Vivre dans une « passoire énergétique » : quelles solutions de paiement ?
Thierry Michiels habite à Bruxelles, un petit appartement de 50 mètres carrés, au troisième étage juste sous le toit, et son PEB est une classe G. En Région bruxelloise, 45% des certificats PEB sont de classes énergétiques « F » et « G », tandis qu’en Région wallonne, ce score est de 38%.
Nous avons rencontré un locataire à Bruxelles et une propriétaire en Région wallonne. Leurs factures d’énergie atteignent des sommets tandis que l’isolation de leurs logements est insuffisante. Comment s’en sortent-ils ?
« Il n’y a rien d’isolé ici. Les murs, c’est de la farine. Ma réaction a été de me demander si le courant ne s’en allait pas par la fenêtre », déclare Thierry Michiels, qui habite un petit appartement de 50 mètres carrés à Bruxelles, au troisième étage juste sous le toit. Il se retrouve avec un PEB « G », qualifié de « passoire énergétique ».
Il n’y a pas de chauffage central. « Quand je suis arrivé au début, je me chauffais avec trois radiateurs à huile, électriques. C’est du 3.500 watts », explique-t-il.
Locataire depuis 5 ans, Thierry a vu sa facture d’électricité grimper à environ 300 euros par mois les premières années, une charge conséquente pour lui qui reçoit une aide du CPAS.
Il y a quelques mois, il a reçu son certificat énergétique : « Quand j’ai reçu ça, j’ai pleuré. J’ai pleuré, j’ai dit à tout le monde que j’allais partir, que je trouverais un travail et que je m’en irais. En été, tu fuis la maison. Les températures sont accablantes. On ne peut pas rester ici. On ne mange plus. On devient faible. C’est insupportable par de telles températures. »
Pour réduire ses dépenses en hiver, Thierry a abandonné ses radiateurs électriques pour un chauffage au pétrole.
**Situation préoccupante en Régions wallonne et bruxelloise**
Le cas de Thierry n’est pas isolé : en Région bruxelloise, 45 % des certificats PEB sont de classes énergétiques « F » et « G », le minimum. En Région wallonne, la situation est légèrement meilleure mais reste alarmante avec un score de 38 %. Les locataires ne sont pas les seuls à souffrir de cette situation.
Nous avons rencontré Pacou à Grandhan, près de Durbuy. Elle a hérité d’une maison, ce qui lui permet de commencer des travaux après avoir vécu dans la précarité. Elle s’attaque à l’isolation, mais reconnait que tout reste à faire. « Dans la cuisine, ce n’est pas encore terminé. On peut voir, par exemple, une fente dans le mur. Le froid rentrait par là. Tout a été isolé. Dans les chambres et la salle de bains, il faisait dix degrés », précise-t-elle.
Malheureusement, elle a rencontré des difficultés, notamment une escroquerie. Elle a versé 17.000 euros d’acompte à un entrepreneur qui n’est jamais venu effectuer les travaux. Elle devait également compter sur une prime de la Région wallonne, mais avec les réformes à venir début 2025, son aide diminuerait de 90 % à 30 %, ce qui lui ferait perdre au minimum 30.000 euros.
** »Investir parfois jusqu’à 100% à charge de l’Etat »**
Les propriétaires, souvent en difficulté, sont également concernés. Christine Mahy, Secrétaire générale du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté, propose une approche plus collective pour ces investissements. « Il faut inventer une intervention plus collective que la prime. La prime, c’est un chemin individuel. Ici, on aurait une proposition plus audacieuse : identifier proactivement où il est nécessaire d’intervenir et voir comment on investit, parfois jusqu’à 100 % à charge de l’État. Cela serait bénéfique à terme. »
Cette proposition vise à résoudre le problème de la précarité énergétique, qui affecte aujourd’hui de nombreux citoyens, locataires ou propriétaires. La question qui demeure pour eux est : « Comment vais-je pouvoir payer ? »

