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COP30 ou G20 : quelle réunion internationale n’a pas été utile ?

Le G20 a adopté une déclaration finale qui ne mentionne pas la lutte contre les inégalités, tout en soulignant l’« impératif » de s’attaquer aux « disparités de richesse et de développement, tant au sein des pays qu’entre eux ». La COP30 a lancé une « initiative volontaire » pour la réduction de la pollution carbone, visant à limiter le réchauffement climatique à + 1,5°C par rapport au XIXe siècle.


Johannesburg ou Belém ? Le forum intergouvernemental ou la conférence des Nations unies sur le changement climatique ? En résumé et en acronyme, le G20 ou la COP30. Ces deux événements internationaux se sont terminés samedi avec des bilans… mitigés.

Destiné à traiter les grands problèmes mondiaux et à rassembler les 20 plus grandes puissances étatiques pour y remédier, le G20 a produit une déclaration peu convaincante. Les États-Unis avaient choisi de ne pas se déplacer en Afrique du Sud. Pire, Donald Trump a capté toute l’attention en annonçant, durant le G20, un projet d’accord de paix pour l’Ukraine qui a concentré l’attention des diplomates présents.

### Désaccord et effort commun

Au Brésil, l’urgence climatique n’a pas poussé les pays réunis à faire des choix courageux. Le principal obstacle à un accord ambitieux a été l’incapacité à désigner la « sortie des énergies fossiles » comme une condition incontournable. Néanmoins, la déclaration finale a été intitulée « texte du mutirão », un terme à connotation autochtone tupi-guarani signifiant « effort collectif » qui était censé illustrer l’esprit de négociation défendu par la présidence brésilienne.

Dans ce cadre, les conclusions du G20 en matière de diplomatie et celles de la COP30 pour lutter contre le dérèglement climatique apparaissent comme peu significatives. Pour évaluer laquelle de ces deux réunions a été la plus utile (ou inutile), voici un résumé des avancées réalisées, nécessitant un regard critique et un optimisme à toute épreuve pour y déceler de vraies décisions.

### Les principaux « acquis » de la COP30 au Brésil

1. La COP30 adopte le lancement d’une « initiative volontaire » pour les pays souhaitant collaborer à une réduction accrue de leur pollution carbone afin de limiter le réchauffement climatique à + 1,5°C par rapport au XIXe siècle.
2. Le mutirão exige aussi d’« au moins tripler » en dix ans l’aide financière pour l’adaptation climatique des pays en développement à l’horizon 2035, par rapport à l’objectif annuel de 40 milliards par an pour 2025. Cela servira, par exemple, à rehausser les routes, renforcer les bâtiments contre les tempêtes, et aider les agricultures à se préparer aux sécheresses.
3. Pour la première fois, les tensions commerciales mondiales seront l’objet d’un « dialogue » pendant trois ans dans le cadre des négociations climatiques. Cette nouveauté est perçue comme une victoire politique recherchée par la Chine, qui tente depuis longtemps, avec d’autres pays émergents comme l’Inde, de contester au sein des COP les barrières commerciales environnementales, notamment la taxe carbone aux frontières de l’Union européenne.
4. En dehors des décisions officielles de la COP, le Brésil a lancé un fonds innovant pour la protection des forêts : il sera investi sur les marchés et les gains serviront à rémunérer les contributeurs et les pays en développement, proportionnellement au nombre d’hectares de forêts véritablement préservées.

### Les principaux points à retenir de la déclaration des dirigeants du G20

1. Alors que de nombreux pays redoublent d’efforts pour sécuriser leur approvisionnement en minerais dits stratégiques, les dirigeants du G20 affirment vouloir mieux le protéger des chocs, notamment géopolitiques ou commerciaux. Les restrictions imposées par Pékin sur ses exportations de terres rares ont mis en lumière la dépendance de nombreux pays vis-à-vis de ces ressources essentielles à la transition énergétique, notamment pour les batteries de voitures électriques, les éoliennes, et divers produits électroniques comme les puces servant à l’intelligence artificielle.
2. Les dirigeants du G20 réagissent face aux conflits mondiaux en appelant à une « paix juste, complète et durable » en Ukraine, mais aussi au Soudan, en République démocratique du Congo et dans « les territoires occupés palestiniens ». Ils demandent aux États de « s’abstenir de la menace ou de l’usage de la force pour gagner des territoires » au détriment de la souveraineté d’un autre État.
3. L’Afrique du Sud a placé la lutte contre les inégalités au cœur de son G20, prônant la création d’un panel international sur ce sujet. La déclaration n’en fait cependant pas mention. Elle souligne toutefois l’« impératif » de s’attaquer aux « disparités de richesse et de développement, tant à l’intérieur des pays qu’entre eux ». Les dirigeants ont également plaidé pour une réforme du système financier international afin d’aider les pays à faibles revenus à faire face au remboursement de leur dette, ce qui limite leur capacité d’investissement dans les infrastructures, la santé, et l’éducation.
4. Adoptée le jour même de la conclusion des négociations climatiques de la COP30 au Brésil, la déclaration insiste sur la nécessité d’« augmenter rapidement et substantiellement » les financements climatiques, pour passer « de milliards à des milliers de milliards à l’échelle mondiale et provenant de toutes les sources ». Elle met également en exergue les inégalités d’accès à l’énergie, en particulier en Afrique, et appelle à accroître, sécuriser et diversifier les investissements vers des sources d’énergie durables.