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Guerre en Ukraine : La Russie a-t-elle imposé son plan de paix ?

Le plan de paix pour l’Ukraine dévoilé par les Etats-Unis a semé la confusion à Kiev et à Washington. La Maison-Blanche a reconnu que Kirill Dmitriev et Steve Witkoff avaient rédigé le texte sans consultation de l’Ukraine ni de ses partenaires européens.


Ce sont 28 points qui soulèvent de nombreuses interrogations. Le plan de paix pour l’Ukraine dévoilé par les États-Unis a engendré la confusion tant à Kiev qu’à Washington. Ce plan intègre plusieurs exigences clés formulées par Moscou : céder des territoires, réduire la taille de l’armée et renoncer à rejoindre l’Otan. De nombreux médias, comme le *Guardian* ou le *Monde*, ont également signalé la similitude de certaines formulations du texte avec des expressions russes. Ces doutes soulèvent la question de l’influence réelle du Kremlin sur ce document.

Certaines tournures apparaissent maladroites en anglais mais logiques en russe, ce qui intrigue les experts et alimente les spéculations sur l’origine de ce plan. Par exemple, le document utilise l’expression « it is expected », qui pourrait être traduite par « il est attendu que », une formulation peu naturelle en anglais mais parfaitement courante en russe. Ces éléments poussent de nombreux experts à penser que le texte pourrait avoir été rédigé ou, à tout le moins, fortement influencé par un locuteur russe.

La Maison-Blanche a confirmé que Kirill Dmitriev, président du Fonds d’investissement direct russe et envoyé du Kremlin, avait rédigé le texte en collaboration avec Steve Witkoff, représentant spécial de Donald Trump. Leur rencontre à Miami a donné naissance à ce document élaboré sans consultation de l’Ukraine ni de ses partenaires européens. Ces révélations ont provoqué un notable embarras au sein de l’administration américaine. Phil Gordon, ancien conseiller diplomatique à la Maison-Blanche, a critiqué l’absence du Conseil de sécurité nationale dans la coordination de ce texte.

Selon le *Monde*, la proximité de Donald Trump avec Vladimir Poutine et sa confiance personnelle en Steve Witkoff expliqueraient la genèse de ce plan. Jared Kushner, le gendre de l’ancien président, a été sollicité pour appliquer à l’Ukraine le modèle de médiation qu’il avait utilisé pour la libération des otages du Hamas. Néanmoins, la prudence s’impose : plusieurs sénateurs américains ont rapporté que le secrétaire d’État Marco Rubio avait qualifié le document de simple « liste de souhaits russe », une façon de s’en distancier officiellement.

Donald Trump, pour sa part, semble peu intéressé par les détails. Sur son réseau social Truth Social, il a accusé Joe Biden et Volodymyr Zelensky de ne pas avoir su saisir les opportunités de médiation américaines, sans mentionner Vladimir Poutine. Cette attitude illustre la complexité et la volatilité de la diplomatie américaine concernant l’Ukraine. Pendant ce temps, l’Europe reste à l’écart, confrontée à un plan qui pourrait redéfinir les lignes rouges du conflit, sans même avoir été consultée.