Ras-le-bol face à la dégradation du Palais de justice de Verviers
Le procureur du Roi de Liège, Damien Leboutte, a déclaré que l’aile visitée est à l’abandon depuis plus de 10 ans et qu’elle est dans un état déplorable, avec des étançons soutenant les plafonds en raison de la menace sur la stabilité de l’endroit. La Régie des bâtiments a annoncé qu’un projet de rénovation pourrait nécessiter un budget total de 42 millions d’euros, mais que les fonds nécessaires ne sont pas encore disponibles.
« Je pense que l’on est allé trop loin dans la dégradation des lieux ». Le procureur du Roi de Liège, Damien Leboutte, est choqué par l’état constaté dans l’aile condamnée du palais de justice. Ce lieu est laissé à l’abandon, sans entretien adéquat ni protection. « C’est désolant, ce sont des salles d’audience magnifiques. Elles avaient été totalement refaites. Je ne m’attendais pas à ça. On m’avait prévenu, mais je ne m’attendais pas, à ce point-là, à cet état de délabrement. C’est juste effarant », déclare-t-il en parcourant cet espace déserté depuis plus de 10 ans.

Cette aile est en effet dans un état lamentable. Des étançons soutiennent les plafonds dont la stabilité est compromise. Au sol, le mobilier de bureau et les bancs ont été laissés à l’abandon. Des pigeons ont pu entrer, et le lieu est recouvert de fientes avec des cadavres d’oiseaux visibles par endroits. « Je pense qu’aujourd’hui, je suis plutôt dans le dépit que dans la colère, même si j’en ai encore de temps en temps un petit accès de colère », réagit Damien Leboutte.

Pour Damien Leboutte, le manque d’attention accordé à l’intérieur du bâtiment et à la protection du matériel entraîne des coûts importants, évoquant même un gaspillage d’argent public. « Ça ne sera pas le premier. Mais c’est déplorable. Il y a 10 ans, j’étais toujours à Verviers et j’allais déjà aux réunions où on discutait de ce qu’il fallait faire. Aujourd’hui, on n’a rien fait et on en est là ». Le palais n’a plus de toit (une solution temporaire est en cours d’étude), des pierres ont été enlevées, la façade nécessite un soutien et les étançons engendrent des dépenses pour la justice.
Le nouveau tribunal suit la même trajectoire

L’ancien et le nouveau palais de justice sont accolés. Une partie de l’ancien bâtiment est toujours utilisée, ce qui a nécessité la construction d’un couloir provisoire reliant les deux. « Il y a des risques de chutes de pierres du bâtiment et donc l’idée c’est de pouvoir protéger la traversée, puisqu’on ne peut plus circuler à l’intérieur vu qu’une partie de l’ancien palais est en morceaux, » précise le procureur Damien Leboutte.
Pire encore, le nouveau palais de justice, situé à côté de l’ancien, présente des signes de déstabilisation. Les murs ont bougé, certaines fenêtres également. Celles-ci sont désormais fixées avec des équerres métalliques et du scotch pour éviter qu’elles ne tombent, rendant leur ouverture impossible. « En été, c’est un four, il fait vite plus de 30 degrés, » confie une substitut. De plus, cette aile plus récente ne possède quasiment plus de toilettes et les bureaux sont surchargés.
Quelle image de la justice pour le justiciable
Pour la justice, la situation est intolérable. « Ce sont des conditions inacceptables et on ne se plaint pas que des conditions de travail, on pense aussi au justiciable qui vient ici. Quelle image de la justice. Les gens tombent sur un palais en mauvais état avec des étançons, ils doivent attendre dans des pièces minuscules, pas prévues à cet effet, doivent circuler dans des couloirs provisoires qui débouchent au milieu de toilettes. C’est déplorable. »
42 millions pour des études et des rénovations, à condition d’avoir les fonds
Nous avons interrogé le gestionnaire du palais de Verviers, la Régie des bâtiments. Son administrateur général, Laurent Vrijdaghs, comprend le ras-le-bol exprimé par la justice. « On pourrait avoir la même colère, les moyens budgétaires sont aussi compliqués pour la Magistrature que pour la Régie ». Il rappelle que des travaux ont déjà été réalisés et indique qu’un projet plus ambitieux est en cours de préparation. « Il y a quand même 4 millions d’euros d’études et 38 millions de travaux qui sont envisagés. Vous connaissez les conditions budgétaires de l’État fédéral, ça fait un total de 42 millions d’euros pour lesquels aujourd’hui nous n’avons toujours pas le premier euro. » Si le financement est accordé, les études pourraient débuter en 2029. L’avenir de la justice à Verviers dépend donc des décisions du gouvernement fédéral.

