Emmanuel Macron pourrait annoncer le retour du service militaire.
Emmanuel Macron pourrait annoncer dans les prochains jours l’instauration d’un service militaire volontaire en France, un projet à l’étude depuis plusieurs mois. Le ministère des Armées n’a pas souhaité s’exprimer sur les contours de ce service et sa durée, tout comme son coût.
Dans un monde « fait d’incertitudes », marqué par un conflit en Europe, Emmanuel Macron pourrait annoncer dans les jours à venir l’instauration d’un service militaire volontaire en France, une initiative à l’étude depuis plusieurs mois.
Jeudi est envisagé pour des annonces présidentielles, bien que cela n’ait pas été confirmé officiellement, selon plusieurs sources concordantes.
« Dans le monde où nous vivons fait d’incertitudes, d’une montée des tensions, si nous voulons véritablement être en sécurité, il faut dissuader l’autre de venir (…) La France doit continuer d’être une nation forte avec une armée forte mais avec aussi une capacité de sursaut collectif », a déclaré samedi le président, en marge du G20 à Johannesburg, en Afrique du Sud.
De nombreux pays voisins en Europe réintroduisent un service national.
Alors que les nations scandinaves ou baltes, voisines de la Russie, ont maintenu ou restauré ces dernières années le service militaire obligatoire, la France a suspendu la conscription en 1997, sous la présidence de Jacques Chirac.
« De nombreux voisins en Europe sont en train de réintroduire un service national », a souligné samedi sur France 5 le chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, ajoutant que cela faisait partie des « éléments qui sont à observer dans notre pays ».
Emmanuel Macron a introduit l’idée d’un service volontaire le 13 juillet devant des hauts gradés. Face à une Europe « mise en danger » par la « menace durable » de la Russie, il a déclaré qu’il était nécessaire d’avoir une nation capable de tenir et de se mobiliser.
En plus des « efforts sur notre réserve », il faut aussi « donner à la jeunesse un nouveau cadre pour servir, selon d’autres modalités, au sein de nos armées », a-t-il promis, en annonçant des « décisions en ce sens à l’automne ».
Interrogé par l’AFP, le ministère des Armées n’a pas voulu commenter les détails concernant ce service, sa durée ou son coût. Alice Rufo, ministre déléguée aux Armées, a simplement mentionné qu’il y avait des « travaux en ce sens ». « Les arbitrages n’ont pas été rendus », a précisé une source proche du dossier à l’AFP.
### Jusqu’à 50.000 jeunes par an
Différents scénarios envisagent un volume de 10.000 à 50.000 personnes par an, selon plusieurs sources proches du dossier. Plusieurs médias français rapportent que la durée de ce service volontaire serait de 10 mois et serait rémunérée à hauteur de plusieurs centaines d’euros.
La Revue nationale stratégique 2025, qui résume les ambitions de la France en matière de défense et de sécurité, indique que la mise en place d’un service militaire volontaire « rénové » viserait à « renforcer la cohésion nationale » et à « créer un réservoir de personnes mobilisables en cas de crise ».
Les armées françaises comptent environ 200.000 militaires d’active et 47.000 réservistes, et devraient atteindre respectivement 210.000 et 80.000 personnes d’ici 2030.
La mobilisation sur une base volontaire d’une partie d’une classe d’âge pourrait aider à répondre aux besoins d' »acquérir la masse » nécessaire pour tenir dans la durée en cas de conflit, a déclaré cet été le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre.
L’idée est bien accueillie par une partie de la classe politique française. « Tout ce qui peut participer à l’esprit de défense, à la résilience nationale et à exprimer le sentiment patriotique qui sommeille dans la population est positif », a affirmé dans la Tribune dimanche le président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, Cédric Perrin (Les Républicains).
À l’extrême droite, le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, s’est déclaré mercredi sur X « favorable » au rétablissement d’un service sous les drapeaux « en commençant par un service militaire ouvert aux volontaires ».
Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, reste plus prudent. « Je suis très prudent en la matière (…) Je crois à l’armée de métier aujourd’hui. Après, si les jeunes veulent s’engager pour la nation, naturellement, j’y suis favorable », a-t-il confié dimanche à France 3.
Les arbitrages attendus pourraient également concerner l’avenir incertain du service national universel (SNU) destiné aux mineurs de 15 à 17 ans. Ce service civil, lancé en 2019 et dont les crédits ont été depuis réduits, n’a jamais véritablement pris son envol, consistant essentiellement en un stage de cohésion de deux semaines.

