinion : « Le Goncourt des lycéens récompense souvent un roman qui fait parler de lui avec des récits qui peuvent toucher plus largement le public. C’est plus un prix de la confirmation qu’un prix de la révélation. »

Aliénor Mauvignier, gérante de la librairie Comment dire à Rennes, réfute l’idée que le Goncourt soit « élitiste », car il vise à toucher un large public. Selon elle, le Goncourt des lycéens remporte encore plus d’adhésion car « c’est un prix des lecteurs » et non attribué par un jury de professionnels. Les scandales ayant affecté le Goncourt dans le passé ont également contribué à la renommée de son homologue lycéen. « Ce prix a pour lui sa pureté, indique Olivier Bessard-Banquy. On a un jury composé uniquement de jeunes lecteurs passionnés qui ne sont pas dans les combines. »

Aliénor Mauvignier renchérit : « On sait que le jury du Goncourt des lycéens sera honnête et qu’il n’y aura pas de soupçons de connivence. » Elle ajoute : « Les lycéens votent avec le cœur et sans autre considération. C’est cela qui contribue au succès de ce prix. » À l’approche des fêtes, alors que de nombreux romans seront offerts, le Goncourt des lycéens se positionne comme une référence rassurante. « Comme le Goncourt, c’est une valeur refuge pour les fêtes, témoigne Aliénor Mauvignier. Et lorsque l’on cherche un cadeau pour un jeune, on pense que le Goncourt des lycéens sera sûrement plus lisible. »