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Covid-19 : une enquête révèle des milliers de morts évitables en Angleterre

Quelque 23.000 décès auraient pu être évités en Angleterre si le premier confinement au début de la pandémie de Covid-19 avait été instauré plus tôt, selon les conclusions d’une enquête publique. Un premier confinement obligatoire a été instauré le 23 mars, trois mois environ après le début de l’épidémie, qui a démarré en Chine avant de gagner le reste du monde.


Environ 23 000 décès auraient pu être évités en Angleterre si le premier confinement, au début de la pandémie de Covid-19, avait été instauré plus tôt, selon les conclusions d’une enquête publique qui critique le « chaos » au sein du gouvernement de Boris Johnson. Le Royaume-Uni a connu l’un des bilans les plus lourds d’Europe, avec environ 226 000 décès.

Alors que le virus se répandait à l’échelle mondiale, les autorités britanniques, en particulier l’exécutif dirigé par le Premier ministre conservateur Boris Johnson, n’ont pris la situation au sérieux que « trop tard », selon le rapport publié jeudi. « Ce manque d’urgence et l’énorme augmentation des infections ont rendu un confinement inévitable. Il aurait dû être instauré une semaine plus tôt. Des modélisations montrent que rien qu’en Angleterre, il y aurait eu approximativement 23 000 morts en moins lors de la première vague » de la pandémie, entre mars et juillet 2020, indique le rapport.

Il s’agit du deuxième rapport publié dans le cadre de l’enquête publique chargée d’évaluer la gestion de la pandémie par les autorités britanniques. Un groupe de proches des victimes du Covid-19 a réagi en déclarant dans un message vidéo : « Les conclusions de l’enquête sont claires (…) et il est bouleversant de penser aux vies qui auraient pu être sauvées sous un autre Premier ministre. »

Un premier confinement obligatoire a été instauré le 23 mars, soit environ trois mois après le début de l’épidémie, qui a débuté en Chine avant de se propager dans le reste du monde. L’actuel Premier ministre travailliste, Keir Starmer, a promis de « l’examiner attentivement » et a affirmé que des « améliorations » avaient été apportées aux protocoles gouvernementaux en cas de crise majeure.

Le rapport pointe spécifiquement la responsabilité du gouvernement alors en place, jugé trop « optimiste » au début de 2020. Il ajoute que l’attitude de Boris Johnson, Premier ministre de 2019 à 2022, a « sapé le message sérieux » qu’il était censé transmettre à la population. « La crise, qui s’aggravait clairement, exigeait un leadership au plus haut niveau » de l’État, a souligné Heather Hallet, présidente de l’enquête.

Il aurait dû être évident dès la fin janvier que « le virus représentait une menace grave et immédiate ». Le mois de février 2020 a été « un mois de perdu », marqué par de nombreux revirements, et le manque de réaction du gouvernement a été qualifié d' »inexcusable ». Cette enquête estime également qu’une culture « toxique et chaotique » à Downing Street au début de la pandémie a nui à une « prise de décision intelligente ».

Le manque de moyens alloués au dépistage, par exemple, a empêché les autorités de « réellement comprendre la propagation du virus », entraînant des « conséquences désastreuses ». De plus, les fêtes organisées à la résidence du Premier ministre – le « partygate », qui a ensuite contribué à la chute de Boris Johnson – ont « affaibli la confiance du public dans les décisions officielles » et accru le risque de non-respect des règles de confinement par la population.

En décembre 2023, l’ancien chef du gouvernement a reconnu devant la commission d’enquête publique qu’il aurait dû saisir la gravité de la crise « beaucoup plus tôt » et a présenté des excuses aux familles des victimes. « L’erreur est humaine. Mais refuser d’écouter les travailleurs en première ligne (face au virus), les personnes vulnérables, les avis des dirigeants des nations britanniques ou des experts scientifiques est impardonnable », ont accusé ces derniers jeudi dernier.