Belgique

Négociations sur l’Ukraine : accord possible selon le professeur Liégeois

Michel Liégeois indique que « des détails aussi fondamentaux que ceux de la nature même des concessions territoriales n’y ont pas été précisés ». Selon lui, une session de facto de territoire correspond à accorder une session temporaire à la Russie sur les territoires qu’elle a conquis, sans reconnaître une modification des frontières internationales.

Troubles notions de frontières

Quel est le contenu de ce document ? Michel Liégeois, interviewé par François Heureux, exprime ses doutes. Ni le plan en 28 points ni cette nouvelle version n’ont été détaillés. « Des détails aussi fondamentaux que ceux concernant la nature même des concessions territoriales n’y ont pas été précisés. » Pourrait-il s’agir de concessions « de facto » ou « de jure » ? « Une session de facto de territoire implique d’accorder une session temporaire à la Russie sur les territoires qu’elle a conquis, sans reconnaître pour autant une modification des frontières internationales. Cette distinction est fondamentale. » Pour Liégeois, Kiev semble disposé à négocier une cession temporaire de territoires, tandis que la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée ou le Donbass demeure une « ligne rouge » pour l’Ukraine et l’Europe. « On sent que ce sont ces zones d’incertitude où la négociation peut vraiment progresser. » Toutefois, la situation sur le terrain montre que le rapport de force militaire n’est pas en faveur des Ukrainiens en ce moment : « Ils ne peuvent pas s’accrocher à des positions de principe. »

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Des négociations « made in » Trump

Comment se déroulent ces négociations ? Elles se distinguent par leur caractère innovant, à la manière de Trump. « Normalement, on aurait organisé une grande conférence avec toutes les parties autour de la table, éventuellement un médiateur – voire l’ONU. Cela aurait pris des semaines. Ici, nous avons un plan unilatéral proposé par les États-Unis, pratiquement imposé comme un ultimatum – donc très violent. Dorénavant, nous avons une discussion bilatérale. » Une phase où Trump « met une pression maximale » sur Kiev.

L’étape suivante, selon Michel Liégeois, est déjà prévisible : « à partir du moment où Trump aura obtenu le maximum qu’il peut obtenir de l’Ukraine, il va se tourner vers Moscou. Il va leur demander de faire un effort. » Une nouvelle phase des négociations, où l’attention se portera sur le Kremlin pour une version moins défavorable à l’Ukraine (car les attentes de Kiev auront déjà été prises en compte) et où Vladimir Poutine sera invité à se prononcer. Trump, vraisemblablement, complétera cette phase par des menaces sur la Russie (sanctions internationales, rétablissement de l’aide militaire vers Kiev…).

Trump met une pression maximale sur Kiev

Une Russie demandeuse de paix ?

Il est crucial de comprendre si Moscou est prêt à engager un processus de paix. Pour Michel Liégeois, « c’est la grande question, personne ne connaît la réponse. » Toutefois, il estime qu’en raison de la dégradation de la situation économique en Russie, Moscou ne pourrait pas poursuivre sa vaste offensive pendant des mois. Selon lui et d’autres experts, conquérir l’intégralité du Donbass est un objectif réalisable, mais prendre l’ensemble du territoire ukrainien paraît beaucoup moins probable.

On approcherait peut-être d’un point où un accord pourrait être possible dans l’intérêt de Vladimir Poutine.

Une Europe sans voix

L’Europe, quant à elle, essaie de s’impliquer dans les pourparlers du côté ukrainien. Toutefois, il est évident que Donald Trump n’en tient pas compte.

L’UE, en tant qu’entité politique, est superbement ignorée par Donald Trump.

Par exemple, un point parmi les 28 est l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Un sujet sur lequel Bruxelles n’a pas été conviée à s’exprimer… « De même, en ce qui concerne la reconstruction, Donald Trump prévoit une part minimale à assurer par des entreprises américaines mais aussi une part minimale financée par l’Union européenne, tout cela sans aucune consultation. »

En Ukraine, la crainte de voir les autorités brader le pays

En Ukraine, une paix avec la Russie semble difficile à envisager. Comme l’a constaté notre correspondante Maurine Mercier en interrogeant des Ukrainiens (à écouter au début du fichier audio qui débute cet article), ils ne souhaitent en aucun cas avoir l’impression de brader leur pays ni de croire aux déclarations faites par l’ennemi russe.