Belgique

Conséquences de l’indexation plafonnée des salaires, pensions et allocations sur votre revenu

Le gouvernement De Wever a décidé de maintenir l’indexation automatique des salaires et des allocations, tout en adaptant la méthode de calcul en 2026 et en 2028. L’indexation sera plafonnée à 4000 euros brut pour les salaires et à 2000 euros brut pour les allocations sociales.


Parmi les mesures d’économies prises par le gouvernement fédéral, l’une d’elles concerne l’indexation automatique des salaires. Au lieu de procéder à un saut d’index généralisé pour réaliser des économies, le gouvernement De Wever propose une innovation. L’indexation automatique des salaires et des allocations est maintenue, mais la méthode de calcul sera modifiée à deux reprises, d’abord en 2026 puis en 2028.

Deux seuils ont été établis : 4000 euros brut pour les salaires et 2000 euros brut pour les allocations sociales, y compris les pensions. Concrètement, lors de l’application de l’indexation automatique en 2026 et 2028, le salaire ne sera indexé que sur les premiers 4000 euros brut. Tout montant dépassant ce seuil ne sera pas indexé. Bart De Wever a décrit cela, lors d’une interview à la RTBF, comme une « correction sociale« . Il a précisé : « Si on a 4000 euros, on touche l’index sur 4000. Si on a 5000, on touche aussi l’index sur 4000. Donc, tout le monde reçoit un index. Ceux qui ont la chance de gagner leur vie, qui ont un bon salaire, ils vont recevoir un peu moins« . Par ailleurs, le vice-Premier ministre Franck Vandenbroucke (Vooruit) a souligné qu’il s’agissait d’un « effort de solidarité exceptionnel« , tandis que son collègue des Engagés, Maxime Prévot, a évoqué une « tempérance globale de l’index ».

Le montant de 4000 euros brut est légèrement supérieur au salaire médian qui, selon les derniers chiffres de Statbel, s’élève à 3728 euros pour les travailleurs à temps plein. Le salaire médian signifie que la moitié des salariés belges gagnent moins et l’autre moitié plus. On peut donc établir qu’environ la moitié des salariés belges ne seront pas affectés par le plafonnement de l’indexation à 4000 euros brut.

Ainsi, si l’inflation est de 2 %, tous les salaires jusqu’à 4000 euros brut bénéficieront d’une indexation de 2 %. Un salaire de 4000 euros brut sera ainsi augmenté de 80 euros. À l’inverse, un salaire de 5000 euros brut, qui aurait normalement dû être augmenté de 100 euros brut avec une indexation de 2 %, ne sera augmenté que de 80 euros, calculés uniquement sur les 4000 premiers euros brut. En termes nets, un salarié gagnant 5000 euros brut perdra 8,79 euros par mois.

Cette situation est similaire pour des salaires plus élevés. Que l’on gagne 6000, 7000 ou 8000 euros brut, l’indexation sera limitée à 2 % sur les premiers 4000 euros, soit une augmentation mensuelle de 80 euros brut.

Concernant les allocations sociales, la logique est identique, mais le plafond est fixé à 2000 euros, par exemple pour les pensions, ce qui dépasse légèrement le montant de la pension médiane, selon le Premier ministre.

À noter que les rémunérations des ministres et parlementaires ne seront pas indexées du tout au cours de la législature, comme l’a confirmé le gouvernement ce lundi.

### Comment cela va-t-il fonctionner ?

Deux seuils ont été fixés : 4000 euros brut pour les salaires et 2000 euros brut pour les allocations sociales, dont les pensions.

### Quel impact sur une année ?

L’économiste Philippe Defeyt a effectué des calculs. Pour un salaire brut de 5000 euros, le plafonnement de l’indexation à 2 % sur 4000 euros entraînera une perte de pouvoir d’achat d’environ 110 euros net sur une année, en incluant le double pécule de vacances et le 13e mois.

Pour un salaire brut de 6000 euros, la perte de pouvoir d’achat au cours d’une année atteindra 220 euros net.

Pour un salaire brut de 7000 euros, la perte annuelle sera de 331 euros net.

### Économie pour l’État et compétitivité accrue pour les entreprises

En limitant l’indexation au-delà de 4000 euros brut, l’État et les entités fédérées réaliseront des économies sur la masse salariale de leurs fonctionnaires.

Pour les salaires dépassant 4000 euros brut dans les entreprises, la part d’indexation perdue par les travailleurs profitera pour moitié aux caisses de l’État pour améliorer les finances publiques et pour l’autre moitié aux entreprises, permettant de renforcer leur compétitivité face à des pressions telles que la concurrence déloyale des Chinois ou encore la guerre tarifaire des Américains, comme l’a expliqué le vice-Premier ministre Maxime Prévot (Engagés).

Cependant, toutes les entreprises ne bénéficieront pas de la même manière de ce plafonnement de l’indexation. Les secteurs les plus prospères, où les salaires sont plus élevés et où la part de salariés gagnant au-dessus du salaire médian est plus importante, réaliseront des économies. En revanche, dans des secteurs tels que l’Horeca ou le commerce, où les salaires sont généralement en dessous du salaire médian, les entreprises devront continuer à indexer les salaires.

Il est également possible que dans les grandes entreprises, où la conjoncture économique permet de verser des salaires supérieurs à 4000 euros brut, certains travailleurs soient en mesure de négocier une compensation pour la perte liée à la révision de l’indexation, par exemple en obtenant des avantages extra-salariaux.

Les syndicats, quant à eux, n’avaient pas appelé à une modération de l’indexation, car l’indexation des salaires bruts permet de générer de nouvelles rentrées d’impôts et de cotisations sociales, essentielles pour le financement de l’État et de la sécurité sociale.