Belgique

Grève nationale : solutions pour les non-grévistes empêchés de travailler ?

Sébastien Demoustiez ne peut pas travailler ce mercredi car il a appris qu’il devait rester chez lui s’il ne souhaitait pas participer au mouvement de grève. Selon l’avocate Céline Kunnen, il n’est pas illégal pour l’employeur de demander à son travailleur de prendre un jour de récupération ou un jour de congé s’il en dispose.


Sébastien Demoustiez ne peut pas se rendre au travail ce mercredi. Cet informaticien, non gréviste au sein du site montois du groupe hospitalier Helora, a reçu l’information qu’il devait rester chez lui s’il ne souhaitait pas participer au mouvement de grève.

« C’est une prise d’otage, on ne nous laisse pas le choix », déclare-t-il.

« Nous avons été informés de la grève la semaine dernière. Hier, nous avons reçu une nouvelle notification nous indiquant qu’il était impossible de venir travailler. Nous avions plusieurs options : prendre un congé, opter pour un congé sans solde ou bien se déclarer gréviste », explique le travailleur.

« C’est une prise d’otage. On ne nous laisse pas le choix. On nous empêche de travailler, on nous retire notre droit au travail, ça me révolte », ajoute-t-il.

Les syndicats jugent la situation surprenante, mais estiment qu’elle est normale. Selon eux, la grève est tellement suivie que Sébastien n’aurait rien à faire s’il se présentait au travail. « Un travailleur s’insère dans une chaîne de commandement, une chaîne de travail, qui opère au sein d’un collectif », décrit Sébastien Robeet, secrétaire national non-marchand CNE. En d’autres termes, aucun maillon ne peut fonctionner correctement « si le collectif n’est pas là ».

Seules les prestations d’intérêt vital sont alors assurées. « Nous demandons à certaines personnes de venir, et aux autres, nous leur disons : ‘Restez chez vous’ ».

Une question se pose : est-il légal d’interdire à un employé de venir travailler alors qu’il ne souhaite ni prendre de congé, ni participer au mouvement ? Maître Céline Kunnen, avocate spécialisée en droit du travail, répond.

« Ce n’est pas illégal en soi », estime-t-elle.

« L’employeur peut demander à son travailleur de prendre un jour de récupération, s’il en dispose. Ce n’est pas illégal de faire cette demande. L’employeur peut également demander à son travailleur de prendre un jour de congé, s’il en a encore. Si le travailleur refuse, alors le juge devra trancher, en tenant compte de la bonne organisation de l’entreprise. »

La direction de l’hôpital défend sa position en précisant que son action repose sur une concertation syndicale. « Le principe, c’est la concertation syndicale. Nous nous mettons d’accord sur un mode de fonctionnement. La priorité, c’est le patient. Il est donc impératif d’assurer tous les soins incontournables, comme les soins d’urgence et les programmes oncologiques », rappelle Joëlle De Grox, directrice générale des hôpitaux Helora. « Ce n’est pas nécessaire de faire appel à l’ensemble de l’équipe », admet-elle, tout en reconnaissant que ce service minimum n’est pas optimal pour tous les travailleurs.

« Je pense que les personnes concernées auraient voulu faire différemment », ajoute-t-elle.

Les travailleurs non-grévistes, n’appartenant pas à l’unité de grève, pourraient bénéficier du chômage temporaire pour cas de force majeure.