La principale agence sanitaire américaine diffuse une théorie fausse sur les vaccins.
Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont changé leur réponse concernant un lien entre vaccins et autisme, affirmant que leur précédent démenti n’était « pas fondé sur des preuves ». « Plus de 40 études de grande qualité » ont été menées « sur plus de 5,6 millions de personnes » pour démontrer qu’il n’existe pas de lien entre vaccination et autisme.
La principale agence sanitaire des États-Unis évoque à présent un possible lien entre les vaccins et l’autisme, une hypothèse maintes fois démentie, faisant écho aux thèses du controversé ministre de la Santé sous Donald Trump, une évolution condamnée jeudi par la communauté scientifique. Dans une mise à jour tardive de son site internet mercredi, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont profondément modifié leur réponse sur ce sujet.
Jusqu’à présent, l’agence soulignait qu’un grand nombre d’études avaient « démontré qu’il n’existe aucun lien entre la vaccination et le développement d’un trouble du spectre autistique », une conclusion partagée par l’OMS et les principales institutions scientifiques. Jeudi, ce texte a été largement remplacé par des éléments de langage qui reprennent ceux de Robert Kennedy Jr, le ministre de la Santé, qui propage depuis des années des théories complotistes sur les vaccins, y compris sur ceux liés au Covid-19.
L’agence déclare désormais que son précédent démenti n’était « pas fondé sur des preuves » et accuse les autorités sanitaires d’avoir ignoré les études soutenant un tel lien. Pourtant, des années de recherche ont démontré l’absence de lien de causalité entre les vaccinations et l’autisme ou d’autres troubles du développement neurologique.
« C’est extrêmement inquiétant », avertit Helen Tager-Flusberg, spécialiste de l’autisme à l’Université de Boston, lors d’une déclaration à l’AFP. « J’ai l’impression que nous revenons au Moyen Age… nous sapons la science en la liant aux intérêts politiques », déclare-t-elle, précisant que ce changement engendrera des peurs inutiles chez les parents et les incitera à ne pas vacciner leurs enfants.
Elle prévient qu’une augmentation significative des maladies infantiles mortelles est à prévoir, certaines, comme la rougeole, revenant déjà fortement aux États-Unis en raison de la baisse des taux de vaccination. D’autres experts et professionnels de santé ont vigoureusement condamné cette décision, jugeant l’agence désormais indigne de confiance, tandis que des associations antivaccins remerciaient le ministre. Une membre d’un syndicat d’employés des CDC a rapporté que les équipes étaient « très inquiètes et en colère ».
Par ailleurs, le site a pu prêter à confusion, car il continuait d’affirmer que « les vaccins ne causent pas l’autisme », une condition posée en début d’année par un sénateur républicain en échange de son soutien à la nomination de Robert Kennedy Jr. Bill Cassidy, médecin de formation, a réitéré jeudi sur X que « toute déclaration contraire » était « fausse, irresponsable et contribu(ait) activement à aggraver l’état de santé des Américains ».
« En détournant l’attention vers des facteurs dont nous savons avec certitude qu’ils NE causent PAS l’autisme, on prive les familles des réponses qu’elles méritent », a-t-il ajouté, sans jamais mentionner le ministre. La théorie infondée établissant un lien entre l’autisme et un vaccin infantile – celui contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) – découle d’une étude falsifiée publiée en 1998, ensuite rétractée et maintes fois démentie.
« Plus de 40 études de grande qualité » ont depuis été réalisées « sur plus de 5,6 millions de personnes », a précisé Susan Kressly, présidente de l’Académie américaine de pédiatrie, dans un communiqué. Elle insiste : « Quiconque répète ce mythe nuisible est mal informé ou cherche intentionnellement à induire les parents en erreur ».
Depuis sa prise de fonction, Robert Kennedy Jr a initié une réforme en profondeur des agences sanitaires américaines, procédant à des licenciements massifs et à des réductions budgétaires, tout en promettant d’établir les causes de ce qu’il appelle une « épidémie » d’autisme. Cet engagement suscite des inquiétudes parmi les experts en raison de la complexité du sujet et du rôle que pourraient jouer des personnalités controversées nommées par le ministre, telles que David Geier, un chercheur convaincu de ce lien. Ce dernier, reconnu coupable d’exercer la médecine sans qualification adéquate, a produit plusieurs études sur le sujet, dont la méthodologie, les données et les résultats ont été vivement contestés.

