Boualem Sansal ne soutient pas la méthode de son « ami » Retailleau pour Alger.
Boualem Sansal a expliqué que la position de Bruno Retailleau vis-à-vis d’Algérie avait pu être « d’une certaine manière » un obstacle à sa libération, survenue le 12 novembre après un an de détention. Emmanuel Macron avait fait de la réconciliation avec l’Algérie une des priorités diplomatiques, ponctuée notamment par sa visite à Alger à l’été 2022.
L’amitié en privé n’exclut pas les critiques en public. Lors d’une interview sur France 2 dimanche, Boualem Sansal n’a pas hésité à exprimer ses réserves concernant la position de Bruno Retailleau vis-à-vis d’Alger.
Dans sa première prise de parole médiatique depuis son retour en France, l’écrivain a reconnu que bien que l’ancien ministre de l’Intérieur soit son « ami », sa position très ferme envers l’Algérie a pu constituer « d’une certaine manière » un obstacle à sa libération, intervenue le 12 novembre après un an de détention dans ce pays.
« D’une certaine manière, oui, parce qu’il offrait à l’Algérie l’occasion de rebondir sur : « Regardez, c’est notre ennemi, ils nous détestent, etc. » Mais avec ou sans Bruno Retailleau, ils auraient réagi de la même manière avec n’importe qui », a précisé l’auteur franco-algérien.
### Macron mise sur l’apaisement avec Alger
Cependant, les deux hommes ne sont pas en désaccord. « On va se voir, probablement dans les jours qui viennent. On s’est téléphoné. C’est mon ami », a déclaré Boualem Sansal au sujet de celui qui, durant son mandat à Beauvau, a critiqué la diplomatie d’apaisement défendue par le président Macron.
Le président de la République a fait de la réconciliation avec l’Algérie une de ses priorités diplomatiques, illustrée par sa visite à Alger à l’été 2022. Toutefois, son soutien au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le territoire contesté du Sahara occidental a engendré, à l’été 2024, une crise diplomatique entre la France et l’Algérie, qui perdure. Depuis, l’incarcération de Boualem Sansal et celle du journaliste français Christophe Gleizes, toujours détenu en Algérie, ainsi que la réticence d’Alger à rapatrier ses ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), ont aggravé les relations.
Aux tensions diplomatiques s’est ajouté un bras de fer politique en France, opposant schématiquement Emmanuel Macron à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur jusqu’en octobre. Après le départ de Retailleau du gouvernement et avant même la libération de Boualem Sansal, Paris avait perçu des signaux positifs, notamment l’invitation faite par Alger au nouveau ministre, Laurent Nuñez.

