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« La voiture électrique est 41 % moins chère que le thermique »

Bruxelles envisage d’assouplir l’interdiction des voitures thermiques en 2035, malgré l’opposition de certains constructeurs et pays comme l’Allemagne et l’Italie. Aurélien de Meaux, patron et co-fondateur d’Electra, une entreprise française créée en 2021 spécialisée dans les bornes de recharge pour voitures électriques, a déclaré que « détricoter la réglementation 2035 serait une erreur ».


Alors que Bruxelles envisage de assouplir l’interdiction des voitures thermiques en 2035, cette décision fait débat. Electra, une entreprise spécialisée dans les bornes de recharge pour voitures électriques, exprime ses préoccupations.

À partir de 2035, la vente de voitures à moteur thermique sera interdite dans toute l’Europe, avec quelques exceptions pour les marques vendant moins de 1 000 unités par an. Tous les autres constructeurs devront uniquement proposer des modèles électriques à cette date.

Cette mesure suscite une forte opposition. Des fabricants et des pays comme l’Allemagne et l’Italie se montrent réticents. Face à cette résistance, Bruxelles envisage des assouplissements. Le verdict sera rendu le 10 décembre prochain, lors d’annonces cruciales par la Commission Européenne, notamment sur l’introduction d’une nouvelle catégorie de voitures électriques inspirée des kei cars.

Bien que certains accueillent ce développement avec optimisme, d’autres, comme Aurélien de Meaux, PDG et co-fondateur d’Electra, sont inquiets. Fondée en 2021, cette entreprise française offre plus de 400 bornes de recharge à travers le pays, avec une puissance pouvant atteindre 600 kW, permettant ainsi de recharger des véhicules en 10 minutes.

Electra mise sur l’augmentation des ventes de voitures électriques et l’interdiction des véhicules thermiques pour continuer sa croissance, mais redoute un possible retournement de cette politique. De Meaux soutient que « défaire la réglementation 2035 serait une erreur », avançant trois arguments principaux.

« D’abord parce que les constructeurs européens ont intérêt à accélérer leur transition dans l’électrique pour rester compétitifs face à la Chine et au reste de l’Asie. » Il ajoute que « l’instabilité politique va ralentir la transition alors que le secteur a investi et structuré toute une filière. » Enfin, il craint que si la croissance faiblit, cela impacte négativement les investissements d’Electra et d’autres entreprises dans ce secteur, ce qui nuirait à l’économie française.

L’entreprise n’aurait manifestement aucun intérêt à soutenir les voitures thermiques, car son modèle économique repose entièrement sur les véhicules électriques. Concernant les hybrides, le fondateur se montre catégorique : « miser sur les hybrides est un leurre. C’est plus cher pour les consommateurs, et ça revient finalement à vendre des véhicules thermiques, équipés d’une petite batterie… Et puis, on le sait tous dans le secteur, les particuliers qui les conduisent roulent en électrique à peine 25 à 30 % du temps. »

Ces déclarations corroborent les résultats d’une étude de Transport & Environment, démontrant que les véhicules hybrides rechargeables (PHEV) sont nuisibles pour l’environnement. L’Allemagne envisage même d’obliger les conducteurs à recharger leurs voitures hybrides pour prolonger leur durée de vie. De Meaux est convaincu que la France excelle dans le secteur électrique, affirmant que « notre pays est l’un des meilleurs au monde en la matière ! La France dispose en effet d’une électricité abondante, décarbonée et compétitive. »

Il souligne qu’un chauffeur de taxi utilisant une voiture zéro émission peut économiser entre 300 et 400 euros par mois, tandis qu’un particulier pourrait réduire ses dépenses de 500 euros par an. Il répond également aux critiques concernant la pollution liée à la fabrication des batteries, en rappelant que « même en intégrant la fabrication des batteries, une voiture électrique en France émet 70 à 80 % de CO₂ de moins qu’une voiture thermique sur l’ensemble de son cycle de vie. » Il conclut en précisant que « nous sommes 41 % moins cher que le thermique. »