« Ecole au rabais » : les enseignants restent sceptiques aux propositions de la Convention citoyenne.
Les syndicats enseignants critiquent les propositions du rapport de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant, adoptées dimanche, notamment l’instauration d’apprentissages théoriques le matin et pratiques l’après-midi. Le Snes-FSU considère que cela ouvrirait la porte à une sortie potentielle des arts plastiques, de l’éducation musicale et de l’EPS du cadre national des enseignements.
« Zapping », « école au rabais », « déconnecté » : les syndicats d’enseignants expriment leurs critiques à l’égard des propositions formulées dans le rapport de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant, approuvées dimanche.
Parmi ces propositions, l’instauration d’« apprentissages théoriques le matin et d’apprentissages pratiques l’après-midi » est considérée comme un « point rouge » par la CFDT Éducation. Ces changements se traduiraient par deux heures d’« apprentissages pratiques » obligatoires suivies d’activités artistiques et sportives gratuites à partir de 15h30. Caroline Brisedoux, secrétaire nationale de la CFDT Éducation, juge que la distinction entre apprentissages pratiques et théoriques « n’a pas de sens ». Elle souligne également un « problème matériel », indiquant qu’il serait impossible, par exemple, de concentrer tous les enseignements sportifs l’après-midi.
Pour le Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), cette proposition « ouvre la porte à une sortie potentielle des arts plastiques, de l’éducation musicale et de l’EPS (Éducation physique et sportive) du cadre national des enseignements ». De plus, une « éventuelle prise en charge par des acteurs et actrices extérieurs » après 15h30 « dépendrait des associations disponibles localement et des ressources financières », ce qui risquerait d’accroître « les inégalités territoriales » et « les inégalités sociales ».
La Convention suggère également de réduire la durée des cours à 45 minutes dans le secondaire (contre une heure actuellement) et de commencer les cours à 9 heures au collège et au lycée. Cela entraînerait une « impasse organisationnelle » et constituerait une « école au rabais » avec un « zapping permanent », selon un communiqué du Snes. Ses effets seraient « particulièrement défavorables aux élèves les plus en difficulté ».
Parmi les autres mesures importantes de la Convention, il y a l’idée d’établir cinq jours d’école « pleins » par semaine dès l’école élémentaire, dans le but de mieux répartir les apprentissages. Néanmoins, la FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire, estime qu’une telle réorganisation, déjà tentée en 2013, « n’a convaincu aucun des acteurs de l’éducation ». Pour ce syndicat, « l’urgence est de redonner des moyens à l’école ».
Le Snalc (collèges et lycées) évalue quant à lui que les 4 millions d’euros dépensés pour la Convention citoyenne sont « 4 millions d’euros jetés par la fenêtre ». Il déplore que « l’ensemble du rapport est complètement déconnecté de ses conditions de réalisation et du fonctionnement réel de notre pays ».
« Commencer l’école plus tard, la finir plus tôt, avec davantage de pauses, le même nombre de semaines de vacances et des programmes allégés ne va rien améliorer du tout. Tout au plus va-t-on renforcer le marché du soutien scolaire », conclut-il dans un communiqué.

