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Le plan américain pour l’Ukraine prévoit de fortes concessions à la Russie.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a plaidé jeudi en faveur d’une « paix digne » alors que les Etats-Unis ont présenté un plan qui prévoit que Kiev cède à la Russie les régions de Donetsk et Lougansk. Le projet prévoit que l’armée ukrainienne serait limitée à 600.000 militaires et que des avions de combat européens seraient basés en Pologne.


Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a plaidé jeudi en faveur d’une « paix digne », alors que les États-Unis ont présenté un plan, consulté par l’AFP, qui prévoit notamment que Kiev cède à la Russie les régions de Donetsk et Lougansk, situées à l’est. Ces deux régions, que Moscou revendique, ainsi que la Crimée annexée en 2014, seraient « reconnues de facto comme russes, y compris par les États-Unis », selon ce projet de règlement du conflit.

Kiev devrait aussi s’engager à ne jamais rejoindre l’Otan et n’obtiendrait pas de forces de maintien de la paix, bien que le plan prévoit la présence d’avions de combat européens en Pologne pour protéger le pays. Un responsable américain a affirmé jeudi que le plan définissait des garanties de sécurité de la part de Washington et de ses alliés européens, ressemblant à celles de l’Otan en cas de future attaque, confirmant ainsi des informations de la presse. La Maison Blanche a précisé que les discussions autour de ce plan étaient encore en cours, alors que l’armée ukrainienne, moins nombreuse et moins équipée, peine à résister à l’avancée russe sur le front.

Selon le projet en 28 points, deux autres régions au sud seraient partagées selon le tracé de la ligne de front actuelle : celles de Kherson et de Zaporijjia, où une frappe russe a fait au moins cinq morts et plusieurs blessés jeudi soir, d’après les secours. Toujours selon ce texte, l’armée ukrainienne se retirerait de la partie de la région de Donetsk qu’elle contrôle, laquelle deviendrait une zone tampon démilitarisée sous contrôle russe.

Si le projet était accepté en l’état, Kiev renoncerait à adhérer à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) et inscrirait cet engagement dans sa Constitution. De son côté, l’alliance exclurait de ses statuts toute adhésion future de l’Ukraine, ce qui constitue également une revendication majeure de la Russie.

Le projet stipule que l’armée ukrainienne serait limitée à 600 000 militaires, que l’Otan s’engagerait à ne pas stationner de troupes en Ukraine et que des avions de combat européens seraient basés en Pologne. L’Ukraine désire une « paix digne, afin que les conditions soient respectueuses de notre indépendance, de notre souveraineté et de la dignité du peuple ukrainien », a déclaré plus tôt Volodymyr Zelensky lors de son adresse quotidienne diffusée sur les réseaux sociaux. Il prévoit de discuter « dans les prochains jours » avec son homologue américain, Donald Trump.

« Le président (Trump) soutient ce plan. C’est un bon plan tant pour la Russie que pour l’Ukraine et nous pensons qu’il est acceptable pour les deux parties », a affirmé jeudi la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt. Elle a insisté sur le fait que Washington a autant discuté avec les Ukrainiens qu’avec les Russes, après que des voix se sont élevées du côté ukrainien pour dénoncer des propositions alignées sur les exigences de Moscou.

Un haut responsable américain a souligné auprès de l’AFP que Kiev avait demandé à modifier un point du plan, qui prévoyait un « audit » sur l’aide reçue par le pays et des sanctions en cas de détournement, alors que l’Ukraine est en proie à un grave scandale de corruption. Dans la version consultée par l’AFP, cette notion d’audit a disparu, remplacée par la promesse que « toutes les parties impliquées dans ce conflit recevront une amnistie complète pour leurs actions durant la guerre. » Le plan soutenu par les Américains prévoit la signature d’un « accord de non-agression » entre la Russie, l’Ukraine et l’Europe. Kiev serait « éligible » à l’adhésion à l’Union européenne.

Si la Russie devait envahir à nouveau l’Ukraine, elle ferait face, selon ce projet de plan, à une réponse militaire « coordonnée » et se verrait à nouveau soumise à des sanctions internationales. La proposition en 28 points vue par l’AFP inclut également un plan de reconstruction et la tenue d’élections dans le pays sous 100 jours. Le projet prévoit que les efforts de reconstruction entrepris par les États-Unis soient financés à hauteur de 100 milliards de dollars par des avoirs russes actuellement gelés. La centrale nucléaire de Zaporijjia serait relancée sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et sa production d’électricité serait répartie pour 50 % à l’Ukraine et 50 % à la Russie. La mise en œuvre de ces 28 points serait surveillée par un « conseil de paix » présidé par Donald Trump.