France

Fast fashion : Shein est-il vraiment plus critiqué que Zara ou H&M ?

83 députés ont demandé dans La Tribune Dimanche l’interdiction de Shein en France. En 2022, Shein a mis en ligne 315.000 produits, contre 6.850 pour Zara et 4.400 pour H&M.


Ils qualifient cela de « catastrophe environnementale » et soulignent un « modèle industriel fondé sur la surproduction et le jetable ». Dans une déclaration publiée dans La Tribune Dimanche, 83 députés ont demandé l’interdiction de Shein en France.

Comme pour chaque annonce relative à la marque chinoise et à sa plateforme de vente de produits à bas prix, notamment son ouverture au début du mois au BHV, un grand magasin parisien, les commentaires ont afflué sur la page Facebook de 20 Minutes, ainsi que sur d’autres réseaux sociaux, notant que Shein n’est pas la seule enseigne à faire produire ses vêtements en Chine. Ces commentaires sous-entendent que la plateforme d’ultra fast fashion ne serait pas la seule à être impliquée dans des pratiques contestables.

**« Shein, l’arbre qui cache la forêt »**
L’impact environnemental et sociétal des vêtements issus de la fast fashion est en effet bien documenté depuis plusieurs années. Y a-t-il néanmoins une différence entre ce modèle, représenté par des marques telles que Zara, H&M ou Kiabi, et l’ultra fast fashion, qui propose quotidiennement de nouveaux modèles à la vente en ligne ? « Pour nous, Shein c’est vraiment l’arbre qui cache la forêt. Dans les faits, ce sont les mêmes pratiques qui ont été mises en place par la fast fashion il y a vingt ou trente ans », a déclaré à 20 Minutes Pauline Debrabandere, responsable plaidoyer chez Zero Waste France.

L’association fait partie d’un collectif, Stop fast-fashion, qui lutte contre la surproduction textile. Elle cite l’exemple du mode de transport des vêtements : « Certaines des marques de fast fashion faisaient déjà envoyer par avion leurs colis et leurs vêtements avant que Shein ne le fasse. » Cependant, le volume des commandes passées sur les différentes marketplaces chinoises a considérablement augmenté.

**Des vêtements chaque jour**
Pauline Debrabandere souligne aussi les pratiques marketing de l’industrie : « L’incitation à la surconsommation auprès des consommateurs et consommatrices, avec des promotions permanentes, des roues de la fortune, des points de fidélité, des collections qui sont renouvelées. Ils n’ont pas attendu Shein pour faire cela. » Elle résume ainsi : « Pour nous, la surproduction est la norme du secteur. »

Entre collaborations avec des personnalités, collections éphémères pour des fêtes ou pour accompagner la sortie de films ou de séries, les marques de fast fashion se distinguent avec, pour certaines, jusqu’à 52 collections par an. Sur des plateformes telles que Shein, de nouveaux modèles sont mis en vente chaque jour. D’après le cabinet Nielsen, en 2022, Shein a répertorié 315 000 produits, contre 6 850 pour Zara et 4 400 pour H&M.

**Des interrogations sur la qualité de certains habits**
La qualité de ces vêtements est remise en question : sur 56 habits achetés entre mai et juin sur Shein par la branche allemande de Greenpeace, 18 dépassaient les limites européennes de certaines substances chimiques. La plateforme a annoncé le retrait de ces articles de la vente. Ce problème ne concerne pas uniquement Shein, mais d’autres places de marché également. Une association de consommateurs danoise a relevé des taux supérieurs aux normes européennes de PFAS, surnommés les « polluants éternels », sur des vestes imperméables vendues sur Shein, Temu et Amazon.

Un problème majeur commun à la mode éphémère et à l’ultra-éphémère est la gestion des déchets. Les vêtements qui apportaient de la joie lorsqu’ils étaient dans nos armoires deviennent des possessions encombrantes lorsqu’ils ne sont plus portables. « Aujourd’hui, en France, la filière de recyclage textile est en crise », souligne Pauline Debrabandere. Les bennes de collecte débordent, submergées par des vêtements à la durée de vie trop courte, à tel point que Le Relais, qui collecte plus de la moitié des vêtements en France, a temporairement cessé la collecte en début d’année. Un signal d’alarme pour redonner une chance à ce petit gilet qui dormait au fond de la penderie ?